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Catégorie : INTÉGRATION NATIONALE
Climat: le coup de poker de Macron
Pour Bastien Alex, Chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), responsable du programme climat, énergie et sécurité, «le président (français) entend prendre la place laissée vacante par Obama et, sur le plan climatique, redorer le blason de l’UE qui a été un peu en retrait ces dernières années, notamment après la Cop21. Il conforte certes sa posture de pilier du multilatéralisme mais pour celle de leader climatique, c’est plus complexe».
Désormais, un conflit de compétences pointe à l’horizon. A l’origine, l’initiative du président Macron postulait la célébration des deux ans de la signature de l’Accord de Paris. On apprend qu’il s’agira désormais d’un rendez-vous pérenne. Le risque de marginalisation de la Cop inquiète, car les deux évènements poursuivent, jusqu’à preuve du contraire, des objectifs similaires. Certaines attitudes renforcent encore plus ce sentiment. Certains chefs d’Etat absents à la Cop23 ont fait le déplacement de Paris ; qui plus est, du point de vue protocolaire, le président Français a tenu à s’exprimer en premier avant Antonio Guterres (Secrétaire Général de l’Onu).
Cohérence ?
Le partenariat public/privé comme mode de gouvernance dans la lutte pour la préservation du climat a été mis à l’honneur, avec la présence de représentants de groupes financiers et des bailleurs internationaux, ainsi que des promesses chiffrées de plusieurs dizaines de milliards d’euros. Ces engagements vont-ils dans le bon sens ? Ne s’agit-il pas avant tout de dynamiser la reprise économique mondiale par un label « green growth » ? Autant de questions dont il est légitime de se poser.
Le sommet ne s’éloigne donc pas des fondements du modèle de développement et de croissance capitalistes. «Il faut le prendre pour ce qu’il est : un regroupement d’acteurs économiques désireux de faire un pas dans la transition, aussi bien écologique qu’énergétique mais avec le souci de soutenir des activités porteuses de rentabilité. Le secteur privé est prêt à s’engager sur cette voie car elle est la seule lui garantissant sa survie à terme» analyse le chercheur de l’Iris. C’est dans ce sillage que s’est située l’initiative French Business Climate Pledge déployée à Paris. Cette dynamique regroupe près d’une centaine d’entreprises françaises affichant leur volonté d’investir pour la transformation des sociétés et un modèle moins carboné.
Le sommet climat de Macron, en réalité, n’aborde pas des questions profondes telles que le mode occidental de vie et de consommation ou encore la confusion entre croissance et développement. Les montants annoncés par le secteur privé sont toutefois importants. Il est tout de même étonnant de constater que Bill Gates via sa fondation prévoit d’investir plus de 300 millions de dollars entre 2018 et 2020 dans la recherche agronomique et l’agriculture, quand la France ne met que 8 millions d’euros et l’Europe 50 millions dans le financement de la Force conjointe du G5 Sahel, sujet qui faisait l’objet d’un sommet au lendemain du One Planet Summit.
Sensation
Dans sa décision de cesser le financement de l’exploration et l’exploitation de pétrole et de gaz après 2019, la Banque mondiale vient de jeter un pavé dans la mare de l’industrie des énergies fossiles. Pour Bastien Alex «elle a pris position contre le soutien aux entreprises et/ou projets des secteurs amont, soit l’exploration-production des hydrocarbures. Les secteurs du transport et de la transformation et de la commercialisation ne sont pas concernés». L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a été laconique et péremptoire dans sa réaction: «les énergies fossiles ont encore de beaux jours devant eux». De quoi rassurer les pays africains.
Zacharie Roger Mbarga
Près de 1250 milliards de francs CFA détournés par la douane camerounaise
A travers chiffres et images puisés par la Conac (Commission nationale anti-corruption), un effrayant visage de cette administration lors de la cérémonie de présentation du rapport sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun en 2016.
On savait que ce 22 décembre 2017 se levait comme une journée de fin de saison pour la Conac. Ce que l’on ne savait pas c’est que Dieudonné Massi Gams (photo) allait déballer un rapport générateur de coups de boule et de tohu-bohu à la Salle Tripartite du palais des Congrès de Yaoundé. L’on était également loin d’envisager qu’à cette occasion, dans cette enceinte allait se tramer une sombre histoire de la douane camerounaise. Au cours d’un discours à cran de détails, la corruption chez les gabelous allait faire l’objet d’une exposition, une odyssée en chiffres et en images.
« Entre 2010 et 2015, précise le président de la Conac, la douane a fait perdre au Trésor public camerounais la bagatelle de 1 246 milliards 340 millions 813 mille 670 francs Cfa, soit environ 75% du budget d’investissement public (Bip) de notre pays en 2016, évalué à 1 500 milliards de francs CFA…Vingt-et-un (21) agents de la douane auditionnés au cours de l’enquête par la Conac, ont confessé être propriétaires de plusieurs immeubles bâtis aussi bien à Douala qu’ailleurs, ainsi que de nombreux comptes bancaires à solde créditeur, dont les montants s’élèvent à plus de 134 millions de francs Cfa...Le plus illustre d’entre ces fonctionnaires très riches, étant cet adjudant des douanes en service à Maroua, dans la région de l’Extrême-Nord. L’intéressé est propriétaire de 13 villas en dur, bâties sur terrains titrés ; d’un immeuble de 5 niveaux également construit sur terrain titré ; ainsi que de 10 terrains immatriculés. A ce vaste domaine immobilier, poursuit le pasteur, s’ajoute dans son registre de propriétés, 5 camions de 30 tonnes de charge utile ; 5 cars Toyota Coaster de 28 places ; 2 cars de 18 places ; et un parc automobile plein de véhicules personnels haut de gamme». Last but not the least, Dieudonné Massi Gams évoque l’existence à Ndongbong (Douala III) d’un luxueux « quartier douanier ».
Ces résultats présentés font suite à une série de recherches de terrain et d’enquêtes documentaires (procédures douanières, dédouanement et gestion informatique). La conclusion fait état d’un ensemble systémique de « dysfonctionnements », qui sert de terreau aux pratiques corruptives. Selon le président de la Conac, l’échange généralisé de services et « la personne avant l’institution » constituent le socle du fléau. « Le capital relationnel des individus dans le secteur des douanes, dit-il, est particulièrement vaste même si cela est vrai dans bien d’autres sphères. Sauf que là-bas, cela constitue une préoccupation incessante de la vie quotidienne, à travers les multiples obligations qu’impliquent l’entretien et la reproduction des réseaux relationnels de toutes natures. Une des caractéristiques de ces réseaux relationnels est la règle de l’ échange de services, valable non seulement entre parents ou amis, mais aussi entre «connaissances», au sens large, qui inclue quiconque est recommandé par un parent ou ami, voire par un ami d’ami. Une véritable morale sociale supporte cette obligation de rendre service, ce qui aboutit à un système généralisé de services et de contre-services dans lequel chacun est pris. On voit là à quel point la corruption régnant dans les services publics est insérée dans des circuits plus larges de faveurs et de contre-faveurs qui quadrillent toute la vie de notre douane.
Jean-René Meva’a Amougou
Appui au développement : des Japonais pour moderniser la pêche à Douala
L’argent servira à la réalisation de la construction d’un débarcadère et d’un marché de poissons de Youpwè.
