Sahara Occidental : l’autre révélateur de l’impuissance de l’Union africaine

Les débats au Conseil de sécurité de l’Onu portant sur le Sahara Occidental sont relancés depuis ce mois d’avril, en vue de la reprise des négociations sous l’égide des Nations unies.

Ceci à deux semaines d’un vote sur le renouvellement du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso). Cette mission est vieille de 26 ans. Vaste étendue désertique avec 1 100 km de côte atlantique au nord de la Mauritanie, le Sahara occidental est le seul territoire du continent africain dont le statut post-colonial n’a pas été réglé.

Le Maroc en contrôle 80 %, le Front Polisario 20 %. Les deux parties sont séparées par un mur et une zone tampon contrôlée par les Casques bleus. Le Front Polisario réclame un référendum d’autodétermination pouvant conduire à son indépendance, mais le Maroc rejette toute autre solution que l’autonomie sous sa souveraineté.

Intérêts supérieurs

Depuis le dimanche 1er avril dernier, les diatribes et actions de protestations sur le Sahara Occidental ont marqué la communication des principales forces en présence sur ce conflit. Les accusations marocaines sur des incursions du Front Polisario dans la zone tampon de la région d’Al Mahbes ont été démenties à la fois par le Front indépendantiste sahraoui (Polisario) et la mission de surveillance onusienne.

A Laâyoune (ancienne capitale du Sahara Occidental), le lundi 9 avril 2018, les autorités marocaines ont organisé une journée patriotique pour défendre l’intégrité territoriale du royaume. C’est dire que le Sahara Occidental revêt le caractère de cause nationale. Bien plus, le Maroc a, dans une lettre au secrétaire général de l’Onu, vertement souligné une responsabilité algérienne en ces termes: «l’Algérie a une responsabilité flagrante. L’Algérie finance, l’Algérie abrite, l’Algérie arme, l’Algérie soutient diplomatiquement le Polisario».

Pour bien des observateurs, ces accusations de Rabat visent à amener le pays de Bouteflika à la table de négociations. Mais pour l’instant Alger dit niet : «le Maroc affirme que c’est une affaire entre l’Algérie et le Maroc. Ce n’est pas le cas ! C’est une affaire entre le Maroc et le peuple sahraoui, et entre le Maroc et les décisions des Nations unies.

La négociation sur le fond s’est toujours faite entre des représentants du Front Polisario et du Maroc, cela ne changera pas», a réagi Abdelkader Messahel, le ministre algérien des Affaires étrangère. Ce dernier admet toutefois que «l’Algérie soutient le Polisario (mouvement politique et armé du Sahara occidental) par devoir de solidarité à l’égard du peuple sahraoui».

Cohésion continentale

Sur le continent africain, le conflit entre Rabat et le Front Polisario soutenu par l’Algérie met à mal la cohésion du continent. Les pays africains sont divisés sur le sujet selon qu’ils soient partisans de l’autodétermination des peuples, proches de l’Algérie ou amis du Maroc. Au nord du continent précisément, l’Union du Maghreb Arabe (UMA), organisation d’intégration, est agonisante.

La structure convulse sous le bras de fer entre Alger et Rabat sur lequel les Etats membres sont bien entendu divisés. Les divisions afro africaines sont la conséquence d’une mutation du rapport de force. L’opposition entre Rabat, la RASD et Alger a pris la forme d’une coopération économique. La géopolitique de la diplomatie économique se veut le nouveau théâtre d’opération.

Les investissements marocains, essentiellement en Afrique subsaharienne, ont permis de convertir plusieurs positions. Ce qui a facilité son retour à l’Union africaine (UA) sans que ce contentieux ne soit vidé. Tout ceci dans un immobilisme éloquent de l’organisation panafricaine.

L’Afrique est absente d’un des plus grands conflits de son histoire. Sa longévité est aussi inquiétante que la longue position d’observateur des Etats africains. Devant un des plus grands échecs des relations internationales africaines, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA a déclaré de manière péremptoire: «les initiatives de l’Union africaine se greffent au processus onusien».

Zacharie Roger Mbarga

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