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Cette jeunesse que nous voulons pour la nouvelle Afrique

Ce jeudi 14 septembre 2023, l’amphithéâtre de l’université Nangui Abrogoua d’Abobo-Adjamé abrite une rencontre entre Adama Diawara, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, et les étudiants de l’École préparatoire aux sciences de la santé.

 

Il s’agit, pour Diawara, d’annoncer aux étudiants la suppression de leur filière. Quoique le ministre explique pourquoi il prend cette décision, il ne parvient pas à convaincre son auditoire. Que doit-il faire de plus pour faire avaler la pilule? Diawara ne trouve pas d’autre solution que de distribuer des billets de banque aux étudiants. Mal lui en prend, car ces derniers lui répondent immédiatement par des «On veut pas, on veut pas!» Une manière de lui faire savoir qu’ils n’ont pas besoin de son argent, qu’ils ne sont pas achetables.

La réaction des étudiants, que les médias officiels ne jugent pas bon de relayer, mérite pourtant d’être connue et saluée car, dans les villes et villages de la Côte d’Ivoire, on a coutume d’entendre que l’Ivoirien aime trop l’argent et qu’il est prêt à tout pour l’acquérir. En refusant l’argent de leur ministre de tutelle, ces jeunes gens et jeunes filles montrent que tout le monde n’est pas corruptible en Côte d’Ivoire, qu’il y a encore, dans ce pays, des hommes et des femmes dignes et capables de dire «non» à des décisions injustes. Si on essaie d’aller un peu plus loin, on comprendra que ce que veulent ces étudiants, ce n’est pas de fuir un continent qui serait devenu un enfer à cause de l’irresponsabilité et de la mauvaise gouvernance de certains dirigeants, mais de se former sur place en s’armant de sciences jusqu’aux dents, selon le vœu de Cheikh Anta Diop.

C’est cette jeunesse que nous voulons pour la nouvelle Afrique, pas celle qui est friande de stupéfiants et de raccourcis, pas celle qui préfère le gain facile à l’effort, pas celle qui regarde l’Occident comme un Eldorado et qui est prête à utiliser tous les moyens pour s’y rendre, pas celle qui est sous l’emprise de pseudo-influenceurs ou de pseudo-prophètes qui gagneraient d’abord à connaître la douloureuse histoire de l’Afrique, pas celle qui se contente de reproduire ce que lui montrent les médias occidentaux. Bref, les jeunes qui ont rencontré le ministre Diawara, ce sont eux qui donneront un nouveau visage à l’Éburnie s’ils ne changent pas, s’ils ne se comportent pas comme ces Ivoiriens devenus les plus grands défenseurs du régime de Dramane Ouattara alors que, en exil, ils ne rataient aucune occasion pour le clouer au pilori.

Aujourd’hui, je voudrais les féliciter d’avoir résisté à l’argent d’un homme qui constamment devrait être un modèle d’intégrité et savoir que l’achat des consciences n’a jamais construit un pays solide. Une petite pluie a rendu impraticable la pelouse du stade d’Ebimpé, le 12 septembre. Pourtant, la rénovation de cette pelouse aurait coûté 20 milliards de francs CFA. Je parie que cet argent aurait été plus utile à l’École préparatoire aux sciences de la santé.

Jean-Claude DJEREKE

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