Dans deux ans, la localité de Youpwè, située au bord du fleuve Wouri dans l’arrondissement de Douala 1er, sera dotée d’un quai de débarquement pouvant accueillir une trentaine de pirogues et un marché moderne de poissons. La réalisation de ces infrastructures d’un coût d’environ 7 milliards de francs CFA sera financée par l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA). Un accord de don a été signé le 12 décembre entre l’ambassadeur du Japon au Cameroun et le ministre camerounais de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat).
Sur le plan économique, Il est attendu que l’infrastructure multiplie les échanges tout en intensifiant l’activité de pêche et la commercialisation de ses produits avec les pays voisin comme le Nigéria et la Guinée Equatoriale. L’infrastructure annoncée devrait contribuer à la dynamisation de l’activité économique autour de la zone d’influence, entrainant un flux de capitaux au bénéfice de la communauté et des populations. Elle va par conséquent générer des emplois directs et de milliers emplois connexes. Sur le plan social, le projet devrait apporter le confort lié au meilleur état des infrastructures et de l’environnement, notamment de meilleures conditions de travail, de sécurité sanitaire des populations et une amélioration de l’accès à l’éducation. Enfin, il est attendu un système d’assainissement et de gestion durable mis en place par le projet qui contribuera à réduire les émissions des gaz à effets de serre. Ce qui réduira la dégradation de l’écosystème au plan environnemental.
Appel
Lors de la signature de la convention de financement, Louis Paul Motaze a émis le vœu de voir la façade maritime de Limbe bénéficier aussi des financements japonais. «Notre souhait le plus profond serait que la ville de Limbe bénéficie des mêmes infrastructures, de la part du Japon, dans les années à venir. Après Kribi, Douala, il ne reste que cette ville dans la façade maritime du Cameroun pour que tous les Camerounais puissent profiter de l’expérience et du savoir-faire japonais dans le domaine», a-t-il déclaré à l’endroit de Kunio Okamura, l’ambassadeur du Japon au Cameroun.
De même, le ministre de l’Economie a invité le partenaire japonais à prendre des initiatives, en ce qui concerne le développement et l’intégration des filières et modules de formation spécifiques dans les instituts et écoles de formation en pêche et industries halieutiques. Ceci pour une utilisation optimale de ces infrastructures offertes par le Japon.
Augustin Tacham (Stagiaire)
Don des ordinateurs : un «virus» nommé PB
Il est incrusté dans chaque exemplaire qui sera remis aux étudiants camerounais dans le cadre du projet «E-National Higher Education Network».
On ignore toujours quand va débuter la distribution des cinq cent mille ordinateurs du projet «E-National Higher Education Network». A en croire un communiqué du ministère de l’Enseignement supérieur qui pilote ce projet, les premiers quatre-vingt mille ordinateurs devraient être à Yaoundé le 27 de ce mois de décembre. Une mission chargée de la réception du produit séjourne depuis plusieurs semaines à Shenzhen en Chine.Avec le début de la distribution de ces machines, les questions autour de la signification des lettres «PB» incrustés sur chacun de ces ordinateurs et leurs emballages devraient se multiplier. Dans la délégation camerounaise partie en chine pour réceptionner les machines, on ne cache pas que «P» et «B» sont les initiales de Paul Biya, le président de la République du Cameroun. Les étudiants apprécieront.
Opportunisme
Depuis plus d’un an, Jacques Fame Ndongo, le ministre de l’Enseignement supérieur (Minsup), qui se présente comme une créature de Paul Biya, tente en effet de transformer un projet gouvernemental en un don du président de la République. En juillet 2016, c’est d’ailleurs lui qui sort du chapeau, le fameux «don du chef de l’Etat de 500 000 ordinateurs portables à tous les étudiants camerounais» détournant le projet «E-National Higher Education Network» de son objectif initial. «Le projet « E-National Higher Education Network » s’articule autour de deux axes: le don de 500 000 ordinateurs octroyés à tous les étudiants dûment inscrits dans les huit (08) universités d’Etat et les 215 instituts privés d’enseignement supérieur réglementairement agréés par la Commission nationale de l’enseignement supérieur privé d’une part, la construction de neuf (09) Centres de développement du numérique universitaire dans chaque université d’Etat et à l’université inter-Etats Cameroun-Congo (site de Sangmelima) qui ouvrira ses portes à la rentrée académique 2017/2018, d’autre part», insistait-il encore dans un communiqué le 12 avril dernier.Pourtant quand l’idée nait dans la tête de Zhao Dhezi, il n’est guère question de don d’ordinateur. Fin août 2015, quand le directeur général de la Sichuang Communication Telecom Construction Company le présente aux autorités camerounaises, il s’agit d’un projet d’interconnexion de toutes les universités d’Etat du Cameroun. «La mise en réseau des universités camerounaises vise à arrimer le Cameroun aux normes de l’enseignement numérique international. Tenez par exemple un enseignant qui se trouve au Minesup et enseigne à l’Université de Yaoundé II pourra dispenser son cours à partir de son bureau à ses étudiants dans l’amphithéâtre et il sera vu dans toutes les universités du Cameroun sans avoir besoin de se déplacer», explique alors Zhao Dhezi au sortir de l’audience avec le Minsup.
Manipulation
La délégation chinoise dit même être «au Cameroun pour faire le point de ce projet pour lequel un accord cadre de prêt de 75 milliards de francs CFA a été récemment signé en Chine entre le ministre chinois du Commerce et le ministre camerounais de l’Economie». Car apprend-on alors, il ne reste plus que le décret du chef de l’Etat pour entamer les travaux. Celui-ci tombera un an plus tard alors que Fame Ndongo avait déjà modifié le contenu du projet.L’interconnexion des universités d’Etat verra-t-elle le jour? Rien n’est moins sûr. Surtout que dans leurs communications, les autorités se sont bien employées à faire admettre à l’opinion que ce sont les cinq cent mille ordinateurs à distribuer aux étudiants qui couteront 75 milliards de francs CFA. Et pourtant, le décret du président de la République habilitant le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire a signé avec Eximbank Chine un accord de prêt pour le financement de ce projet est clair: c’est l’ensemble du projet «E-National Higher Education Network» qui se chiffre à 937 500 000 Yuans RMB, soit environ 75 milliards de francs CFA. Comme avec les avions, il n’est donc pas exclu qu’une affaire d’ordinateur chinois éclate un jour.
YA-FE aura lieu au « Boulevard du 20 Mai »
Selon un communiqué publié hier, 18 décembre 2017 par les organisateurs de « Yaoundé en Fête », l’événement initialement prévue au palais des sports de Yaoundé aura lieu au « Boulevard du 20 Mai » pour des « raisons de sécurité » indique le communiqué.
« Pour des raisons de sécurité, les hautes autorités nous instruisent de délocaliser YA-FE 2017 du palais des sports de Yaoundé », peut-on lire sur le communiqué.
Forum: réflexion sur le repositionnement des PME
La recherche des solutions pour faire face à un environnement de plus en plus dynamique et concurrentiel est au centre de la 4e édition des Journées nationales des petites et moyennes entreprises qui s’ouvrent ce 19 décembre à Yaoundé.
