«A la CAN 2022, le Cameroun devra être moins naïf pour espérer atteindre le top de la compétition»
Le continent africain dispose d’une pluralité de talents à suivre. Il est essentiel pour la poursuite de la progression de si jeunes joueurs, d’avoir du temps de jeu
L’Analyste spécialiste en détection des talents en Europe et en Amérique latine s’est laissé séduire par le football africain après le CHAN et la CAN U20. Il livre ses appréciations sur la qualité des compétitions, des compétiteurs et surtout il examine les parcours du futur organisateur de la CAN : le Cameroun.
Vous avez été un observateur attentif du CHAN et de la CAN U20. Quelles impressions ces deux compétitions continentales vous laissent-elles ?
Dans l’ensemble, ces deux compétitions ont été plus intéressantes au niveau individuel que collective. J’ai été un peu déçu par la production collective des équipes. Même si d’un point de vue personnel, j’avais beaucoup plus d’intérêt pour la CAN U20, me permettant d’observer le plus de talents que possibles.
Quelle appréciation avez-vous de la participation du Cameroun à ces compétitions ?
Concernant le CHAN, le Cameroun a affronté l’équipe vainqueur de la compétition qui était tout simplement la meilleure équipe de la compétition. Le Maroc a dominé toute la compétition et le Cameroun n’a pas montré de ressources pour venir à bout des Lions de l’Atlas.
Pour la CAN U20, l’équipe a facilement dominé la phase de groupes, réussissant à passer à la phase finale sans aucune défaite. Malheureusement, la compétition s’est arrêtée après un match serré qui s’est décidé à la séance des tirs au but.
Au terme du CHAN, vous avez dressé un onze entrant des espoirs du football africain. Quels sont les espoirs du football africain qui vous ont frappé ?
Au cours de cette compétition, j’ai eu une préférence principalement pour les milieux de terrain que j’ai pu observer, il y a eu une vraie richesse à ce poste.
Hors de l’équipe du Cameroun, je retiens :
– Morlaye Sylla (Guinée / 1998) : une qualité technique pour influer à différents niveaux. Il s’est montré dominant balle au pied pour éliminer et créer le danger.
– Soufiane Rahimi (Maroc / 1996) : élu meilleur joueur de la compétition, il est également le meilleur buteur. Une intelligence dans sa façon de lire et exploiter les failles dans la défense adverse afin de se mettre en position de conclure.
– Ismahila Ouédraogo (Burkina Faso/2000) : solide sur ses appuis, jouant de son gabarit pour protéger la balle et s’orienter malgré la pression adverse. Un élément intéressant pour dominer la base du jeu.
– Abdoul Moumouni (Niger/2002) : l’un des plus jeunes de la compétition, il a su se distinguer dans cette équipe du Niger. Un milieu actif qui aide dans les premières phases de jeu, un volume de jeu pour influer au niveau défensif et à la construction.
– Ciel Ebongo Ikoko (RD Congo/2001) : un milieu offensif avec un pied gauche précis qui lui permet d’ouvrir le jeu et amener cette connexion avec l’attaque dans différentes positions.
Au Cameroun, qui retenez-vous ?
Au terme du CHAN, deux joueurs ont particulièrement retenu mon attention. En premier, je retiendrai Felix Oukine, un milieu de terrain avec un volume de jeu intéressant pour étendre son influence au niveau défensif et amenant cette précision dans les premières phases de jeu à la construction.
En deuxième lieu, Gabriel Fils Penda. Il a également été intéressant quand il est apparu sur le terrain. Sa domination athlétique a amené l’équilibre, offrant une assurance sur le jeu direct adverse et soulage son partenaire au milieu de terrain par son activité.
Vous miserez sur une carrière internationale de ces choix ? Dans un club que vous appréciez comme l’Olympique Lyonnais par exemple? (Rires)
La marche serait encore un peu trop haute pour rejoindre un club comme l’Olympique Lyonnais aujourd’hui. Pour leurs développements, si on reste dans cette idée de rejoindre un club français, il serait plus intéressant d’assurer du temps de jeu dans un club de plus petit calibre en Ligue 1 ou en Ligue 2 française. Il est essentiel pour la poursuite de la progression de si jeunes joueurs, d’avoir du temps de jeu.
A la CAN U20, le parcours du Cameroun en poules a été irréprochable. Qu’est-ce qui selon vous explique l’échec en quart de final ?
Le Ghana est l’un des favoris de la compétition, le match a été serré. Le Cameroun avait fait le plus dur en marquant le premier but lors de la prolongation mais avec un peu de naïveté, l’équipe a concédé l’égalisation directement après. La séance de tir au but reste toujours aléatoire.
C’est peut-être vos premières expériences d’observation du football africain. Mais peut-on dire que l’Afrique a changé le visage de son football à travers ces deux compétitions ?
Je connais trop peu le football africain pour pouvoir émettre un avis de comparaison, je pense que ce football peut encore progresser et que cela passera avant tout au niveau structurel. Ce qui semble être en voie de développement surtout avec l’émergence de plusieurs académies sur le continent qui ne cessent de gagner en réputation et qualité.
Le CHAN, la CAN U20… Peut-on se projeter sur la CAN 2022 ?
Sans réussir à atteindre la finale, l’équipe a su à chaque fois sortir des phases de groupes. Je pense que la sélection a les moyens de suivre le même chemin. Il faudra moins de naïveté pour espérer atteindre le top de la compétition.
Vous, particulièrement, avez-vous hâte d’y être ?
Mon intérêt par rapport à cette compétition se concentrera principalement sur les plus jeunes éléments. Le continent africain dispose d’une pluralité de talents à suivre, comme j’ai pu l’observer à travers le CHAN, la CAN U20. Je vais d’ailleurs essayer de suivre la CAN U17.
Interview réalisée par Bobo Ousmanou
Félix Oukine
Milieu de terrain Coton Sport de Garoua
26 décembre 1999 (Âge: 21 ans)
1,78 m
72 kg
5 Sélections au CHAN 2020 (5 Titularisations)
1 Convocation avec les Lions Indomptables A
«Milieu de terrain avec un volume de jeu intéressant pour étendre son influence au niveau défensif et amenant cette précision dans les premières phases de jeu à la construction. Il offre ce soutien dans l’entrejeu pour recevoir et défendre, une disponibilité pour faciliter les échanges et maintenir la pression dans le camp adverse. De bonnes orientations de jeu, mais peut parfois se précipiter dans sa prise de décision», Mickael Marques
Gabriel Fils Penda
Milieu de terrain AS Futuro
28 mai 2002 (Âge: 18 ans)
1,84 M
75 Kg
5 Sélections au CHAN 2020 (1 Titularisation)
0 Convocation avec les Lions Indomptables A
Vainqueur du Tournoi UNIFFAC avec les Lions Indomptables U20 (Capitaine)
«Sa domination athlétique a amené l’équilibre, offrant une assurance sur le jeu direct adverse et soulage son partenaire au milieu de terrain par son activité. Son placement offre l’équilibre et soutien. Son envergure pour couvrir la base du jeu et offrir ce soutien défensif. Sa taille lui permet de couper le jeu direct, sa force de s’imposer au contact pour limiter les actions offensives dans sa zone», Mickael Marques