3 mai 2018: Célébration dans la douleur à Intégration

A quelques jours de la journée internationale de la liberté de la presse, le siège du journal a été cabriolé et son outil de production emporté.

 

Le numéro 320 de l’hebdomadaire Intégration a été produit dans des conditions difficiles. Le montage du journal s’est fait à partir d’une machine non appropriée: un ordinateur initialement consacré à la comptabilité de l’entreprise a dû être recyclé pour l’adapter à la tâche.

Deux ordinateurs, spécialement dédiés à ce travail essentiel dans la production d’un journal, ont été emportés lors du cambriolage du siège d’Intégration. Il s’agit d’un ordinateur de marque Macintosh doté d’un écran de 20 pouces et d’une capacité de 500 Giga octets et d’un autre de marque Lenovo de caractéristiques similaires.

L’acquisition des appareils de même type nécessite un investissement de plusieurs millions de francs CFA. Le journal ne peut le consentir à l’heure actuelle, au regard des tensions de trésorerie que connaissent en ce moment les entreprises de presse au Cameroun. A titre d’illustration, près de la moitié du chiffre d’affaires réalisé par Intégration en 2017 est encore non recouvrée à ce jour.

Le journal doit pourtant payer comptant toutes ses charges de fonctionnement et de productions dans un contexte où les institutions bancaires n’accordent quasiment pas de crédits aux médias, jugeant leurs activités trop risquées.

La difficulté est telle que le directeur de publication de l’hebdomadaire, spécialisé sur les problématiques d’intégration régionale, a dû avouer l’évidence: «ce coup de vol sape les fragiles acquis infrastructurels du journal et perturbe considérablement le travail des différents services au sein de notre entreprise de presse».

Dans un communiqué publié à la suite de la découverte du forfait le 30 avril dernier, Thierry Ndong Owona «sollicite par conséquent l’indulgence de ses fidèles lecteurs et partenaires en cas de manquement constaté dans ses supports de diffusion».

Le coup est d’autant plus rude que plusieurs autres objets importants ont été emportés. Il s’agit d’une console technique acquis pour un projet de radio que nourrit l’entreprise, d’un modem MTN Win max complet qui fournissait le journal en connexion internet, d’un pack téléphonique et de la caisse de l’entreprise qui contenait notamment les frais de reportage de plusieurs éditions du journal.

Pour l’heure, le mystère reste entier sur les circonstances et les motivations des auteurs du cambriolage. «Manœuvres d’intimidation ou de musèlement ? Banal coup de vol ? En l’état actuel de l’enquête, l’on ne saurait se prononcer», informe Thierry Ndong Owona. Dans la foulée de la découverte du forfait, la direction du journal a en effet déposé à la police deux plaintes contre inconnu. Et une enquête est ouverte depuis le 02 mai 2018 par les éléments de la Division régionale de police judiciaire (DRPJ). Après une audition du DP et une descente au siège du journal le même jour, la police n’a plus donné de nouvelles.

Aboudi Ottou

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