Comment se faire une place dans un environnement des affaires de plus en plus mondialisé (et donc concurrentiel) et à la fragmentation des marchés qui accroît considérablement la variété des produits et des services offerts? C’est à cette réflexion que le ministère des Petites et moyennes entreprises, de l’Economie sociale et de l’Artisanat (Minpmeesa) invite les participants (dirigeants d’entreprises, porteurs de projets de création de sociétés, institutions publiques d’accompagnement des PME) à la 4e édition des Journées nationales des PME (JNPME) qui se tiennent du 19 au 21 décembre au Palais des congrès de Yaoundé.
Même si la préoccupation parait sous-jacente, le thème principal des JNPME étant «Promouvoir l’entrepreneuriat et les PME innovantes pour une croissance forte et inclusive», la question sera au cœur des débats. Car, une entreprise incapable de faire face à la concurrence ne peut contribuer à la croissance. «Promouvoir l’entrepreneuriat et les PME innovantes pour une croissance forte et inclusive», revient de ce fait d’abord à «promouvoir l’entrepreneuriat et les PME», capables de se réinventer en fonction de l’évolution de l’environnement mondial des affaires.
Thématiques
Dans l’éditorial qu’il signe à l’occasion, le Minpmeesa le confirme d’ailleurs: «comme plusieurs (PME) font face à de nouveaux concurrents dont les coûts de production sont inférieurs ou encore qui opèrent dans un cadre réglementaire moins contraignant, l’innovation ne peut plus être considérée seulement comme une stratégie, mais comme un facteur de survie au quotidien», écrit Laurent Serge Etoundi Ngoa. Face à ces enjeux multiples, le Minpmeesa «a trouvé opportun d’orienter les thématiques de la 4ème édition des Journées Nationales de la Petite et moyenne entreprise vers la promotion de l’entrepreneuriat et la modernisation technologique et organisationnelle des entités économiques, notamment pour: répondre aux exigences de la mondialisation en matière de qualité, de coût et de délais, développer de nouveaux processus métiers, accroître l’offre locale des biens et services, réaliser des gains de productivité, stimuler la croissance économique».
La question est d’ailleurs cruciale pour un pays comme le Cameroun où les PME constituent près de 90% du tissu industriel. Pour poursuivre le débat durant les trois jours des JNPME, des tables rondes, ateliers et séminaires sont programmés. Il y aura par ailleurs des expositions comprenant des stands d’information ouverts au grand public, des rencontres B2B et G to B, une animation d’un village de l’innovation et une cérémonie des awards pour primer les best off de l’innovation des jeunes entrepreneurs logés pour la plupart dans les centres d’incubation. Le tout, comme lors des éditions précédente, dans une ambiance d’un mini forum d’affaires, avec en prime pour cette édition, une forte connotation de promotion de l’innovation et de la digitalisation des PME dans toute leur dimension.
Aboudi Ottou
Entreprenariat High-Tech : Israël donne une chance aux jeunes Mbororos
Quatre promoteurs de start-up issus cette minorité ethnique viennent de participer à la 2ème édition du séminaire Israël-Cameroun sur les hautes technologies.
Depuis deux ans, l’ambassade d’Israël au Cameroun apporte son appui aux jeunes camerounais qui entreprennent dans les hautes technologies. De fait, la mission diplomatique organise chaque année un séminaire sur le l’entreprenariat en High Tech et l’innovation. La deuxième édition s’est tenue la semaine du 04 au 07 décembre à Yaoundé.
Pendant les quatre jours de rencontres, les jeunes camerounais sélectionnés ont reçu des communications des experts israéliens des technologies innovantes et sur les technologies de l’information et de la communication. Des responsables des banques prenant part aux travaux en ont profité pour présenter aux participants des mécanismes de financements des projets.
Cette année, l’attraction majeure est la présence parmi les cent jeunes promoteurs de start-up sélectionnés pour prendre part à la formation de quatre jeunes issus de la minorité Mbororo du Cameroun. Pour Amadou Jamo, président de Solidarité pour le développement des jeunes Mbororos (Sodejem), leur seule présence est déjà bénéfique : «l’ambassadeur a dit être très content de voir des Mbororo dans une salle. C’est dire qu’il connait la situation sociale des Mbororos. D’ailleurs, je suis la preuve qu’il y a des efforts d’émancipation dans la communauté. De plus en plus, il y en a qui sont scolarisés chez nous. Je vais juste appeler mes frères à faire plus d’efforts dans ce sens. Je crois que notre exemple va inspirer beaucoup d’entre nous».
Opportunités
Hamadou Moussa est un Mbororo de la région du Nord-ouest. Il voit déjà comment sa présence à ce séminaire peut transformer la pratique l’élevage dans sa communauté: «chez nous c’est l’élevage des bovidés pour la survie quotidienne. Cet élevage centenaire va droit vers la précarité, car le bœuf se reproduit lentement. L’opportunité de formation et de rencontre que l’ambassade d’Israël nous offre ce jour me permettra d’initier la vente des produits dérivés de cet élevage et non pas toujours les bœufs», déclare ce promoteur à la tête d’un groupe des jeunes ambitieux.
A propos du suivi, Sandrine Sonfack, Assistante en diplomatie publique à l’ambassade d’Israël au Cameroun révèle : «Le rapprochement que nous permettons donne de la crédibilité aux Start-up camerounaises vis-à-vis de l’investisseur israélien qui est touché. Les participants seront enregistrés dans la base de données de l’Agence israélienne pour la coopération international au développement (Mashav), structure de l’ambassade qui joue le même rôle que la GIZ (pour l’Allemagne), l’AFD (pour la France). Mashav donne la possibilité de se former en Israël avec un financement allant 5.000 à 10.000 dollars US».
Augustin Tacham (Stagiaire)
Crise anglophone : Yaoundé fait feu de tout bois
Moyens militaires, diplomatie…Pour réduire au silence la contestation dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, Paul Biya actionne tous les leviers.
Quelques jours après la déclaration de guerre du chef de l’Etat camerounais aux «sécessionnistes», le décompte macabre a commencé. Dans une déclaration sur la situation sécuritaire dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, datée du 8 décembre, le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, indique qu’entre le 5 et le 8 décembre, l’armée camerounaise a mené cinq actions contre les «ennemis». Deux actions ont consisté à «la neutralisation d’un recruteur de jeunes» et à l’arrestation d’un groupe «de jeunes recrues» au compte de la «milice ambazonienne». De même, cinq terroristes ont été tués alors qu’ils voulaient attaquer une caserne militaire à Mamfé. Le bilan du côté de l’armée fait état d’une dizaine de gendarmes blessés et d’un tué.
Alliance
Outre le combat sur le terrain, le chef de l’Etat Biya a intensifié les manœuvres diplomatiques. Reçu en audience au palais de l’unité, l’ambassadeur de France au Cameroun, Gilles Thibault, a dit devant la presse avoir abordé avec le chef de l’Etat, les questions relatives au climat sociopolitique qui règne dans les régions anglophones. Le diplomate français a souligné que leur entretien a aussi porté sur les solutions envisageables pour sortir de la crise, sans plus de précisions. Le lendemain, c’est le Haut-commissaire de la République fédérale du Nigéria au Cameroun qui a été reçu par Paul Biya. Porteur d’un pli fermé de son président, Lawan Abba Gashagara rassure le chef de l’Etat du Cameroun que son pays n’est ni de loin ni de près concerné par les mouvements insurrectionnels dans les régions anglophones. Le Haut-commissaire promet l’engagement de son pays à lutter contre ces mouvements sécessionnistes, en vertu des bonnes relations de voisinage.
