Afrique : mille prétendants et une malheureuse…
En pleine tenue de la 3e édition du Forum de coopération Afrique-Chine (Focac), deux exécutifs occidentaux visitent le continent.
A la recherche d’opportunités commerciales. Angela Merkel, la chancelière allemande et Theresa May, la Première ministre du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord ont parcouru quelques pays d’Afrique la semaine dernière. La locataire du 10 Down Street, qui inaugure la première visite pour un chef de gouvernement britannique en Afrique depuis cinq ans, a cantonné son odyssée économique et commerciale à l’Afrique anglaise. Berlin, lui, va vers des « marchés industriels d’avenir » avec notamment un chèque pour le processus d’intégration économique. Lors de leur conférence de presse conjointe, le ministre allemand de la coopération a signifié au président de la Commission de l’Union africaine toute la disponibilité du gouvernement Merkel à contribuer au Plan de développement de l’industrie africaine (Pida).
Batailles de positionnement
Le continent africain est actuellement au cœur d’une bataille de positionnement entre grandes puissances internationales, engluées dans une guerre commerciale autour des matières premières et des hausses de tarifs douaniers. Dans la perspective du Brexit, Theresa May veut consolider le corridor commercial avec le premier carré africain du Commonwealth. Ainsi, l’Afrique du Sud, le Nigéria, le Ghana et le Kenya doivent être les marqueurs du « come back » de Londres. Theresa May ambitionne de faire en sorte que « le Royaume-Uni devienne le premier investisseur des pays du G7 en Afrique d’ici à 2022 ». La forte délégation d’hommes d’affaires et de financiers présents dans son avion témoigne de cette gageure.
Par contre, Berlin tente de partager sa technologie avec l’Afrique. A travers, la production des biens intermédiaires ou l’industrie de première transformation, l’Allemagne veut réussir le pari de l’interdépendance des valeurs. C’est le sens du projet « Compact with Africa ». Au Nigéria, au Ghana et au Sénégal, la chancelière Angela Merkel ambitionne de tripler ses investissements en Afrique de l’ordre de 10 milliards de dollars.
Dans cette course effrénée, Washington n’est pas en reste. En visite à la Maison Blanche la semaine dernière, le président kenyan a reçu 900 millions de dollars d’engagements et de promesses de contrats. Le Kenya bénéficiera également d’une mission de conseils américains, pour discuter du « Doing Business in Africa».
Agenda réel
Dans cette ruée vers l’Afrique, il est évident de dénicher l’obsession européenne de réduire l’immigration clandestine. Favorables à un accueil massif des migrants, la France et l’Allemagne ont dorénavant revu leur position sur la question. Surtout au vu des pressions de certains Etats membres de l’Union européenne. Au-delà, les pays occidentaux voient revenir la croissance mondiale. La production industrielle repart. Mais la Chine et les pays émergents peuvent rafler la mise. Il faut impérativement se positionner sur cette brise qui s’achève.
Pendant ce temps, que dit l’Afrique ? Que pense l’Afrique ? Doit-elle continuer à se faire reconnaitre belle ? Sans imposer un code de l’investisseur occidental en Afrique ? Ne doit-elle pas définir ses priorités d’investissement ? Doit-elle se cantonner à la simple consommation ? L’Afrique est belle, tout le monde lui donne son argent pour tirer son coup ! Mais sa beauté est un faire-valoir à l’aune duquel se mesurent ses prétendants !
Zacharie Roger Mbarga