Coopération : Paul Biya assume sa préférence pour l’Asie
En réponse aux vœux de Nouvel An formulés par les ambassadeurs et assimilés accrédités à Yaoundé, le président camerounais a clairement dit tout le bien qu’il pense des relations économiques entre son pays et les géants de ce continent.

On ne dira pas qu’il a improvisé un segment de sa réponse aux vœux du corps diplomatique ce 9 janvier 2019 au salon des ambassadeurs du Palais de l’Unité à Yaoundé. « Paul Biya assume clairement un choix de valeurs et d’intérêts », valide d’emblée Jean-Rodrigue Guiffo. « Par sa structuration et son caractère tranché, le propos présidentiel n’entend pas se perdre dans le flot destructeur de la diplomatie », ajoute l’internationaliste-consultant à la Fondation Paul Ango Ela de Yaoundé. Selon lui, le chef de l’État camerounais a perçu, pour le compte de son « septennat des grandes opportunités », le sens des évènements économiques et la réalité actuelle des rapports de force dans le monde.
Pour ce faire, rien de plus efficient que l’usage de ce qui a déjà marché. L’exercice consiste à sur-souligner, à majorer une série de faits pour les ériger en métaphore générique d’un choix. « Nous poursuivrons une politique active de coopération économique avec la Chine où je me suis rendu en mars dernier, en visite d’État, et en septembre, pour assister au forum de coopération Sino-Afrique. Ces visites ont confirmé la participation importante de ce grand pays ami à nos projets de développement », dit Paul Biya. Ayant flairé l’aubaine, ce dernier n’hésite pas à souffler dans les trompettes offertes par d’autres géants économiques asiatiques. «Nous saisirons également toutes les opportunités qu’offrent nos excellentes relations avec le Japon et la République de Corée », avance-t-il face aux ambassadeurs et assimilés accrédités à Yaoundé.
Clin d’œil
Sur le moment, Jenny Nzié, une autre internationaliste, s’attarde sur la subtilité présidentielle. «Quelles que soient les circonstances, le Cameroun s’efforcera de développer autant que possible ses échanges avec ses partenaires traditionnels de l’Union européenne », effleure Paul Biya dans son discours. Dans son analyse, l’universitaire estime que « l’humeur asiatique » du président camerounais n’est pas disjointe de sa volonté de parler aux Européens. « Parce que, dit Jenny Nzié, contrairement aux Chinois, aux Japonais et autres, l’Union européenne, en tant que partenaire économique, cumule le double handicap et paradoxe d’être à la fois trop rigide et normative, tout en se proclamant trop libérale ».
Jean-René Meva’a Amougou