L’entente entre les gouvernements camerounais et nigérian, pour faire face aux mouvements insurrectionnels dans les deux pays, apparait comme une réponse à une autre alliance. Selon le journal nigérian New Telegraph, édition du 4 décembre 2017, la jeunesse des nations du Biafra aurait fait alliance avec «la milice de l’Ambazonie», au motif de défendre des «frères» de la tribu Ejgham. Le même journal affirme que des «miliciens biafrais» ont participé aux attaques du 28 au 29 novembre dernier dans la localité d’Agborken German, près de Mamfé dans le Sud-ouest. Ces attaques ont causé la mort de quatre gendarmes.
Entre deux feux
C’est désormais un climat d’incertitude qui règne au sein des populations des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. «Après son discours, ici au marché, on se pose des questions sur l’impact que ces annonces peuvent avoir sur notre commerce. C’est tellement difficile de vendre nos produits, même en période de fêtes de fin d’année. Je ne sais pas s’il faudra encore rester ici à Bamenda avec ce commerce qui ne rapporte plus», indique Charles est un commerçant dans la ville de Bamenda, joint au téléphone.
Un autre fonctionnaire de la région du Nord-ouest est ravi de vivre en paix: «je dois dire franchement que le discours militaire du chef de l’Etat nous a, dans un premier temps, choqué parce que nous pensions qu’il pouvait attiser les représailles. Mais une semaine après, nous nous disons qu’il avait raison, puisque le calme règne, même sans déploiement supplémentaire des forces de l’ordre. Nous espérons qu’il en sera ainsi pour toujours».
Tout le monde ne voit pas les choses de la même façon. Selon le Haut – Commissariat des réfugiés (HCR), de nouveaux demandeurs d’asile en provenance d’Akwaya, Otu, Eyumojock, Nsan, Dadi et Bodam dans le Sud-Ouest, sont arrivés dans l’Etat de Cross River au Sud du Nigéria le 4 décembre dernier. Il porte à 5277, le nombre de réfugiés camerounais déjà enregistrés par l’agence du HCR du Nigéria.
Augustin Tacham (Stagiaire)
Processus Electoral : le jeu reste verrouillé
Un panel internationalement constitué fait des propositions pour améliorer le code électoral au Cameroun.
Il faut plus de jeunes dans le processus électoral au Cameroun. C’est la principale recommandation d’un atelier sur le processus électoral au Cameroun, organisé du 6 au 7 décembre à Yaoundé par le Centre africain d’études internationales, diplomatiques, économiques et stratégiques (CEIDES) et la Kofi Annan Foundation (KAF). Avec pour thème «Dialogue participatif sur élections au Cameroun : restitution du document de référence», la rencontre s’inscrit dans la perspective des élections générales prévues au Cameroun en 2018. C’est que, à ce jour, la participation électorale des jeunes (environ 65% de la population en âge de voter) reste faible.
Mais ce n’est pas le seul grief formulé. Les participants à l’atelier indiquent aussi l’urgence de revoir le découpage électoral du pays. La structure actuelle de ce découpage est jugée peu compatible avec les principes de l’égalité de suffrage et de représentation. Le scrutin majoritaire à un tour à l’élection présidentielle est critiqué de donner une «prime» exorbitante aux groupes politiques majoritaires. L’inégalité des forces entre les partis politiques, en raison d’une disproportion des moyens, est favorisée par les déficiences du système de financement public des partis politiques et des campagnes. L’accès à l’éligibilité est problématique, à cause de l’exigence de cautions électorales dont les montants sont vus comme relativement rédhibitoires.
Pour améliorer le processus, le groupe de travail fait des recommandations, à la fois aux partis politiques, à la société civile, à Elecam (l’organe en charge de l’organisation des élections), aux médias et aux pouvoirs publics. A la lecture, Elecam et les pouvoirs publics ont beaucoup de réformes à entreprendre. Le rapport final des travaux demande à Elecam, de s’inspirer du Guide de bonnes pratiques pour améliorer la participation électorale des jeunes et de mettre en œuvre une stratégie spécifique orientée vers l’accroissement de la participation politiques des jeunes de moins de 25 ans, principale composante du corps électoral au Cameroun.
Réformes
Aux pouvoirs publics, les travaux recommandent d’engager un chantier de relecture du code électoral en vue d’en réorganiser la structure et d’en apprécier et compléter le dispositif, selon une approche participative impliquant la société civile et l’ensemble des partis politiques, conformément aux standards internationaux en matière de procédure démocratique. Précisément, il s’agit de l’élaboration d’un cadre juridique des élections tel qu’il résulte notamment des lignes directrices établies par le National Democratic Institute (NDI) dans son guide «Promouvoir des cadres juridiques pour les élections démocratiques».
Membre du panel, Pietro Lazzeri, l’ambassadeur de Suisse au Cameroun, fait savoir qu’«il fallait avoir cette réunion avant les élections. Pour que les choses aillent dans la bonne direction, il faut une plus grande participation, une indépendance d’Elecam et très important aussi, avec plus d’inclusion de certaines catégories comme les femmes, les jeunes et les handicapés. Ces recommandations vont aboutir à une année électorale transparente. Je pense à l’inclusion des jeunes dans un pays où 50% de la population sont en deçà de 30 ans, il est important que les jeunes participent au processus électoral».
Augustin Tacham (Stagiaire)
Un million de m3 de bois coupés chaque année
Extrême-nord
Une stratégie destinée à réduire le phénomène a été présentée les 21 et 22 novembre à Yaoundé.
La coopération allemande (GIZ) apporte son soutien aux actions des pouvoirs publics camerounais pour maitriser la déforestation dans l’Extrême-nord à travers une exploitation rationnelle de l’énergie-bois. Dans cette dynamique, un document intitulé «Stratégie de modernisation de la chaine de valeur bois-énergie dans l’Extrême-Nord» a été conçu. Présenté à Yaoundé les 21 et 22 novembre dernier, ce document montre à quel point le commerce du bois a pris une importance dans l’économie de cette partie du pays.
On y apprend par exemple que «la valeur annuelle marchande de la chaine de valeur bois de feu dans la région de l’Extrême-nord se chiffe annuellement à 869 519 tonnes de bois soit un million de m3 évalués à 33,50 milliards de francs CFA» (P.19). Le bois coupé et revendu sert principalement aux rôtisseurs de soya, les brasseries locales de bil-bil, les boulangeries traditionnelles, des grands et petits restaurants de rue, des vendeurs de thé entre autres.
Agir en urgence
La stratégie dont l’objectif est de réduire la déforestation provoquée par cette activité s’appuie sur un programme quinquennal de modernisation de la chaine de valeur énergie-bois dans la région. Ce programme d’un coût de 9 milliards de francs CFA est axé sur la production durable de bois-énergie; de l’exploitation et la transformation du bois-énergie ; d’un système d’information du marché bois-énergie et l’importation de charbon de bois de l’Est du Cameroun.
En indiquant «que 80% de l’approvisionnement en énergie domestique dans la région de l’Extrême-nord est couvert par le secteur informel», le document montre qu’il y à faire à ce niveau. L’introduction d’une taxation différentielle, et de la participation des bucherons aux campagnes de sensibilisation contre la coupe d’arbres comme moyen de lutte contre le phénomène ne suffiront probablement pas à freiner acteurs illégaux.
