La Cemac pour des têtes bien faites et bien pleines
À l’occasion de la Journée de la Cemac 2023, avec pour thème»: Valoriser le capital humain pour une Cemac émergente», votre journal dresse le panorama des acquis et des perspectives en matière de formation et d’éducation des citoyens de la sous-région.
1. Le département en charge de la formation de l’éducation et de la formation
Le Département de l’Éducation, de la Recherche et du Développement Social chargé des Droits de l’homme et de la Bonne Gouvernance exerce différentes missions qui, en vertu des textes statutaires, se résument:
L’élaboration et la mise en œuvre des programmes d’intégration régionale visant à l’harmonisation des cursus et curricula, réseaux de Chercheurs, centres d’excellences, reformes LMD et facilitation de l’accès à la formation en zone Cemac;
L’initiation et l’exécution des programmes de développement social au travers de la santé, du genre, de l’emploi et du travail décent;
La définition et la réalisation des programmes d’intégration régionale dans les domaines des droits de l’homme et de la bonne Gouvernance;
La promotion du patrimoine culturel, artistique et des échanges ainsi que de la promotion de l’excellence sportive des jeunes talents communautaires.
La formation des citoyens communautaires dans l’enseignement supérieur s’est davantage professionnalisée; le facteur humain est la clé de voûte du développement de toute société. Une Communauté émergente est une Communauté qui dispose des ressources humaines bien formées dans des disciplines pertinentes en lien avec ses besoins et sa configuration spécifiques.
La compétence, le professionnalisme et le savoir-faire sont ainsi le creuset de l’intégration communautaire et le levain du développement.
À ce titre, presque la moitié des institutions spécialisées et agences d’exécution relevant de l’UEAC, soit cinq sur douze, sont des écoles de formation. Cette orientation fait l’écho de la volonté des plus hautes autorités de la Communauté de placer la formation de l’homme au cœur de leur priorité en tant qu’outil de développement. Au titre de la formation continue, du recyclage, du perfectionnement et de la spécialisation, plusieurs sessions ont été organisées au bénéfice des citoyens communautaires relevant ou non de diverses administrations de la sous-région Afrique Centrale. Ceux-ci ont ainsi pu renforcer leurs aptitudes professionnelles.
Le renforcement des capacités des populations de la Communauté s’est poursuivi dans le cadre des études, des enquêtes académiques et de la recherche appliquée.
Il y a lieu de se féliciter de la reconnaissance par l’Union Africaine des efforts accomplis par la Communauté en matière de formation dans le domaine statistique, au travers de l’attribution en 2015, à l’institution spécialisée en charge de cette formation, du prix de l’excellence de l’Union africaine. Ce prix consacre l’ISSEA comme la meilleure école de formation statistique en Afrique centrale.
L’élaboration par l’ISSEA d’une Stratégie Régionale de Développement de la Statistique de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (SRDS-CEEAC) n’est pas étrangère à cette reconnaissance.
2. État des lieux du programme de construction de l’espace CEMAC de l’ESRFP
Le Programme de Construction de l’Espace CEMAC de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Formation professionnelle, est l’expression de la ferme volonté des Chefs d’États de la sous-région à faire de ce secteur de formation du Capital humain, un des puissants leviers à la fois du développement et de l’intégration communautaire. Les objectifs du programme consistent à:
Moderniser et adapter l’Enseignement Supérieur de la zone Cemac aux nouvelles exigences mondiales: adéquation formation-emploi, assurance qualité de l ’Enseignement/Recherche et arrimage au système LMD;
Créer des Centres régionaux d’excellence de l’enseignement Supérieur et des formations Professionnelles;
Réorienter les recherches vers les thématiques retenues comme vecteurs inducteurs du développement durable de la Communauté s’adossant sur les 5 piliers de croissance du PERCEMAC: Énergie, Agriculture et Agroalimentaire, Économie forestière, Élevage et Pêche, Mines et Métallurgie;
Redimensionner et adapter les Formations professionnelles et les Filières d’apprentissage aux nouvelles exigences du marché de l’emploi.
S’agissant de l’état de déclinaison opérationnelle du Programme: on peut noter que depuis la Déclaration de Libreville, le Programme de Construction de l’espace Cemac de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Formation professionnelle a connu un déploiement opérationnel remarquable, même si par moment certains projets et activités peinent à être réalisées du fait des difficultés financières.
