Yaoundé : le Sialy, vitrine de l’agriculture de seconde génération
La promotrice du Salon international de l’agriculture et de l’agro-alimentaire de Yaoundé et les pouvoirs publics affichent leurs ambitions communes à l’occasion de la huitième édition du Salon.

Répondre efficacement à la politique d’import-substitution et profiter des opportunités de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Voilà le credo entonné toute la semaine dernière à Yaoundé au huitième Salon international de l’agriculture et de l’agroalimentaire de Yaoundé (Sialy). Une rencontre qui a mobilisé un parterre des membres du gouvernement camerounais. Fuh Calistus Gentry, ministre par intérim des Mines de l’Industrie et du développement Technologique (Minmidt), représentait à l’ouverture du salon le Premier ministre – chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute. Et de se réjouir de présider l’évènement ayant pour thème: «Agriculture et agroalimentaire enjeux et défis du libre-échange africain». Dans son allocution de circonstance, il fait l’état des lieux du secteur agro-industriel. Celui-ci représente environ 44% de l’industrie manufacturée, et 24% du secteur secondaire. L’industrie agro-alimentaire représente en outre 6,4% du Pib, contribue à 0,2 points de croissance du Pib, représente 24% de la valeur ajoutée du secteur secondaire et environ 45% de celle des industries manufacturées. Selon Fuh Calistus Gentry, le développement de ce secteur est en conformité des objectifs de planification du développement du Cameroun, SND 30, qui impose «un passage à une véritable agriculture de seconde génération dans un contexte marqué par la résilience de notre économie face aux menaces exogènes, notamment la pandémie mondiale du Covid-19, et la crise russo-ukrainienne», souligne-t-il. Au-delà de cet aspect, il est «aussi question de tirer pleinement profit des opportunités que nous offre la zone de libre-échange continentale africaine», poursuit-il.
L’import-substitution
La 8ème édition du Sialy regroupe les agriculteurs, les équipementiers de l’agroalimentaire, des industries de transformation, des porteurs de projets. «Pour parler des produits de la terre et de leur qualité», précise Bibiane Motto Atsama, promotrice du Sialy. En outre, il s’agit de «trouver les solutions efficaces à la transformation et comment les substituer aux produits étrangers qui au moindre trouble dans le monde perturbe notre nutrition quotidienne, je veux parler de l’import-substitution», souligne-t-elle. Elle reconnait d’ailleurs la capacité des agriculteurs locaux à produire suffisamment. «Notre pays et ses agriculteurs sont capables de produire suffisamment du manioc, du riz, de l’huile de palme, des patates, de la banane plantain, les légumes et bien d’autres, sans faire recours aux importations». Toute chose qui permet d’aller vers la Zlecaf, car elle propose une «voie complémentaire, celle de développer les échanges sous- régionaux afin d’élargir le marché». Puisqu’il s’agit de rechercher les débouchés. «Pour cela, nous devons nous soucier à la fois des problématiques de production et de commercialisation qui nous interpellent aujourd’hui; produire sans vendre, c’est dire qu’il n’y a pas de débouchés; or ce n’est pas le cas», rassure-t-elle.
Respect des normes
Selon Bibiane Motto Atsama, si la Zlecaf présente des opportunités à saisir, notamment à travers l’élargissement des débouchés, elle ouvre la voie à un «nouveau combat et à de sérieuses menaces pour l’agro-industrie camerounaise. Ceci en raison de la faiblesse de la structure de son industrialisation, du manque d’emballage normé aux exigences internationales», s’inquiète la promotrice du Sialy. D’ailleurs, c’est ce qui justifie «l’organisation du premier forum national sur l’emballage, le conditionnement, la logistique des acteurs du secteur de l’agriculture, et de l’agroalimentaire en décembre 2022 sous les auspices d’Achille Bassileken III, ministre de Petites et Moyennes Entreprises, de l’économie sociale et de l’artisanat. L’objectif général de ce forum visait, en prévision à l’entrée de nos produits à la Zone de libre-échange, de contribuer au renforcement de la compétitivité de la filière agricole et agroalimentaire à travers l’amélioration du packaging, du conditionnement, et de la logistique». Et de conclure: «que des acteurs de la filière jouent leur rôle, les agriculteurs doivent faire bloc que de se perdre dans une concurrence qui affaiblit collectivement, coopérer plutôt que de se diviser, se comporter en partenaire et non en concurrent».
Olivier Mbessité
Sensibilisation et formation
La jeunesse, fer de lance de l’agriculture au Cameroun
La Confédération camerounaise des acteurs agropastoraux a profité du Sialy 2023 pour lancer sa campagne «un million des jeunes acteurs agropastoraux» en vue de créer des bassins agricoles au Cameroun.
La Confédération camerounaises des acteurs agropastoraux (CCAA) a saisi la balle au bond du 3 au 9 juillet dernier à Yaoundé à l’occasion du Sialy 2023. «Notre présence ici au Sialy s’inscrit dans la phase du lancement de la campagne «un million de jeunes acteurs agropastoraux», qui a pour but de sensibiliser de créer vingt mille villages agro- communautaires au Cameroun», fait savoir Armand Doudjo, président du conseil exécutif de la confédération camerounaise des acteurs agropastoraux. Il explique d’ailleurs que le village agro-communautaire, «c’est 50 jeunes identifiés, sensibilisés et formés». Il s’agit de les accompagner à produire ce qu’ils ont désiré, et surtout mettre leur production sur le marché camerounais, pour enfin consommer ce que nous produisons», renchérit-il. Pour rappel, la CCAA, est un projet initié depuis 2016, pour accompagner le gouvernement dans la professionnalisation du secteur agricole au Cameroun. «Nous jouons le rôle d’intermédiation entre le producteur et le consommateur final des produits», explique Armand Doudjo. Depuis le lancement des activités, l’on note un engouement qui va au-delà des attentes. «En 2020-2021, nous avons commencé dans la région du Sud (Ebolowa), avec plus de 300 veuves de nos forces de défense tombées au front et les chefs traditionnels. Tous formés dans la pisciculture et l’agriculture du soja, le projet de banane plantain et surtout dans le projet ferme porcine.
Nous avons entamé la région du Centre sur la formation en pisciculture, et nous souhaitons accompagner ces femmes vers l’autonomie financière. Jusqu’alors, nous avons déjà fait le tour des 58 départements du Cameroun dans le cadre de l’étude de faisabilité», se réjouit le président du conseil exécutif de la Confédération camerounaise des acteurs agropastoraux. Et d’ajouter: «après avoir pris le pouls dans les différentes localités du pays, les jeunes sont patients et s’ouvrent au secteur agropastoral pour le soutien de notre économie». À travers ce travail en amont, il est question pour nous d’entrer dans la Zone de libre-échange continentale (Zlecaf). En plus de favoriser l’autosuffisance alimentaire, pour ainsi barrer la voie aux importations, mettre en place de manière pratique l’import-substitution, et créer cette armée d’acteurs agropastoraux au Cameroun. Ce qui permettra de créer également des emplois, car un jeune qui a un hectare de champ, cela lui permet d’avoir plus de 75000 FCFA de revenus financiers par mois. Pour la relance de nos économies, «nous devons cesser d’importer ce que nous consommons, et consommer ce que nous produisons», conclut Armand Doudjo, président du conseil exécutif de la Confédération camerounaise des acteurs agropastoraux.
OM