Pour la période 2018-2022 que va durer la phase d’implémentation du programme, l’on attend entre autres : «une production supplémentaire de 169 541 m3 de bois-énergie avec valeur marchande potentielle de 4,49 milliards ; des recettes fiscales supplémentaires d’environ 1,52 milliards ; de la réduction de la consommation de 8% équivalent à 352 940 m3. Les ménages urbains et ruraux vont économiser 14,52 milliards de francs CFA grâce à l’utilisation des foyers améliorés. Au total ces mesures permettent l’approvisionnement en bois de 584 456 personnes. D’un point de vue environnemental, on évitera la déforestation de 36 900 ha des forêts naturelles et réduira les émissions de gaz à effets de serre de 5%» (P.96).
Un front de guerre dans le Nord-ouest et le Sud-ouest du pays
Crise anglophone
Le président de la République annone «des actions fortes» contre les «terroristes» qui essaiment la violence dans les régions du Nord-ouest et Sud-ouest.
Les choses sont allées très vite en l’espace de vingt-quatre heures. Le ton a durci, côté gouvernement à l’encontre des auteurs des violences dans les régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest. C’est à l’aéroport international de Nsimalen, de retour d’Abidjan (où il venait de participer au 5ème sommet Union africaine – Union européenne), que Paul Biya est sorti de sa réserve: «J’ai appris avec émotion l’assassinat de quatre (04) militaires camerounais et de deux (02) policiers dans le Sud-Ouest de notre pays. Le Cameroun est victime des attaques à répétition d’une bande de terroristes se réclamant d’un mouvement sécessionniste. Face à ces actes d’agression, je tiens à rassurer le peuple camerounais que toutes les dispositions sont prises pour mettre hors d’état de nuire ces criminels et faire en sorte que la paix et la sécurité soient sauvegardées sur toute l’étendue du territoire national».
Dans la perspective de la mise en œuvre des mesures dont parle président de la République, le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense, Joseph Béti Assomo, a présidé vendredi dernier une réunion spéciale «d’évaluation de la situation sécuritaire dans le pays». La réunion s’est tenue dans un strict huis clos. Etaient notamment présents: le secrétaire d’Etat en charge de la gendarmerie, les officiers généraux, les chefs d’État-major centraux des armées et du commandant du corps national des sapeurs-pompiers, les commandants de toutes les régions de gendarmerie et des diverses opérations militaires.
Guerre
Au terme de cette rencontre tenue le 1er décembre 2017 à Yaoundé, le Mindef n’a pas fait mystère du commencement d’une nouvelle la guerre. «Il y a des mesures qui seront mises en œuvre immédiatement et le processus va se poursuivre jusqu’à ce que cette situation incommode que nous vivons soit éradiquée. Les forces de l’ordre, de défense et sécurité ont perdu des hommes dans des conditions particulièrement tragiques. Certains sont tombés sous les balles de l’ennemi. D’autres ont été égorgés dans des conditions tout à fait épouvantables. Nous avons une armée républicaine dont le professionnalisme est reconnu de tous à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières. Nous avons une armée respectueuse des droits humains. Le président de la République est à la manœuvre depuis la fin de l’année dernière pour régler politiquement ce qui était au départ présenté comme des convulsions corporatives et des réclamations qui ont été réglées. Mais on se rend compte que c’était l’arbre qui cachait la forêt. Et aujourd’hui, il est question de prendre le taureau par les cornes. Lorsque le chef de l’Etat prend une décision politique comme cela, nous allons la mettre en œuvre sans état d’âme» a déclaré Joseph Béti Assomo sur les antennes de la CRTV, la radio d’Etat.
Tout est parti de l’attaque de la localité de Mamfé dans la région du Sud-ouest dans la nuit de mardi 28 au mercredi 29 novembre faisant quatre gendarmes et deux policiers tués. Ce nouvel incident porte à huit, le nombre de militaires tués dans ces zones en moins d’un mois. En plus de la guerre contre Boko Haram dans l’Extrême-Nord du pays, un nouveau front vient dont de s’ouvrir. Mais pour cette fois, il est évident que le choix de Paul Biya est loin de faire l’unanimité. Au Parlement, le SDF estime que la question doit être réglée par le dialogue. Le plus grand parti de l’opposition parlementaire continue de perturber les travaux de la session budgétaire pour exiger l’ouverture d’un débat au parlement sur la crise anglophone. Jusqu’ici, les autorités publiques et le parti au pouvoir (RDPC) font la sourde oreille.
Augustin Tacham (Stagiaire)
Une conférence internationale sur développement urbain
Initiative
Elle se tiendra dans la capitale camerounaise du 12 au 14 décembre prochain. Yaoundé abrite la deuxième conférence internationale sur l’urbanisation durable au Canada, en Chine et en Afrique (Icccasu II).
Cette réunion regroupera 500 participants venus des trois continents. Les travaux qui vont durer trois jours auront pour thème: «Développement urbain intelligent: des actions locales vers le global».
Selon le ministère camerounais de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu), cette conférence est «une opportunité pour développer des thématiques en relation avec les défis urbains de l’heure au Cameroun». A date, la politique d’urbanisation du Cameroun fait face à de nombreux défis urbains comme l’insécurité foncière, le désordre urbain, la mobilité urbaine, l’habitat précaire et l’utilisation des TIC. Il est attendu du forum «des réalisations concrètes pour le développement urbain et la construction de villes répondant aux normes de durabilité, de résilience, d’inclusion et de sécurité; la meilleure connaissance des rapports entre le développement urbain et les problématiques sécuritaires ; la planification plus efficace des services de base autour des logements urbains ; la maitrise de l’impact des économies urbaines émergentes» indique le ministre Jean Claude Mbwentchou.
La conférence sera précédée du 09 au 11 décembre, d’un atelier international de formation sur le thème «Développement urbain 2.0 : des outils opérationnels pour une planification urbaine intégrée et concertée» à l’endroit des chefs de projets en maitrise d’œuvre, des architectes, urbanistes et paysagistes, des personnels des collectivités territoriales décentralisées.
Des experts du programme des Nations unies pour les établissements humains (Onu-Habitat) et de l’université d’Ottawa au Canada ont séjourné au Cameroun en avril dernier, pour assurer les préparatifs de ce rendez-vous scientifique. Le comité scientifique de cette Conférence est composé de Huhua Cao de l’Université d’Ottawa, co-président de l’Icccasu; Alioune Badiane, co-président de l’Iccasu; Claude Ngomsi de l’Onu-Habitat et de Brooke Ward de l’Université d’Ottawa.
Augustin Tacham (Stagiaire)
Assiette fiscale: le Cameroun souffle le chaud… et le froid
Le Fonds monétaire international estime que la mobilisation des recettes intérieures reste faible. Le patronat s’oppose à la pression fiscale.
Le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) est vent debout contre les réformes fiscales envisagées pour l’année 2018. Dans un communiqué de presse publié la semaine dernière, son président, Célestin Tawamba, indique que le texte «contient des dispositions qui, si elles venaient à être adoptées, imposeraient des contraintes insupportables aux entreprises, remettant ainsi en cause tous les efforts entrepris ces dernières années par le Gouvernement et le Gicam pour créer les conditions de la confiance au sein du secteur privé». Les dispositions et mesures qui justifient les inquiétudes du Gicam se déclinent en trois points principaux : l’augmentation attendue de la pression fiscale, le caractère répressif du projet de loi et l’affaiblissement du dispositif de remboursement des crédits de taxe sur la valeur ajoutée (TVA).