Le cadre juridique du Programme de Construction de l’espace Cemac de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Formation professionnelle est constitué par une trentaine des textes communautaires pour l’essentiel adoptés par le Conseil des ministres de l’UEAC. Le cadre institutionnel communautaire dédié aux questions de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Formation professionnelle se présente comme suit:
Conférence des Chefs d’États; – Conseil des Ministres de l’UEAC;
Conseil des Ministres sectoriels en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche;
Conférence des Recteurs d’Universités et Responsables d’Organismes de Recherche d’Afrique Centrale (CRUROR-AC);
Comité d’Experts constitué de la Cellule Technique communautaire LMD, du Groupe de Recherche et des Représentants des Ministres en charge de l’ESRS);
Association CEMAC des Œuvres universitaires et Confédération Organisations Sportives Universitaires d’Afrique Centrale (ACOU-COSUAC).
Plusieurs réalisations ont été enregistrées dans la cadre de la déclinaison opérationnelle du Programme de construction de l’espace Cemac de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de la Formation professionnelle. Nous citons entre autres:
La réforme des offres de formation et leur arrimage au système LMD;
L’accompagnement technique des Universités à appliquer le système LMD;
La sensibilisation sur les questions de professionnalisation des offres de formations universitaires et techniques; – L’adéquation des offres de formation aux exigences du marché de l’emploi, ce qui a renforcé le niveau d’employabilité des diplômés, issus des écoles communautaires de formation;
Le réseautage des Universités et des Organismes de recherche; – La mise en place des mécanismes d’échanges et de mobilités interuniversitaires;
La Création de la cellule communautaire Assurance qualité; – La prise en compte de l’axe 4 (capital humain) du PER- Cemac dans le Programme;
La réalisation d’une étude de faisabilité conduite par la FERDI pour la création d’une université d’excellence en zone CEMAC;
La création du Comité d’experts de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique; – Des avancées notables dans le Projet d’édification de l’Université Inter-États Cameroun-Congo (UICC) en centre de référence technologique communautaire;
Des avancées remarquables dans le Projet de transformation de l’Université Afro-américaine d’Afrique centrale en Centre d’excellence communautaire, avec en orbite des centres nationaux d’excellence;
La signature des accords de coopération et de partenariat avec le CAMES et l’UNESCO; – La problématique de financement du Comité de pilotage de la rationalisation des écoles communautaires semble connaître un début de solutions encourageantes.
3. Formation et enseignement supérieur
Le facteur humain est la clé de voûte du développement de toute société. Une Communauté émergente est une Communauté qui dispose des ressources humaines bien formées dans des disciplines pertinentes en lien avec ses besoins et sa configuration spécifiques.
La compétence, le professionnalisme et le savoir-faire sont ainsi le creuset de l’intégration communautaire et le levain du développement. À ce titre, presque la moitié des institutions spécialisées et agences d’exécution relevant de l’UEAC, soit cinq sur douze, sont des écoles de formation. Cette orientation fait l’écho de la volonté des plus hautes autorités de la Communauté de placer la formation de l’homme au cœur de leur priorité en tant qu’outil de développement.
Dans le cadre de ses attributions, la Direction de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Formation professionnelle (DESRFP) s’emploie à rendre plus performant le système d’enseignement supérieur de qualité en zone Cemac. Elle constitue en ce sens l’indispensable levier d’intégration pour la formation et la circulation du capital humain qui conditionne le succès de tout projet de développement.
La DESRFP exerce ses missions suivant une stratégie conforme au Programme de Renforcement des Capacités Institutionnelles la Commission (PRCI, octobre 2010). Elle assure la mise en œuvre et le suivi de la politique communautaire dans les domaines de l’enseignement supérieur, de la recherche, de la formation professionnelle et de la coopération régionale suivant des approches précises.
Dans le domaine de l’Enseignement Supérieur
L’objectif stratégique qui vise à «promouvoir un enseignement supérieur de qualité», est décliné en trois objectifs opérationnels que sont:
Améliorer l’offre de formation et la qualité de l’Enseignement Supérieur;
Assurer le suivi et l’accompagnement de la formation professionnelle (continue) des écoles de formation communautaires (ISSEA, ISTA, EIED, CIESPAC, IEF, EHT);
Élaborer et mettre en œuvre des programmes d’intégration régionale visant à harmoniser les cursus et les curricula des études;
Conduire la réforme du système LMD dans la zone CEMAC;
Harmoniser les programmes de l’enseignement supérieur dans les secteurs prioritaires; – Promouvoir les centres d’excellence communautaire;
Organiser les rencontres régionales pour l’avancée de la science et de la technologie;
Assurer le suivi de l’application des normes éthiques dans le domaine de la recherche scientifique.
