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Ils veulent ruser avec les Africains

Les temps ont-ils changé en France? Certains hommes politiques, journalistes et «intellectuels» français ne se gênent plus pour demander la fin de la relation incestueuse entre leur pays et ses anciennes colonies ou la fermeture des bases militaires françaises illégalement installées en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Gabon, au Tchad et à Djibouti. D’autres admettent l’échec de la lutte que leurs soldats étaient censés mener contre le terrorisme au Sahel. D’autres encore pensent qu’en 1960, année des pseudo-indépendances, la France aurait dû laisser les Africains se prendre en charge, ne plus leur dire comment marcher, ni où aller, qu’elle aurait dû partir vraiment sans regarder en arrière, bref qu’elle aurait dû se comporter comme l’Angleterre, le Portugal ou l’Espagne, qui jamais n’ont cherché à s’immiscer dans les affaires des pays colonisés par eux. Sarkozy est même allé plus loin en avouant que l’Europe, «continent le plus brutal et le plus barbare, est responsable des guerres les plus meurtrières» sur le vieux continent et à l’étranger.
Avant tous ces Français qui ne caressent plus la mère-patrie dans le sens du poil, et avant de tirer sa révérence, Jacques Chirac, président de 1995 à 2007, avait fait la confession suivante: «Nous avons saigné l’Afrique. Une grande partie de l’argent dans nos portefeuilles provient de l’exploitation séculaire de l’Afrique… Nous devons donc faire preuve d’un peu de bon sens, de justice, pour rendre aux Africains ce qui leur a été pris».

Ces gens-là ont-ils retrouvé un peu de lucidité ou bien ne sont-ils que de vulgaires opportunistes? Sont-ils sincères ou bien avons-nous affaire à une nouvelle ruse de cet «empire qui ne veut pas mourir»? Non, rien n’a changé en France où Macron continue de faire montre d’arrogance et de mépris en conditionnant le départ de l’armée française du Niger à la réinstallation de Bazoum au pouvoir. Et dire que ce Macron côtoya Paul Ricœur, qui à juste titre faisait remarquer que «l’autre n’est pas seulement en face de moi, il peut devenir mon semblable à condition de voir en lui une personne vis-à-vis de laquelle je m’oblige au respect» («Soi-même comme un autre», Paris, Seuil, 1990)! Ceux qui bavardent en France actuellement n’ont pas cessé de manquer de respect à l’homme noir. Ils gesticulent aujourd’hui parce qu’ils ont peur de ne plus disposer des richesses et privilèges qu’ils ont longtemps eus en Afrique grâce à la Françafrique qui est «un système érigé contre les intérêts des peuples africains avec l’assentiment d’une partie des élites africaines et qui profite toujours aux autocrates africains amis de la France, un système que tous les présidents français ont laissé prospérer en dépit des promesses de rupture». Ils espèrent nous attendrir et se faire pardonner, mais c’est peine perdue car il n’y a aucune sincérité en eux.

Jean-Claude DJEREKE

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