Dans le détail «le Gicam souligne la nécessité d’éviter de faire de l’exigence bien comprise pour le gouvernement d’accroître les recettes budgétaires, une source d’affaiblissement des entreprises sur le marché national et les marchés à l’exportation et, partant, d’érosion des recettes budgétaires paradoxalement». De même, pour l’organisation patronale, «la limitation prévue des garanties offertes aux contribuables, et les pouvoirs exorbitants accordés à l’administration ne rassureront pas les investisseurs et feront naître des doutes sur la stabilité et l’attractivité de notre système juridique. C’est le cas, notamment, en matière douanière, avec la possibilité offerte à l’administration de revenir sur les exercices ayant déjà fait l’objet d’une vérification et en principe prescrits, et donc droits non garantis du contribuable et des risques de dérives de la part des agents publics». Enfin, soutient encore le Gicam, «la relecture envisagée aux fins de simplification de la procédure de remboursement des crédits de TVA est de nature à engendrer d’énormes difficultés en pratiques et donc de dissuader les contribuables à solliciter des remboursements de sommes qui leur reviennent pourtant de plein droit».
30% du PIB non taxés
Depuis quelques années à chaque loi de finance le patronat crie à la pression fiscale. Pourtant, lors de leur dernière réunion en octobre dernier, les ministres des Finances de la zone Franc ont estimé que la mobilisation des recettes fiscales reste faible en zone Cemac (voir encadré). Le Fonds monétaire international (FMI) est du même avis. «Bien que, dans l’ensemble, les réformes entreprises par le Cameroun ces dix dernières années aient permis des améliorations au niveau fiscal, le pays doit encore pouvoir considérablement accroître ses recettes (hors pétrole) pour refléter le vrai potentiel du pays», peut-on lire dans rapport de juillet 2017 sur le Cameroun. Selon l’institution, « La dernière mission du département des finances publiques sur l’administration des recettes a estimé à 2,5 % du PIB l’écart entre les recettes du Cameroun et son potentiel d’imposition en 2015».
Estimé à 16,4% du PIB en 2015, le taux de pression fiscale du Cameroun est inférieur à celui de certains pays d’un niveau de développement similaire comme le Rwanda (16,7%) ou le Togo (21,3%). Mais le problème au Cameroun, c’est que la pression s’exerce sur les mêmes contribuables. « Selon une étude publiée par le Fonds monétaire international (FMI) en avril 2017, la contribution du secteur informel dans le PIB du Cameroun avoisine 30%. Quand on sait que l’administration fiscale qui peine à fiscaliser ces 30% du PIB s’adresse toujours aux mêmes contribuables, on comprend aisément pourquoi le patronat a l’impression que les entreprises camerounaises du secteur formel subissent une forte pression fiscale», explique l’inspecteur des impôts Alain Symphorien Ndzana Biloa.
Aboudi Ottou
Zone franc: les revenus fiscaux restent faibles La mobilisation des recettes fiscales, mesurée par le ratio recettes / produit intérieur brut, a globalement progressé en zone franc depuis le début des années 2000. Leur niveau reste toutefois souvent assez faible et très hétérogène, allant de 4,6% à 27,4% dans la CEMAC (moyenne : 14,8%) et de 11,1% à 22,2% dans l’UEMOA (moyenne : 16%).
Malgré la prudence qu’il convient d’attacher à ce type d’estimations, le FMI pense que la plupart des Etats de la zone disposent encore d’un «potentiel fiscal» inexploité significatif. En outre, cette fiscalité continue de reposer pour une large part sur les droits de douane, recette dont l’évolution tendancielle est à la baisse, compte tenu du mouvement de libéralisation commerciale. Droits et taxes sur les importations et exportations représentent en moyenne le quart des recettes fiscales dans l’UEMOA (24%), avec toutefois de fortes disparités entre pays. La transition vers un plus fort recours aux prélèvements intérieurs est engagée, mais reste inégale.
Hormis dans les Etats disposant de ressources pétrolières, les recettes fiscales ont vocation à demeurer la source principale du financement de l’action publique. Renforcer leur mobilisation doit permettre, aux côtés de l’amélioration de l’efficacité de la dépense publique, d’accroître la qualité et la quantité de l’offre de biens et services publics (éducation, santé, infrastructures, administrations, etc.) et le financement de la croissance.
Source : rapport sur la mobilisation des ressources intérieures, réunion des ministres de la zone Franc.
La Bad monte en régime au Cameroun
Financement
La Banque africaine de développement prévoit d’investir en 5 ans l’équivalent de l’investissement réalisé en terre camerounaise depuis une quarantaine d’années.
La coopération entre le Cameroun et la Banque africaine de développement (Bad) prend de l’ampleur. Dans son document de stratégie pays (DSP) couvrant la période 2015 – 2020, l’institution financière africaine prévoit d’investir au Cameroun 2,8 milliards de dollars (1 560,82 milliards de francs CFA à la valeur du dollar au 17 novembre). Ce montant est supérieur aux 2,15 milliards de dollars investis en 44 ans de partenariat (1972-2016). A en croire la banque, avec 22 opérations en cours, équivalant à plus d’un milliard de dollars d’engagements, le Cameroun constitue, à la fin 2016, son portefeuille le plus important en Afrique centrale et compte parmi les 10 pays où elle investit le plus. Parmi ces engagements, 54 % correspondent à de l’appui au secteur public national, 29 % à des projets publics à vocation régionale et 17 % au soutien au secteur privé.
Pour le DSP 2015 – 2020, la Banque appuie le Cameroun dans les infrastructures et la gouvernance sectorielle. Ainsi, de grands projets d’infrastructures sont prévus tels que le programme routier (phase 3), le projet d’interconnexion électrique Cameroun-Tchad, le projet hydroélectrique de Nachtigal, le projet de développement urbain (phase 1), le projet du chantier naval (phase 2) et le projet de développement des chaînes de valeurs agricoles (phase 2). L’objectif est selon la Bad «de continuer à accompagner le pays sur la voie de l’industrialisation et de la diversification de ses sources de croissance».
Bilan
Selon la Revue synthétique des résultats pour la période 2005-2015 publiée le 02 novembre dernier, la Banque estime avoir aidé le Cameroun à faire des «progrès considérables» dans les infrastructures routières et l’aménagement urbain (voir encadré).
Mais il ressort de cette évaluation que l’efficacité avec laquelle la Bad gère ses opérations au Cameroun est à améliorer. Les délais d’approbation des projets et le taux de décaissement méritent une attention particulière. «En 2015, notre ratio de décaissement annuel s’est situé globalement à 11,5 % – soit en-dessous de notre moyenne sur le continent, qui était de 21 %», indique l’institution financière africaine. Elle ajoute : «les projets du Cameroun continuent à prendre en moyenne 18 mois entre l’approbation par le Conseil d’administration et le premier décaissement, contre 12,7 mois pour la Banque en 2015. La lenteur mesurée par cet indicateur de performance opérationnelle, commune à tous les partenaires au développement, s’explique en partie par la durée de la passation des marchés, du lancement de l’appel d’offres à la signature du contrat».