Dans le domaine de la recherche et de l’innovation
L’objectif stratégique consiste à «développer et valoriser la recherche scientifique et technologique». Les objectifs opérationnels qui vont participer à sa concrétisation sont: –
Générer les connaissances/technologies pour améliorer les systèmes de production du savoir et de leur transfert;
Promouvoir les résultats de la recherche, la culture de l’innovation et des inventions;
Créer un cadre institutionnel adapté à la recherche-développement;
Mettre en œuvre les actions contribuant à l’émergence d’une société du savoir;
Améliorer la diffusion et l’utilisation des résultats de la recherche scientifique.
Dans le domaine de la coopération régionale et internationale
L’objectif stratégique permet de «renforcer la coopération régionale et internationale dans le domaine de l’enseignement notamment supérieur, de la recherche et de la formation professionnelle». Les objectifs opérationnels consistent à:
Promouvoir la mobilité des enseignants, des chercheurs et des étudiants;
Promouvoir les partenariats Université-Entreprises dans le cadre de la recherche/développement;
Organiser les réseaux de enseignants-chercheurs et chercheurs;
Assurer le contrôle et coordonner la coopération en matière de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la formation professionnelle;
Mobiliser les ressources nécessaires pour le financement des activités dans le cadre de l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation technologique.
4. transformation de l’Université afro-américaine d’Afrique centrale (AAUCA) en Centre Universitaire d’Excellence Communautaire
Faisant suite à la demande formulée par le Gouvernement de Guinée Équatoriale: V/C N° 97/BT du 18 septembre 2019, une première mission technique s’est rendu à l’AAUCA en janvier 2020, dont l’objectif principal était de collecter et de documenter les informations nécessaires à l’analyse de l’existant et à l’évaluation interne des acquis et besoins. La méthodologie du travail a porté sur le choix d’un processus qui se voulait participatif, en prévoyant la consultation de l’ensemble des parties prenantes et des acteurs impliqués, pour une meilleure prise en compte de leurs préoccupations spécifiques en matière de formation professionnelle de qualité et de renommée internationale. Un premier rapport a été dressé et est disponible.
La seconde mission technique, effectuée du 17 au 24 octobre 2021, a été retardée en raison de la pandémie du Covid-19. Elle répond à la sollicitation urgente et à l’édiction issue des recommandations fortes du Conseil des Ministres sectoriels en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique des États membres de la Cemac, tenu le 06 août 2021, notamment celles de voir aboutir très rapidement le projet de transformation de l’Université Afro-américaine de Djibloho en Pôle d’Excellence Communautaire.
L’objectif stratégique majeur de la mission est de faire un état des lieux, plus ou moins exhaustif, sur l’actuelle AAUCA et dessiner les contours réels, en termes de gouvernance académique, universitaire, pédagogique et scientifique de sa transformation en Pôle d’Excellence Communautaire. Les échanges se sont essentiellement focalisés sur la déclinaison des critères ou normes et standards internationaux d’attribution du statut de «Pôle d’excellence»; ensuite, l’analyse de l’existant et l’évaluation des acquis ou besoins, aux différents niveaux de gouvernance universitaire, avec des emphases sur les forces/atouts et faiblesses/opportunités de l’AAUCA; enfin, la formulation des recommandations et le relevé de conclusions, pour servir d’aide à la décision. La mission a relevé des forces mais aussi des faiblesses, car la planification ne s’est réalisée que très partiellement.
