Une fusion et des questions

En attente de l’acte additionnel du président en exercice de la Cemac sur le nouveau format de l’infrastructure financière de la sous-région, nous tentons d’examiner le périmètre de la nouvelle architecture financière de la sous-région.

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Les deux bourses de l’espace Cémac vont fusionner. Telle est la décision des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale réunis en sommet extraordinaire le 31 octobre dernier à Ndjamena. Les détails de cette décision ont été présentés au cours d’un point de presse donné à Libreville ce vendredi 10 novembre 2017 par le président de la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf). Les chefs d’Etat de la Cémac ont décidé d’opérer la fusion des deux marchés financiers sous l’autorité d’un seul régulateur (Cosumaf). Bien plus, ils pourraient désigner au moins cinq entreprises publiques en vue de leur introduction en bourse dans un délai de 24 mois. La Commission de la Cemac devrait étudier, en relation avec l’Autorité de régulation du marché financier, les modalités d’une introduction en bourse des entreprises filiales de groupes étrangers exerçant leurs activités dans les secteurs vitaux des économies de la Cemac.

Impact

L’étude du cabinet Roland Berger révèle que le marché de la Cemac a une profondeur estimée de 250 milliards de francs CFA en 2015 et pourrait atteindre 2 150 à 2 450 milliards de francs CFA en 2025. Au 31 janvier 2017, le montant des fonds levés sur le Marché financier régional s’établit à 800 milliards de francs CFA. Aujourd’hui, sur les bourses du Cameroun et d’Afrique centrale réunies, la quantité de fonds levés ne représente que 1,4% du PIB. Au Nigéria, les volumes de transactions boursières représentent 40% du PIB, même si on ne prend comme indice que la capitalisation. Au niveau de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), le seuil avoisine 20% du PIB. Il y a donc du la pâte sur la planche. L’exemple des Etats-Unis montre bien que le marché est le meilleur moyen de financement. Le pays de l’oncle Sam finance son économie à 80% par l’intermédiaire des marchés financiers et à 20% par les banques. Les pays d’Afrique centrale financent leur économie à 80% par les banques et à peine 0,5% par les marchés financiers.

Défis

Le cabinet Roland Berger a identifié sept chantiers pour un réel marché financier intégré. Ces actions garantissent des bénéfices bien précis pour l’ensemble des acteurs (Voir illustration 1, 2 et 3). Le succès du marché des capitaux sous régional repose en premier lieu sur une volonté politique ferme de mener à bout ce projet. Les leviers clés se trouvent dans une législation plus adaptée et une amélioration du cadre réglementaire. Il s’agit donc de mettre en place un cercle vertueux de manière à ce que la tarification du marché financier de la Cemac puisse être à même de refléter la juste valeur des actifs. L’autorisation de ventes à découvert constitue un autre outil majeur afin de rendre le marché plus liquide, ceci devra venir à point en zone Cemac, mais est sans doute un peu anticipé aujourd’hui. Par ailleurs, les incitations fiscales peuvent davantage favoriser le développement des marchés financiers. Des actions s’imposent aussi au niveau de l’offre. Il faut impérativement une plus grande diversité de l’offre de produits financiers, aujourd’hui trop limitée dans l’ensemble de la zone : les Opcvm, les fonds dédiés (aux infrastructures par exemple), le refinancement bancaire pour l’immobilier ou les PME par exemple, l’ensemble avec un rehaussement des multilatéraux ou de la signature publique par exemple.

Zacharie Roger Mbarga

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