Aboudi Ottou
Cacophonie dans la communication
Incendie à l’Assemblée nationale
Le renforcement de la sécurité au Palais des verres de Ngoa-Ekele, à l’hôtel des députés et dans la ville de Yaoundé, à la suite de cet incendie, est contradictoire avec l’hypothèse d’une cause accidentelle présentée comme probable par le gouvernement.
Vendredi 17 novembre 2017, au matin, des policiers armes au point prennent position au niveau des carrefours de la ville de Yaoundé comme au niveau de la Poste centrale. Dans la nuit de jeudi à vendredi, un incendie a ravagé une bonne partie de l’Assemblée nationale du pays. Ont été réduits en cendres, les cabinets de différents vice-présidents, des secrétaires généraux adjoints, les bureaux du groupe parlementaire SDF, le bureau de la solde et du budget, la direction de l’administration générale et plusieurs bureaux de députés.
Samedi, une réunion de crise a réuni les responsables de l’institution. A l’issue de cette concertation, Victor Yene Ossomba, le secrétaire général de l’Assemblée nationale, affirme que la session parlementaire en cours va se poursuivre. Les travaux en commission et en plénière vont se dérouler de façon alternative dans l’hémicycle, épargné par les flammes. Il indique surtout que les causes de l’incendie restent à déterminer et que la sécurité va être renforcée à l’Assemblée nationale et à l’hôtel des députés.
Contradiction
Le renforcement de la sécurité au Palais des verres de Ngoa-Ekelle, à l’hôtel des députés et dans la ville à la suite de cet incident, suggère qu’il y aurait des raisons de penser que la sécurité des députés est menacée. Ce qui est en contradiction avec le discours du ministre de la Communication. Quelques heures après l’extinction des flammes à l’Assemblée nationale, Issa Tchiroma Bakary, fait une sortie dans les médias pour écarter l’hypothèse criminelle. «Les investigations sont en cours pour nous dire exactement ce qui s’est passé, mais ce que je peux vous dire, compte tenu de ce que, notre assemblée nationale, tout au long de son histoire, fait l’objet d’une protection par les forces de défense et de sécurité qui ont reçu la formation nécessaire pour sa protection, sans risque d’être démenti par les faits, mais les enquêtes nous diront, que l’origine est accidentelle», assure le porte-parole du gouvernement camerounais. Sous la cendre, la fumée. Affaire à suivre
Aboudi Ottou
Les réponses du Cameroun au phénomène migratoire
Sécurité alimentaire et développement rural
Elles ont été présentées le 16 novembre 2017 à Yaoundé au cours d’un point de presse présidé par le ministre Henri Eyébé Ayissi.
La Journée mondiale de l’alimentation 2017 se célèbre sur le thème « Changeons l’avenir des migrations, investissons dans la sécurité alimentaire et le développement rural ». L’appropriation de ce thème par le Cameroun permet d’apprécier les efforts consentis en faveur des migrants en situation de détresse sur l’étendue du territoire national. En effet, le gouvernement de la République et la communauté internationale sont conjointement mobilisés pour apporter une réponse efficiente aux besoins toujours urgents et grandissants des migrants au Cameroun.
A ce propos, « la coopération entre le Cameroun et le FAO/PAM est au beau fixe », a – t – on appris au cours du point de presse de jeudi dernier au ministère de l’Agriculture et du développement rural (Minader). Selon le Représentant résident du FAO/PAM, sa feuille de route y relative a pour objectif de relever les défis ci-après : l’amélioration de la productivité agricole au moyen du développement des cultures irriguées ; la promotion d’une alimentation de qualité par le renforcement des mesures de contrôle; la transformation des produits agricoles en biens de consommation ; le renforcement de la fiabilité des données statistiques agricoles…
Le FIDA n’est pas en reste dans la quête d’un mieux être des migrants en terre camerounaise. « Nous sommes en train d’évoluer d’une approche de développement communautaire vers un paradigme de chaine des valeurs qui encourage l’entrepreneuriat agro – pastoral des jeunes », indique le patron du FIDA au Cameroun. A l’en croire, une enveloppe d’un montant de 33 milliards de FCFA est disponible pour accompagner les jeunes dans la promotion du secteur privé local. L’enjeu pour le FIDA est d’apporter une réponse vigoureuse au point de départ des migrations.
Le Hcr reconnait que les réfugiés sont des migrants forcés. « Ils sont la partie visible de l’iceberg de la population des migrants », confesse – t – on au Bureau Hcr de Yaoundé. Où l’on évoque l’assistance multiforme apportée aux réfugiés sur la dizaine de camps ouverts au Cameroun : relocalisation, enregistrement, identification, abris d’urgence, assistance alimentaire, éducation et santé, processus de retour au pays natal… Un déploiement tous azimuts qui nécessite de gros moyens financiers. Le Hcr dit investir actuellement par exemple la somme d’un milliard de francs Cfa pour doter en eau potable les populations riveraines aux zones d’influence de Boko Haram dans l’Extrême – Nord du Cameroun.
Part du Lion
Le gouvernement camerounais a le leadership des réponses aux problèmes des migrants sur son territoire. Le ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation (Minatd) donne d’emblée des chiffres pour illustrer la situation : 2,9 millions de personnes affectées par la crise humanitaire au Cameroun ; et une dizaine de camps de réfugié aménagés et encadrés au Cameroun. « Agir dans l’urgence en s’inscrivant dans la durée», tel est le leitmotiv au Minatd. Ce qui passe par une exigence : « orienter les actions au profit des réfugiés mais également à destination des populations locales ». Dans la foulée, le Minatd octroie des appuis via le Feicom aux communes accueillant les réfugiés.
Le Minader, quant à lui, mène la bataille contre la famine dans la partie septentrionale du pays. Le ministre Henri Eyebe Ayissi énonce les mesure prises par son département ministériel: reconstitution du capital de production ; dotation aux agriculteurs d’intrants agricoles ; accent mis sur l’irrigation, pour maitriser les problèmes d’eau ; constitution, avec l’Office céréalier, des stocks ; amélioration de la qualité du pâturage ; distribution des tourteaux, etc.
Le don alimentaire spécial du président de la République du Cameroun, décidé en 2014, a été d’un très grand secours pour réaliser les actions précitées. « Le dernier déblocage des fonds sollicités dans le cadre du don alimentaire spécial du chef de l’Etat permettra de consolider les acquis », plaide le ministre Henri Eyebe Ayissi. Les regards sont tournés vers Etoudi.
Rémy Biniou
La crise anglophone déborde à Mbouda
Politique
Effectifs pléthoriques dans les salles de classes, baisse de l’activité économique… sont, entre autres, les conséquences de tensions socio – politiques des régions du Nord-ouest et du Sud – Ouest sur cette petite ville frontalière à Bamenda.
Sur la route Nationale N°6 reliant les régions du Centre, de l’Ouest et du Nord-ouest, la ville de Mbouda, chef-lieu du département des Bamboutos dans la région de l’Ouest, est située à cinquante kilomètres de Bamenda, la capitale régionale du Nord-ouest et épicentre de la crise anglophone. Elle est par ailleurs limitée au nord par la commune de Wabane (région du Sud-ouest) autre région fortement marquée par la crise anglophone. De ce fait, Mbouda subit de plein fouet les contrecoups de cette sociopolitique qui secouent le pays depuis plus d’un an.