S’agissant des points forts:
Lancement de la première promotion au titre de l’année universitaire 2019-2020;
Ouverture partielle des cours préparatoires, résidences universitaires et de la bibliothèque; – Sentiment fort partagé, de la promotion d’une institution universitaire d’excellence;
Image positive d’une institution dynamique et ambitieuse;
Succès des premières étapes d’émergence académique; – Mobilité enseignante et qualité de la vie étudiante;
AAUCA s’inspire du modèle anglo-saxon dans son offre de formation; – Élaboration partielle des outils de gouvernance académique (statuts, règlement du CA, maquettes pédagogiques et procédures d’appel d’offre de recrutement du personnel, etc.);
Partenariat apprécié par les collectivités locales, le ministère de l’enseignement supérieur et le gouvernement de GE et les partenaires au développement;
Partenariat fort avec l’UNESCO («Bureau régional d’Afrique centrale»)
Quant aux points de faiblesses:
Gouvernance académique et communication:
Outils de gouvernance académique et de la recherche inachevés;
Faible niveau de communication et de visibilité (absence de sites internet et de portails numériques, absence de plan de communication, etc.);
Retard dans la mise en œuvre du système d’information de l’AAUCA;
Partenariats non encore diversifiés, notamment avec les institutions internationales et nationales, les partenaires privés, les universités et centres de recherche…;
L’offre de formation, qui reste, par ailleurs, incomplète ne prend pas suffisamment en compte les mutations du monde actuel fondées sur l’innovation. On retrouve: l’économie, l’éducation, les sciences humaines, l’architecture, l’économie, la gestion, tout ce qu’il y a de classique et pour lequel un classement international est perdu d’avance. L’AAUCA ne tranche pas avec l’Université nationale et se met en concurrence avec les établissements des États de la Cemac qui peuvent se prévaloir de leur expérience;
Les modalités de la formation alternative ne sont pas encore prises en compte: la formation continue, la formation en alternance, la Valorisation des Acquis de l’Expérience (VAE);
Gouvernance de la recherche:
Système universitaire et de recherche encore non élaboré (absence de textes juridiques, absence de programmes de recherche)
Aucun laboratoire n’est opérationnel et Insuffisance du matériel de laboratoire déjà reçu;
Retard dans le recrutement des chercheurs de haut niveau et du personnel La mission a formulé plusieurs recommandations, notamment le renforcement du cadre juridique et institutionnel et la gouvernance universitaire, en reconnaissant, l’importance de l’engagement politique tel que manifesté par les ressources déjà investies pour les infrastructures et les équipements de l’AAUCA. Les lourdeurs et freins constatés sont aggravés par l’absence d’objectifs précis et d’évaluations ex-post. L’offre de formation reste largement classique, au même titre que les universités nationales, elle n’intègre pas, pour l’instant, les domaines de l’innovation technologique. Enfin, pour finaliser la phase de déploiement des services, assurer ses responsabilités élargies, lancer les projets ambitieux des investissements d’avenir, l’AAUCA a consenti des efforts collectifs considérables:
Le renforcement du cadre juridique et institutionnel: seuls les statuts élaborés et validés sont appliqués. Les autres textes notamment les règlements pédagogique, des études, du Conseil d’administration, la charte d’éthique et de déontologie… n’existent pas et ne figurent guère à l’agenda d’un début d’élaboration;
La refonte systémique de l’offre de formation pour un enseignement supérieur de qualité. – Les outils et instruments d’assurance qualité, de renforcement de gouvernance universitaire (académique, pédagogique), de partenariat innovant pour plus de visibilité à l’international.
5. Création des centres d’excellence
La Commission de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac) a pour ambition de créer une université d’excellence régionale à l’horizon 2022-2023. Ce projet, impulsé par le Président de la Commission de la Cemac, a reçu l’adhésion des six (6) pays membres par la voix de leurs Ministres de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche respectifs. Il a été acté que cette université d’excellence régionale sera basée en Guinée Équatoriale, sur le campus de Djibloho, et qu’elle s’appuiera sur un maillage d’instituts satellites, centres de formation et de recherche scientifique d’excellence présents dans différents pays membres de la Cemac.
L’un des principaux objectifs de cette université d’excellence et des instituts satellites est de répondre aux besoins en formation et par la suite en emploi de la jeunesse d’Afrique Centrale. Si les pays de la Cemac devaient en effet se projeter sur les vingt prochaines années, de quelles compétences auraient-ils besoin pour soutenir leur croissance et être compétitifs? L’étude a été placée sous la coordination du Directeur de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de la Formation Professionnelle de la Commission de la Cemac. Elle a été confiée à la Fondation pour les Études et Recherches sur le Développement International (Ferdi), l’un des principaux think tanks français et européens sur les questions de développement international durable. Son objectif général est de 7 dresser un état des lieux qualitatif et objectif des formations supérieures et de recherche dispensée dans les six pays de la Cemac, puis de proposer une analyse critique de la structuration de l’université d’excellence. Pour la conduite de l’étude et pour chaque pays membre, la Ferdi a pu s’appuyer sur une personne ressource désignée comme point focal du projet par le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.
