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L’Afrique vers le G20 et les blocages connus

«Nous avons invité l’Union africaine avec l’idée de lui accorder un statut de membre permanent du G20. En nous écartant de tout «meaning of meaning», de tout sens du sens. Ce qu’a dit le Premier ministre indien, Morenda Modi, lors du forum d’affaires B20, le 27 août dernier, oscille entre une Afrique «utile» et une Afrique «exclue» du système international. Morenda Modi propose l’adhésion permanente de l’Union africaine (UA) au G20, le fameux club des pays les plus riches du globe. Par sa formulation aussi vivement scandée qu’incarnée, cette proposition fonctionne comme un alarmant appel au progressisme dans l’arène géopolitique planétaire. Et de ce fait, l’Afrique ne s’interdit pas une part d’optimisme. Continent des extrêmes avec à la fois d’importantes potentialités naturelles et un retard criard d’industrialisation et de grandes vulnérabilités sécuritaire et alimentaire, son entrée dans le cercle du G20 augure de perspectives heureuses, croient savoir des experts. Au cas où l’Union africaine y adhère, prévoient-ils, le G20 servira en partie de facilitateur pour accéder au Conseil de sécurité des Nations unies, dans lequel l’Afrique cherche à obtenir une représentation permanente. Contrairement à d’autres formations, telles que le G7 ou le G77+Chine, qui rassemblent des pays ayant des intérêts et des dispositions similaires, le G20 attire en ce qu’il tente de réduire les clivages. Il réunit autour d’une même table les nations, sinon en développement, du moins émergentes et les nations développées. Même si cette entrée probable s’avère, à elle seule, insuffisante pour permettre à l’Afrique d’avoir «tout de suite un poids très important» dans la gouvernance mondiale, elle est un pas de plus dans cette voie, a opiné Gilles Yabi, fondateur du Think Tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest (Wathi), notant que le fait d’y adhérer est un pas significatif.

Or, on sait, ou devrait se souvenir que, dans cette arène-là justement, nombre d’esprits sectaires méprisent plus ou moins ouvertement, ou se contentent d’opiner sans davantage militer en faveur de l’Afrique. Cette réalité nous impose de rester lucides sur les modalités d’accès du continent au sein du G20, qui est devenu le forum où sont discutées les questions clés de la gouvernance mondiale. Et pourquoi? Au-delà de la complexité du processus de négociations internationales et des jeux d’alliances, il convient d’insister sur la dimension fondamentale de l’affaire. En fait, comme on peut le prévoir, les négociations promettent d’être difficiles tant les incertitudes demeurent autour de paramètres essentiels de l’équation. Sur ce plan, remarquons d’abord que, bien qu’escortée par l’Inde, les débats au sein du G20 sont répartis entre les donneurs d’ordres et les sous-traitants.

La composition du G20 se veut large et représentative, mais de taille gérable. Remarquons également que, composés de 19 pays plus l’Union européenne (UE), les membres du G20 représentent environ 80% du PIB mondial, 75% du commerce mondial et plus de 60% de la population mondiale. Comme l’UE compte 27 États membres –parmi lesquels la France, l’Allemagne et l’Italie, également membres du G20 à titre individuel–, ce dernier représente effectivement 43 pays, soit plus d’un cinquième des membres des Nations unies. De tous ces pays, un seul –l’Afrique du Sud– est africain. Membres de ce club créé en 1999, la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale y sont aussi représentés. Dans un ordre mondial ébranlé par la guerre russo-ukrainienne, l’entrée de l’Afrique dans ce club reste problématique pour l’instant.

Jean-René Meva’a Amougou

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