Corruption, restriction des libertés et du droit de vote… Dynamique Citoyenne met le doigt dans le brasier camerounais
L’organisation non gouvernementale propose une palette d’idées capables, selon elle, d’éradiquer ces fléaux.
Pour une conférence de presse donnée en son siège, sis au quartier Anguissa (Yaoundé IV), Dynamique Citoyenne (DC) choisit, ce 9 décembre 2018, de parler sur fond d’anniversaire. «C’est en effet le 9 décembre 2005 que nous naissions avec pour ambition de traiter de certaines questions sous l’angle des attentes des Camerounais de bon sens», introduit d’emblée Jean-Marc Bikoko. Ce jour, le président cite, en version abrégée, la raison d’être de l’ONG qu’il dirige: «le combat contre les travers de la démocratie».
Aux journalistes, l’intitulé de la conférence de presse est présenté de façon dramatique : «le brasier de la corruption, de la restriction des libertés publiques et de droit de vote». Selon DC, la situation actuelle demande une réflexion profonde et partagée. «À l’allure où vont les choses, s’alarme Jean-Marc Bikoko, cela impose un débat sans précédent au Cameroun». Ce 9 décembre encore, son organisation se pose en lanceur d’alerte sur «des thématiques inquiétantes».
Parmi celles-ci, il y a la corruption. «Dans notre pays, elle a vocation à éroder sans fin les revenus du travail et à détruire tous les outils redistributifs, en particulier les services publics, sous prétexte d’ouverture à la concurrence d’une part, de maîtrise des dépenses publiques et de résorption de la dette d’autre part», estime DC. L’ONG dit ne pas comprendre la non-application de l’article 66 de la Constitution adoptée depuis 1996, d’où l’appel lancé vers Paul Biya, «pour qu’il daigne enfin signer le décret d’application de ce texte dans les brefs délais».
Concernant la restriction des libertés publiques, DC se sert du pouls vivant de l’actualité nationale. «Arrestations, interdictions de manifester et brutalisations des citoyens sont le lot quotidien», énumère Jean-Marc Bikoko. À l’en croire, chaque jour, DC est sidérée que les Camerounais ne savourent pas les beautés de la démocratie. «Depuis 1992, dit-il, le droit de vote est confisqué à l’aide des pratiques que l’on croyait exterminées depuis». Tout en martelant que «la démocratie est un état fragile, instable, toujours confronté à des défis», le président de DC pense que pour les scrutins de 2019 au Cameroun, le pays doit s’arrimer à l’évolution technologique et en finir avec les pesanteurs géopolitiques (Code électoral au service des gouvernants, non-respect du vote des citoyens et arrestations arbitraires).
Jean-René Meva’a Amougou