Comme cela est rappelé dans les termes de référence de cette étude, aucune université de la Cemac ne figure dans le top 1000 du classement de Shanghai en 2020 (15 universités africaines y figurent, dont 8 Sud-africaines). L’absence d’université de la Cemac dans les classements internationaux a des conséquences sur l’image et la performance des systèmes d’enseignement supérieur dans un contexte de compétition mondiale des offres d’enseignement supérieur sur le marché du travail. Cela est dommageable particulièrement pour le secteur privé qui manque d’ouvriers, d’employés, d’agents de maîtrise et de cadres bien formés, nécessaires au développement des différentes filières économiques. Cette mauvaise performance des établissements d’enseignement supérieur de la zone inquiète aussi les responsables et les acteurs à tous les niveaux: enseignants, chercheurs, étudiants, personnels administratifs et techniques et décideurs politiques. Il y a donc une nécessité urgente pour les universités et les centres de recherche dans l’espace Cemac d’être attentifs à cette réalité mondiale pour se réformer et cultiver l’excellence académique dans la solidarité et ainsi tenir compte des besoins des pays dans la perspective des évolutions et mutations économiques.
Par ailleurs, des milliers de jeunes Africains sont à la recherche de formations de qualité. Les pays membres pâtissent par exemple d’un manque de formations dans le supérieur aussi bien dans les domaines technologiques que de gestion, management ou encore maîtrise d’ouvrage. Ce manque d’offre de formations dans certains domaines comme les sciences et technologies pousse les jeunes à poursuivre leurs études supérieures hors de la Cemac malgré des coûts très élevés.
Trop souvent, ils ne reviennent pas dans leur pays d’origine une fois leur diplôme obtenu, entraînant ainsi une fuite des cerveaux bien dommageable pour l’avenir de la région. Les initiatives privées peuvent constituer un véritable potentiel d’offre de formations supérieures complémentaires à celles dispensées dans les établissements publics. De plus, la recherche, source d’innovation et de croissance, reste un secteur sous-financé au sein des universités et des centres de recherche dans chacun des pays membres de la sous-région. Les étudiants souhaitant contribuer aux réflexions sont souvent contraints de quitter la région, notamment pour les universités du Nord afin de se former puis de conduire leurs recherches par la suite.
Parallèlement à l’adoption du système LMD1, la Commission de la Cemac a mis en œuvre en 1995 le programme CER (Centres d’Excellence Régionaux) consistant à distinguer et renforcer des centres de formation -déjà reconnus- dans le domaine du management (économie, finance et gestion) et dans les grands piliers de la croissance (NTIC, agronomie, eau, électricité, transports, génie civil BTP, génie mécanique, pétrole, mines, mécanique, élevage et pêche, développement durable…).
Les coûts de fonctionnement élevés de ces centres d’excellence ont posé la question du rapprochement, voire de la fusion (exemple pour ISTA, IEF, EIED, ISSEA) de certains centres et le nécessaire recours aux partenariats publics-privés (PPP), aux partenaires techniques et financiers (PTF) tout comme aux partenariats avec des universités reconnues à l’international pour prolonger le développement de leurs activités. Préoccupée par ce contexte, la Commission de la Cemac a souhaité produire un état des lieux des formations supérieures puis, en fonction de l’existant et des lacunes 8 observées, considérer un soutien à un projet régional permettant d’atténuer ces manques et qui bénéficierait à la jeunesse de l’ensemble des pays membres de la Cemac. La réflexion a conduit la Commission de la Cemac à faire le choix d’un projet de création d’une université d’excellence régionale, basée en Guinée Équatoriale sur le campus de Djibloho.
L’étude s’est appuyée sur les points focaux désignés dans chaque pays membre par les Ministres sectoriels en charge de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Ces points focaux sont par ailleurs généralement les référents LMD pour la Commission de la Cemac. Des contrats tripartites sont établis entre le point focal, la Ferdi et la Commission de la Cemac. L’élément central du contrat réside dans une collecte de données demandée au point focal. Sur la base de questionnaires conçus par la Ferdi, le point focal réalise un état des lieux des formations, supérieures et de recherche, dispensées dans le pays que couvre sa mission.
