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Danielle Nlate, présidente du Refac : «Il faut que les responsables de nos institutions nous soutiennent réellement»

Après 13 éditions, la promotrice de la Foire transfrontalière annuelle de l’Afrique Centrale (Fotrac) s’affaire à favoriser l’ouverture des barrières psychologiques, matérielles et financières, afin de promouvoir l’intégration socio-économique et culturelle des peuples africains.

Nous sommes au dernier virage de la 13ème édition de la (Fotrac) qui a débuté le 28 juillet dernier et dont le rideau se referme le 6 août 2022. Quel bilan pouvez-vous faire sur les activités de cette cérémonie ?
Le bilan est souvent difficile à dresser à chaud pour nous les organisateurs. Nous préférons d’abord recueillir les avis des uns et des autres. Et à ce qu’il paraît, la masse est satisfaite des innovations, à savoir les activités menées de plain-pied en Guinée Equatoriale et la possibilité pour toutes les délégations, plus de deux cents personnes, d’aller et venir; circuler librement étant notre objectif, et à mener les activités telles que la grande conférence très courue au Palais des Congrès d’Ebibeyin et l’élection Miss intégration dans le prestigieux hôtel «Inmaculada».

La Miss intégration sous-régionale et ambassadrice de paix, qui a connu la participation de quelques nationalités; la cohésion entre les participants et les échanges bien nourris, bien diversifiés et édifiants pour la masse sur la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf); et aussi sur la nouvelle Stratégie nationale de développement (SND30) puisque la stratégie pour le développement nous intéresse. La recherche sur le financement, les connaissances sur la gestion des micro entreprises, ont été octroyées aux femmes qui ont largement apprécié. Ces nombreuses délégations venues de différents pays, même par voie routière, la présence massive des ressortissants de l’Afrique de l’ouest, du Sénégal, Côte d’Ivoire, Benin, Togo, Mali, nous ont confortés dans l’idée d’avancer.

Quels sont les manquements, voire les difficultés observées au cours de l’évènement ? Et quelles sont les perspectives?
Je dirais que rien n’est parfait dans la vie. Et puis dans une vision, il y a des objectifs. La question est de savoir si les objectifs sont atteints. Je dirai oui, tout le monde ne peut pas être satisfait au même degré et il y aura toujours des mécontents. Quel que soit ce que vous faites, ce qu’on vous donne, ce que la nature nous donne, il y aura toujours des mécontents. À partir de là, nous évaluons quand-même avec vous les journalistes parce qu’il faut prendre en compte d’autres regards que le nôtre. Et nous dire qu’il y a des questions politiques ou administratives qui peuvent amener l’organisation à peiner, mais qu’à cela ne tienne nous sommes habitués. Je vais souligner à ce niveau que les responsables en charge des projets de nos institutions ne cherchent pas à plagier et à spolier les actions de la société civile et qu’ils nous soutiennent réellement. Nous savons que rien n’est donné ou acquis, mais tout est bataille. Il faut foncer. C’est pour cela qu’après 13 éditions nous devons continuer d’ouvrir ces barrières psychologiques, matérielles et financières. Essayer de susciter la cohésion entre les différents peuples, ainsi que l’intégration socio-économique et culturelle. Vous voyez bien que la culture fait partie des activités et axes d’intervention.

La Fotrac sous-entend l’intégration de l’Afrique centrale. Mais l’Afrique de l’ouest est fortement représentée à l’instar du Sénégal, du Togo, du Mali. Quel est l’objectif du Réseau des femmes actives de l’Afrique en étendant son rayonnement en Afrique ?
Nous poursuivons les objectifs d’une organisation continentale. C’est une ambition qui dure depuis longtemps déjà, dès la genèse. Il fallait commencer quelque part, de la Cemac à la Ceeac et puis à la Cedeao. Et puis nous avons déjà un bureau en Tanzanie, en Afrique de l’est, et nous poursuivons le travail de manière à couvrir l’espace continental puisque j’ai eu l’honneur d’être désignée comme point focal du Cameroun à la Zlecaf. Je pense que le travail sera beaucoup plus facilité encore. Parce que nous aurons la possibilité de rencontrer plus de personnes venant des autres pays enfin de leur inoculer le virus de l’intégration régionale et continentale.

Les délégations étrangères ont connu des tracasseries au niveau des quinzaines de postes de contrôle au Cameroun. On leur demandait de monnayer pour circuler. Qu’est-ce qui explique la difficulté de la libre circulation sur le territoire, pourtant le pays est au cœur des échanges dans la sous-région Cemac?
Il faut noter que la libre circulation sur les textes est intégrale. Étant donné que nous avons les décisions et les actes de nos chefs d’Etat. Le travail que nous faisons à la base et avec le soutien des médias c’est de pouvoir relayer l’information pour que les gens puissent être édifiés sur tout ce qui a été mis comme outil pour que nous puissions avancer dans ce processus d’intégration et de libre circulation. Les chefs d’Etat ont fait leur travail, maintenant il revient aux populations de s’approprier ces outils. On a les textes, et c’est avec ces textes que le Réseau des Femmes actives de l’Afrique centrale (Refac) réussit parce qu’au niveau de la douane, nous savons comment nous comporter. Le transit frontalier, nous savons comment nous tenir, d’ailleurs, ceux qui ont eu des tracasseries au poste frontalier de Ntam du Congo-Cameroun étaient déjà informés et n’ont pas graissé la patte. D’où la nuit blanche. C’est des violences observées et le Refac a pour objectif de lutter contre les violences et prévenir les conflits. D’où l’objet de la conférence sur la paix à Ebibeyin.

À votre niveau, qu’est-ce qui est envisagé pour les prochaines éditions de la Fotrac en particulier et pour la circulation des échanges des biens et des personnes en général ?
Nous en tant que société civile devons travailler avec les autorités. Et c’est aussi la raison pour laquelle nous réussissons à aller en Guinée Équatoriale en masse, parce qu’il y a une certaine confiance établie. Nous savons aussi que la sous-région est en proie aux attaques terroristes, les incursions des groupes armés et tout cela, donc la paix est menacée. Nous n’allons pas reprocher aux pays, aux gouvernants, de contrôler le flux des personnes, parce que des personnes malveillantes peuvent glisser dans la masse pour causer des dégâts. Donc pour pallier le blocage de la libre circulation, nous devons renforcer les liens de collaboration, de coopération transfrontalière avec les autorités des différents pays. Comme dernier mot, je demande aux autorités de soutenir cette activité qui n’est plus seulement une activité des femmes. Vous avez vu les jeunes fortement représentés, les hommes également. Sans exclure les administrations et institutions qu’elles soient locales, nationales, régionales, sous-régionales et continentales. Donc, il est question de trouver les moyens pour accompagner l’initiative.

Propos recueillis par Patrick Landry Amouguy

et Olivier Mbessité, envoyés spéciaux à Kyé-Ossi

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