Débrouillardise : Les sachets d’eau trouvent une seconde vie
À Yaoundé, des emballages plastiques usagés sont transformés en objets décoratifs par des mains expertes.
En cherchant son gagne-pain quotidien, Mama Anne 50 ans révolu, sans le savoir donne une nouvelle vie aux sachets d’eau de 50 FCFA à travers sa pépinière de fleurs dans la capitale politique camerounaise. Pour cette quinquagénaire écologiste de fortune, «tout a commencé quand j’ai compris que je pouvais gagner beaucoup d’argent parce que je n’achète pas les emballages», a déclaré la Dame.
Cette dernière dont la petite structure borde les murs de l’enseigne de carrefour en construction en face du Palais des sports dans le deuxième arrondissement de Yaoundé se plaît dans son activité. «Elle m’apporte beaucoup sur le plan financier, et me rend plus indépendante», assure cette dernière.
Process
Ce jeudi 22 juillet, elle tient à expliquer comment est-ce qu’elle procède pour obtenir des résultats. Pour celle-ci, tout commence très tôt le matin. Dès 5h30, elle se rend dans les marchés voisins de sa petite unité, notamment ceux de la Briqueterie, de Tsinga, en passant par l’école de police et parfois de Mokolo. C’est la chasse aux emballages plastiques d’eau de 50 FCFA. Ce ramassage se déroule avant que les agents municipaux ne fassent le nettoyage et que les commerçants n’ouvrent leurs étals. À la fin du ramassage, «je dois avoir entre 200 et 300 emballages par jour pour commencer le travail». La seconde étape consiste à les acheminer dans son entreprise. Puis, «je procède à la mise en forme, qui consiste à les ouvrir là où ils ont été percés par les buveurs à l’aide d’une lame». Une fois cela fait, il faut selon elle obtenir des pots. C’est l’étape d’ensachage. «Nous mettons la terre dans les sachets et nous reprenons la lame une seconde fois. Elle nous permet de tracer quatre lignes qui favorisent l’écoulement de l’eau», affirme la fleuriste.
Viabilité
Pour cette opératrice, ces plastiques sont non seulement économiques pour la consommation de la terre. «Je mets la moitié de la terre que je dois mettre dans les plastiques noirs qu’on nous vend», dit-elle. Plus encore, ils sont très résistants. «Les plastiques agricoles se déchirent très souvent et on se retrouve avec beaucoup de pertes», poursuit Mama Anna.
Dans ce petit paradis vert, l’environnementaliste se plaît à présenter les variétés de fleurs sans produits chimiques se trouvant dans ces emballages d’eau en plastique. Nous pouvons voir des espèces comme le Duranta, les bordurettes, les Luxora, les caprices de Dame, les tins bleus, blancs et violets, la liste n’est pas exhaustive. La jardinière dit bien gagner sa vie. «Quand il y avait la clientèle avant le coronavirus, je vendais entre 5000 et 10.000 FCFA par jour. Aujourd’hui il y a des jours où je ne vends pas comme la veille», ajoute la botaniste.
Difficultés
La jardinière évoque globalement deux difficultés, notamment celle lie à l’acquisition de l’eau pour l’arrosage. «En saison sèche, j’ai les problèmes pour aller chercher de l’eau surtout quand il y a les laveurs de moto. Il faut descendre et entrer dans le tunnel pour la puiser», ajoute Mama Anna. La deuxième est que la Communauté urbaine doit les déplacer pour la SCDP Nsam, parce que les clients devront s’adapter.
André Balla Onana