Plus précisément, il dresse un panorama des établissements d’enseignement supérieur publics et privés, des établissements de formation professionnelle publics et privés et de leurs composantes. À son initiative, le point focal peut proposer à la Ferdi d’autres informations estimées pertinentes pour la réalisation de l’étude sur la base des réalités locales. Pour chaque établissement recensé, une fiche synthétique de caractérisation est produite. Le point focal est sollicité une seconde fois à travers la relecture de la cartographie des formations – pour le pays qu’il couvre- établie par la Ferdi. Il apporte alors toutes les corrections et/ou informations manquantes ou nouvelles pertinentes et valide le document. Le calendrier initial avait fixé la réalisation de l’étude sur la période juin-décembre 2021, avec la phase de collecte des données sur la période d’août 2021.
Divers éléments (humains, matériels) ont contrarié la phase de collecte. Des retours lacunaires, très inégaux selon les pays et de qualité insuffisante des questionnaires étaient constatés dans un premier temps. Un glissement du calendrier a alors été convenu avec la Commission de la Cemac portant la remise de l’étude à fin mars 2022, la collecte des données se réalisant du 10 décembre 2021 au 4 mars 2022. Au cours de la phase de collecte, plusieurs réunions organisées par le Directeur de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de la Formation Professionnelle avec les experts de la Ferdi et les points focaux ont permis de mesurer l’avancement du travail de collecte, et d’identifier les points de blocage pour lesquels une intervention politique au niveau adéquat était utile.
À travers la création d’une université d’excellence, la Commission de la Cemac souhaite accompagner la transformation structurelle des économies de la région et promouvoir leur compétitivité en leur apportant une main d’œuvre hautement qualifiée et dotée des compétences. L’étude de faisabilité a permis de:
Dresser un état des lieux qualitatif et objectif des formations supérieures et de recherche dispensées dans les pays de la CEMAC; Procéder à une analyse critique sur le projet de structuration de l’Université d’excellence régionale de Djibloho (le campus central) et son maillage avec des pôles d’excellence identifiés dans les six pays membres (les instituts nationaux satellites);
Valider un référentiel CEMAC définissant les critères d’éligibilité et les objectifs de performance d’une université ou d’un centre d’excellence communautaire, avec les indicateurs de suivi.
6. Université Inter-États Cameroun Congo
La volonté des Chefs d’État du Cameroun et du Congo est de renforcer l’intégration sous régionale, en commençant par leurs deux pays respectifs. C’est ainsi qu’ils ont défini et mettent en œuvre un important portefeuille de projets intégrateurs dont la création de l’Université Inter-États Congo- Cameroun. L’enseignement supérieur et la recherche, à travers l’Université Inter-États-Cameroun-Congo (UIECC), figure parmi les 11 projets intégrateurs de la CEMAC qui ont fait l’objet d’une table ronde en novembre 2020 à Paris sur la mobilisation de financements dédiés aux infrastructures de la Zone CEMAC. Ces 11 projets portent sur les corridors régionaux de transport, la production et l’interconnexion énergétique, le marché unique, la libre circulation des biens, des services et des personnes, la diversification économique et donc le capital humain. Ils ont été choisis pour leur haut degré de maturité et de préparation.
Il s’agit de développer la coopération entre les deux pays en matière d’enseignement supérieur et de créer un pôle d’excellence technologique dans la sous-région et de renforcer l’intégration entre les deux peuples. En considérant la nécessité d’une réelle mise en œuvre des potentialités résultant de la forêt équatoriale de l’Afrique Centrale que les deux pays partagent, l’Université Inter-États, ouverte sur deux (2) campus (Sangmélima et Ouesso), reçoit pour principale mission la promotion du progrès du savoir et du développement dans les domaines prioritaires de l’agriculture, la forêt, la protection de l’environnement et les technologies de l’information et de la communication.
