Circulation des biens en zone Cemac : le diagnostic des experts de l’Opa
Goulots d’étranglement et méthodologie de l’Institut sous-régional de Statistiques et d’Économie appliquée (Issea).
Identifier les goulots d’étranglement empêchant la bonne intégration de la Cemac tant sur le plan économique que sur le plan humain. Voilà le travail assigné par l’Union européenne (UE) et la Commission de la Cemac à l’Issea via l’Opa. Trois mois à sillonner les deux corridors routiers Douala-Ndjamena (1844 km via Nguéli, 1 934 km en passant par Koutere) et Douala-Bangui (1431 km). À la clé, un rapport présenté lors des travaux de l’atelier de Yaoundé, le 20 juillet 2023.
L’Opa en charge de l’opérationnalisation de cette enquête, qui permet d’identifier les pratiques anormales sur les corridors, épingle deux acteurs. Notamment l’administration camerounaise à travers ses démembrements et les transporteurs routiers. Ces derniers sont aussi des acteurs de pratiques anormales sur les corridors. «Quand on parle de pratiques anormales, on a tendance à ne voir que l’État, alors qu’il y a d’autres responsables », renseigne Marcel Opoumba, directeur général de l’Issea. Et parmi les griefs relevés, on a la multiplication des check-points, soit 143, avec un grand nombre d’acteurs (douane, police, gendarmerie). Ce qui laisse libre cours aux abus avec des prélèvements légaux et abusifs. Il y a le temps mis par les camions sur un corridor. Les experts estiment que celui-ci est long. La responsabilité des transporteurs est due au non-respect des normes.
Les camions ne subissent pas les visites techniques. Du coup, ils sont obligés de corrompre les structures en charge du contrôle. À la fin de ce périple, les victimes sont le consommateur; et surtout les économies de la Cemac, moins compétitives comparées aux sous-régions voisines. «La principale conséquence de ces coûts de transport élevés est le renchérissement des produits d’importation et d’exportations avec, entre autres corollaires, un frein au commerce intra-régional et une faible compétitivité des économies de la Communauté», démontre le rapport. Un autre goulot d’étranglement est la non-application des textes adoptés par les États membres. On parle par exemple du code routier de la Cemac, qui d’ailleurs nécessite un toilettage.
Collecte et traitement
Les équipes managériales et techniques de de l’Issea mettent sur pied une méthodologie de collecte de données. Le top départ de la descente sur les corridors est le point de contrôle de Yassa. L’itinéraire va jusqu’à Ngueli au Tchad et Bangui en RCA. L’échantillonnage est aléatoire et stratifié par corridor. Les observateurs ou enquêteurs sont munis de tablettes à bord des camions. Le contrôle de ces observateurs est effectué par le tracking des tablettes. Les données sont téléversées en temps réel dans un serveur central logé à L’Issea. Le transfert et le traitement sont à la base de l’analyse et de la publication.
AGB