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Après la suppression de la subvention des produits pétroliers au Nigeria : l’Extrême-Nord accuse déjà le coup

Depuis quelques jours, se ravitailler en « zoua-zoua » relève d’une expérience stressante dans plusieurs localités de la région. Déjà au rendez-vous, une forte poussée de l’inflation.

Makabaye (Maroua 1er), le zoua zoua devient rare

Tous se pressent au lieu-dit Makabaye, dans le premier arrondissement de la capitale régionale de l’Extrême-Nord. « Point de vente autorisée du carburant zoua-zoua » (nom donné au super de contrebande), l’endroit ne vit pas son ambiance habituelle ce 9 juin 2023. « Pas d’essence », renseigne Issakha Ghouni. «Le pétrolier» (tel qu’on le nomme en raison des quantités qu’il importe du Nigéria) parle «des hauts et des bas extrêmes que traverse souvent le marché de zoua-zoua». Sur le terrain, c’est l’insatisfaction de la demande. Presque tous les points de vente se retrouvent vidés de leurs stocks, accordent un afflux vers quelques rares autres encore. Des micro-détaillants, qui se ravitaillent chez les grossistes et demi-grossistes locaux, imposent déjà le rationnement aux usagers, mototaxis pour la plupart.

« Frémissement »
Ce jour, Issakha Ghouni a le sentiment flottant. Dans son propos, il se forme une boucle accusatoire : « Les gars du Nigéria nous ont cassé complètement avec la suppression de la subvention de leur carburant là-bas », dit-il. Décidée par les nouvelles autorités d’Abuja, la mesure a déjà un effet inflationniste sur le quotidien. Avec une docte suffisance, plusieurs négociants d’essence frelatée prédisent déjà un renchérissement du prix du litre. «Pour continuer de tenir, on va devoir augmenter nos prix à 400 F au lieu de 300», annonce Mekandi Ama. Selon cet autre magnat du zoua-zoua, les prix sont très structurés et obéissent aux exigences du terrain, à la loi du plus court itinéraire. Comme Mekandi Ama, beaucoup d’autres commerçants ont vite compris que la meilleure astuce pour faire fructifier leurs affaires est de vendre plus cher. Deux jours seulement après l’application de la mesure, dans les marchés, l’on assiste à un accroissement très sensible de la modification des prix à Maroua et environs. Pagnes, matériaux de construction, friandises, transport par mototaxis ou médicaments ont vu leurs prix respectifs augmenter. «De 10% à certains endroits», certifie Morira Bouba. «Avec le coût du litre d’essence qui va devoir augmenter dans des proportions qu’on ne peut pas encore situer, les autres produits susceptibles d’être fortement obtenus par la fièvre inflationniste», craint cet agent en service à la délégation régionale du ministère du Commerce pour l’Extrême-Nord. transport par mototaxis ou médicaments ont vu leurs prix respectifs augmenter. «De 10% à certains endroits», certifie Morira Bouba. «Avec le coût du litre d’essence qui va devoir augmenter dans des proportions qu’on ne peut pas encore situer, les autres produits susceptibles d’être fortement obtenus par la fièvre inflationniste», craint cet agent en service à la délégation régionale du ministère du Commerce pour l’Extrême-Nord. transport par mototaxis ou médicaments ont vu leurs prix respectifs augmenter. «De 10% à certains endroits», certifie Morira Bouba. «Avec le coût du litre d’essence qui va devoir augmenter dans des proportions qu’on ne peut pas encore situer, les autres produits susceptibles d’être fortement obtenus par la fièvre inflationniste», craint cet agent en service à la délégation régionale du ministère du Commerce pour l’Extrême-Nord.

«Zoua-zoua» de tous les maux
«On n’a pas de choix que de vendre au prix fort», souffle-t-il encore. Il explique que toutes les activités commerciales ici à l’Extrême-Nord mobilisent et articulent différents acteurs et différentes pratiques à la frontière avec le Nigéria. En resituant cette explication dans le contexte de la généralisation des micro-activités commerciales informelles qui répondent aux besoins fondamentaux des populations locales, Morira Bouba voit se profiler une discontinuité dans les circuits d’approvisionnement des marchés. On peut ainsi mieux percevoir un commentaire dans les faits, pourrait se décliner l’embarras des commerçants. Celui-ci tiendrait à son double caractère, à la fois économique et réaliste. « Si cela continue, ils n’auront pas de choix ; beaucoup pourrait même fermer comme à l’époque où sévissait grandement Boko Haram», esquisse Morira Bouba. Selon lui, « au moins 80 % des commerçants de la région ont intégré leur identité socio-économique sur la contrebande ; laquelle a pour carburant le zoua-zoua justement».

Jean-René Meva’a Amougou, envoyé spécial

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