C’est donc une demande des Ministres des pays de la CEMAC en charge des Forêts, de faire de l’Université Inter-États Congo-Cameroun (UIECC), un pôle de référence dans la formation aux métiers du bois en Afrique Centrale, notamment sur le campus de Ouesso au Congo. Le Cameroun et le Congo s’engagent à approfondir les études et les recherches, à travers l’Université Inter-États, en vue de préserver les écosystèmes, promouvoir et développer les TIC, ainsi que tout autre domaine auquel il est convenu d’accord Parties. Dans cette optique, l’Université Inter-États assurera la formation des ressortissants des deux pays, ceux de la sous-région d’Afrique Centrale et d’autres régions dans les domaines de l’agriculture, l’agroforesterie et l’environnement, les technologies de l’information et de la communication. Le label CEMAC de «Pôle d’excellence technologique communautaire» qui est envisagé pour l’Université Inter-États Congo-Cameroun, est une décision heureuse que les deux parties prenantes au projet s’attèlent d’ores et déjà à mettre en œuvre, dans la mesure où elle vient conforter la vocation sous régionale et l’esprit d’innovation éducative et technologique de l’Université Inter-États, ainsi que l’intérêt que les partenaires techniques et financiers marquent pour cette Université. Ce dossier a suivi tout le processus de validation en interne et au niveau des instances décisionnelles de la Communauté et a été inscrit au titre des Notes d’information du Conseil des Ministres de l’UEAC du 08 décembre 2021. Un travail de suivi-évaluation se poursuit entre la Commission de la CEMAC et l’Université Inter-états Cameroun-Congo.
7. Textes relatifs à la promotion de la formation et de l’enseignement supérieur
Le cadre juridique du Programme de Construction de l’Espace CEMAC de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Formation professionnelle est constitué par les textes communautaires suivants:
Règlement n°09/09-UEAC-019-CM-02, du 17 aout 1999, relatif au traitement national à accorder aux étudiants ressortissants des pays membres de la Communauté;
Règlement n°10/03-UEAC-019-CM-10, du 21 aout 2003, portant adoption et utilisation de la déclaration statistique abrégée des effectifs des étudiants de la Communauté;
Règlement n°09/03-UEAC-019-CM-10, du 28 aout 2003, portant institution d’un «Programme communautaire d’échange interuniversitaire en zone CEMAC»;
Règlement n°08/03-UEAC-019-CM-19, du 27 aout 2003, portant création de la Conférence des Recteurs d’Universités et des Responsables d’Organismes de Recherches d’Afrique Centrale (CRUROR-AC);
Déclaration de Libreville, du 05 février 2005, portant construction de «l’Espace CEMAC de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de la Formation Professionnelle»;
Règlement n°11/05-UEAC-152-CM-13, du 05 février 2005, portant soutien à la mise en œuvre des programmes sous-région aux intégrateurs dans le secteur de l’éducation;
Décision n°05/05-UEAC-019-CM-13, du 05 février 2005, donnant mandat au Secrétariat Exécutif de la CEMAC d’œuvrer à la réalisation des recommandations de la première conférence de la CRUROR-AC; –
Directive n°01/06-UEAC-019-CM-14, du 10ars 2006, portant application du système LMD (Licence, Master et Doctorat) dans les Universités et Établissements d’Enseignement Supérieur de l’espace CEMAC;
Directive n°02/06-UEAC-019-CM-14, du 10 Mars 2006, portant organisation des études universitaires dans l’espace CEMAC dans le cadre du Système LMD;
Règlement n°04/11-UEAC-019-CM-22, du 19 décembre 2011, modifiant certaines dispositions du Règlement n°08/03-UEAC-019-CM-10, du 28 août 2003, portant création de la Conférence des Recteurs des Universités et Responsables des Organismes de Recherche d’Afrique Centrale (CRUROR-AC);
Règlement n°05/11-UEAC-019-CM-19, du 08 mars 2011, portant Règlement Intérieur de la Conférence des Recteurs d’Universités et des Responsables d’Organismes de Recherches d’Afrique Centrale (CRUROR-AC);
Décision n°14/21-UEAC-107-CM-37 du 08 décembre 2021, portant création, organisation et fonctionnement de la Cellule communautaire Assurance Qualité dans l’espace CEMAC de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Formation professionnelle;
Règlement n°18/21-UEAC-107-CM-37, du 08 décembre 2021, portant création d’un label et d’une accréditation dénommés «Accréditation Label CEMAC de l’Excellence», en abrégé «ALCE» au sein de l’esp