Désordre urbain à Yaoundé : des trottoirs érigés en patrimoine privé

Ces espaces publics sont mis en location par des individus sans scrupule.

Un trottoir privatisé à Mvog-Mbi

Nkolndongo, Mvog-Mbi, Mvog-Atangana-Mballa… Dans le 4e arrondissement de Yaoundé, les trottoirs sont des véritables sources de revenus pour plusieurs personnes, surtout les natifs du coin. De très bonne heure, à 5 heures 30 ce mercredi 18 octobre, dame Toutou se rend à Mvog-Mbi, lieu-dit «Ancienne ampoule rouge». L’objet de sa venue est connu par les vendeurs: percevoir un loyer. Lequel ? Se pose-t-on la question. La réponse est négative. C’est en réalité le trottoir situé juste devant les vieilles bâtisses laissées par son défunt mari. «C’est grâce à cet argent que je fais la cuisine tous les jours, sans oublier les petites cotisations», explique la veuve. Sur un couloir d’environ 15 mètres après les poissonneries, la mère de famille dit avoir 17 locataires. Chacun est sommé de verser 300 FCFA par jour afin d’occuper l’espace et installer sa marchandise. Les cas de cette veuve est loin d’être isolé.

Nocturne
Du côté de la pharmacie Mvog Atangana-Mballa, papa Mballa est un «bailleur de nuit». C’est un véritable travail que le sexagénaire mène, dès la tombée de la nuit jusqu’au matin. Ses locataires sont les dames venues des brousses environnantes de Yaoundé (Ngomedzap, Akono, Metet ou Ndangueng) pour vendre les vivres et légumes frais. Il y a également les commerçantes en provenance des marchés Accacia ou Mendong (Yaoundé 6). De 18 heures à 7 heures du matin, il perçoit son loyer. Un pickup verse la somme de 1000 FCFA pour décharger la marchandise. Au-delà de 30 minutes, d’autres taxes s’ajoutent. La réputation de ce vieillard n’est plus à démontrer. Dès 18 heures, c’est le nom le plus prononcé à Mvog Atangana-Mballa. «Papa Dur», son deuxième nom, avec son vieux blouson western marron au corps, une cigarette à la main, sans oublier son breuvage en sachet, effectue des va-et-vient durant la nuit pour percevoir son loyer.

Grande enseigne
À Mokolo, Abdou, réparateur de réchauds, débourse 15000 FCFA chaque mois pour occuper sa place de VIP. Ce trottoir situé juste à l’entrée d’un grand magasin est très couru. «Je paye ce loyer que je trouve normal, parce que j’ai la possibilité d’avoir plus de clients que mes frères. Plus encore, la maison me sollicite s’il y’a une machine qui dérange, ou lorsqu’un client a des difficultés avec ses appareils. Donc, verser le loyer au gérant ne me dérange pas», se satisfait le débrouillard.

André Gromyko Balla

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