Pour la rentrée scolaire 2017 – 2018, la ville accueille dans ses écoles des élèves en provenance des régions en crise. «Nous avons été submergés par l’afflux des enfants venus des régions anglophones. La demande en matière d’éducation étant forte, nous avons procédé à un tri par un test pédagogique pour jauger leur niveau, car ces élèves ne possédaient pas de carnet de notes. Si un enfant sollicitait une classe supérieure, après le test non concluant, avec l’accord de son parent, il était rétrogradé en classe immédiatement inférieure. C’est ainsi qu’environ une quarantaine a été recruté» confie, monsieur Fokou, le fondateur du Groupe scolaire bilingue privé laïc Le mérite de Mbouda.
Baisse d’activité
Au lycée Bilingue de Mbouda, aux dires du proviseur Jules Akono, dans les deux sections (anglophone et francophone), plus de 200 élèves ont été recrutés. «Le surpeuplement de la population scolaire résultant des pressions d’inscriptions, de part et d’autre, rend lourd le pilotage des élèves au niveau pédagogique, quand on sait que l’effectif en cette année scolaire est de 4387 élèves» dit-il. Au lycée bilingue de Banock, le proviseur Jackson Yemeli Noupoussi déclare que sur un effectif de 2500 élèves, 130 proviennent des régions anglophones ; 50 % bondent les classes de la section anglophone. Notamment, les classes d’examen (From 5 et Upper Sixth). «Ce qui donne un surcroit de travail aux encadreurs», indique-il.
Les activités commerciales sont également impactées, en l’occurrence par les journées villes mortes instaurées dans les zones anglophones. «Avant la crise, les commerçants de Bamenda venaient ici s’approvisionner en vivre frais, notamment en piment. Un commerçant pouvait s’offrir 30 sacs à raison de 20 000 francs CFA le sac. Ce qui nous faisait de très bonnes rentrées financières. Aujourd’hui, c’est à peine qu’un commerçant achète 10 sacs», se désole Blaise Kuete, vendeur local de vivres. «Avant, un commerçant de Bamenda pouvait acheter 50 à 80 régimes de plantain. Les prix oscillant entre 3000 et 5000 francs CFA. Aujourd’hui, les ventes ont chuté à en moyenne 20 régimes par commerçants et le régime qui valait autrefois 5 000 francs CFA coûte aujourd’hui 2000», renchérit un autre vendeur.
Le retour de bonnes affaires n’est pas pour demain. En effet, la contestation prend une tournure inquiétante à Bamenda. La semaine dernière, plusieurs personnes y ont perdu la vie dont quatre éléments des forces de l’ordre. Un couvre-feu est en vigueur dans la ville de 22h à 5 heures du matin.
Filbert Azap Ndongo à Mbouda
Renforcement du système financier: le FMI demande au gouvernement de revoir sa copie
Le Fonds monétaire international vient d’invalider la stratégie gouvernementale de traitement des créances douteuses des banques. L’institution accorde par ailleurs plus de temps aux autorités camerounaises pour la réalisation de l’audit sur les arriérés de paiement dus au secteur privé.
Une phrase retient l’attention dans le communiqué qui sanctionne la dernière mission du Fonds monétaire international (FMI) au Cameroun : «tous les repères structurels jusqu’à fin octobre ont été mis en œuvre, à l’exception de deux repères qui ont été modifiés et reprogrammés». Selon un membre de la délégation du FMI qui a séjourné à Yaoundé entre le 24 octobre et le 3 novembre 2017, les deux repères non mis en œuvre sont l’audit des restes à payer dus au secteur privé pour les exercices budgétaires antérieurs à 2017 et l’adoption d’une stratégie pour apurer le portefeuille des créances en souffrance au niveau des banques commerciales. Ces deux mesures doivent désormais être réalisées au courant de la première moitié de 2018. Elles seront évaluées lors de la deuxième revue du programme d’ajustement appuyé par le Fonds.
Crédibilité
Selon le mémorandum de politiques économiques et financières (MPE, 2017-2019), joint à la lettre d’intention du gouvernement camerounais adressée au FMI, l’audit des arriérés devrait initialement être réalisé et le rapport envoyé à l’institution de Bretton Woods au plus tard en septembre 2017.
Mais entretemps, indique-t-on au FMI, «le gouvernement nous a approché pour nous expliquer que si lui-même réalise l’audit, il pourrait y avoir des problèmes de crédibilité. Il serait mieux que cela soit fait par un cabinet indépendant de sorte qu’il ne soit pas accusé d’avoir fait du favoritisme ou reçu un pot – de – vin pour valider la créance d’un tel». Bonne intention à priori. «Sauf que cette approche prend plus de temps parce qu’il faut faire des appels d’offre et ce n’était plus possible de le faire en septembre. Nous avons pensés qu’en reprofilant ce repère dans le temps et en faisant un audit externe, ce serait beaucoup plus crédible», ajoute notre source.
Au ministère de l’Economie de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), où cette information est confirmée, on affirme que l’appel d’offre pour la sélection du cabinet devrait être lancé bientôt. Mais si cette décision est salutaire, elle prolonge le délai d’attente des entreprises. Le plan d’apurement progressif de ces restes à payer, qui devrait être précédemment disponible en décembre 2017, le sera finalement au premier semestre 2018 au plus tôt.
Réserves
Contrairement à la première mesure non mise en œuvre, le gouvernement camerounais a bien réalisé la stratégie d’apurement de créances douteuses des banques commerciales, comme prévu dans le MPE. «Mais ce plan nous semblait présenter trop de risques pour les finances publiques. Le traitement de ces créances douteuses allait coûter à l’Etat trop cher. On s’est accordé avec le gouvernement pour qu’il prenne plus de temps, qu’il revoie les dispositions pour le traitement de ces créances douteuses et qu’il propose quelque chose à la Cobac (Commission bancaire d’Afrique centrale) qui minimise les risques pour le budget de l’Etat (fiscaux)» indique le FMI.
La qualité des actifs bancaires s’est détériorée en 2016. Les prêts en souffrance sont passés de 376,3 à 448,9 milliards de francs CFA en 2016. Le ratio des crédits en souffrance par rapport au total des crédits a ainsi augmenté de 12,5 en 2015 à 14,1 % l’année suivante, freinant l’attribution du crédit au secteur privé. Dans le but de dynamiser le crédit au secteur privé, il est alors question d’apurer ces créances en souffrance. Pour cela, la stratégie envisage «soit des restructurations pour les créances dont les débiteurs offrent des perspectives de solvabilité, soit des recouvrements forcés pour les autres, voire un passage par pertes et profits pour les plus anciennes». Pour le dernier cas de figure, l’Etat prévoit de racheter ces créances et de faire recours à la Société de recouvrement des créances du Cameroun (SRC) pour les recouvrer. A ce sujet, le FMI demande aux autorités camerounaises de mettre à niveau la méthodologie d’évaluation du prix de rachat des actifs douteux. L’institution de Bretton Woods recommande par ailleurs que la stratégie soit accompagnée d’un plan d’action avec des échéances bien déterminées et que le rôle de chacun des acteurs soit bien définis.
Aboudi Ottou