Cameroun : Déception dans les rangs du Rdpc après le réaménagement du gouvernement
Au sein du parti au pouvoir, l’on s’attendait à plus qu’un simple réajustement de l’équipe gouvernementale le 4 janvier dernier.
Ils sont nombreux qui s’attendaient à de nouveaux Hommes et même à une nouvelle architecture gouvernementale. L’attente était d’autant plus grande que le texte organisant le gouvernement date du 9 décembre 2011.
À cette date, le pays ne faisait pas face à la secte terroriste Boko Haram. Il n’était non plus englué dans une crise séparatiste, encore à une secousse économique comme c’est le cas aujourd’hui.
L’organisation de 2011 a certes subit une petite modification le 2 mars 2018 avec la création du ministère de la Décentralisation et du Développement local, mais pour de nombreux analystes, il est nécessaire d’aller plus loin pour donner plus d’efficacité et de cohérence à l’action gouvernementale.
Stabilité
Mais Paul Biya a opté pour la « stabilité », explique le politologue Owona Nguini. Un choix, de son point de vue, risqué parce qu’il se fait au détriment de l’efficacité. « Les logiques politiciennes l’ont encore emporté sur l’impératif d’efficacité », regrette pour sa part un haut fonctionnaire.
Pour ce dernier, les défis que le Cameroun doit relever ces prochaines années appellent assurément l’élaboration d’un nouvel organigramme gouvernemental. Viviane Ondoua Biwolé est de cet avis. Dans une tribune libre publiée dans l’édition d’Intégration du 25 septembre 2017, l’experte en management public, qui s’appuie sur les priorités de l’heure, avait proposé une structure gouvernementale reposant sur une vingtaine de ministères.
Engagements
Au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) le parti au pouvoir, l’insatisfaction est également perceptible. Ici, il est notamment reproché au camarade-président de n’avoir pas tenu promesse.
Dans son discours d’investiture intervenu le 6 novembre 2018, Paul Biya avait dit avoir compris le désir des jeunes de mieux participer à la prise des décisions avant de s’engager d’en tenir compte. Avec le remaniement du 4 janvier 2019, quelques quarantenaires font leur entrée au gouvernement. Mais la moyenne d’âge est restée au-dessus de 60 ans. Par ailleurs contraient à l’engagement du chef de l’État camerounais, le gouvernement ne compte pas plus de femmes.
Colère
Pour calmer la colère, les instances du parti expliquent que ce n’est que partie remise. Dans le sérail, l’on se persuade en effet qu’un autre gouvernement interviendra après les élections municipales et législatives attendues au mois de septembre.
« Je peux vous avouez qu’aucun ministre n’est serein. Ils sont tous convaincus que le vrai gouvernement du septennat des ‘Grandes opportunités’ interviendra après les législatives et les municipales », souffle un membre du Cabinet d’un ministre resté en fonction. « Mais avec le président Biya, il ne faut jamais être pressé. Ce gouvernement peut intervenir juste après ce scrutin ou un an après… », tempère-t-il aussi rapidement.
Aboudi Ottou