Développement local:Le Feicom inspire l’Afrique

Les visites de benchmarking des pays du continent se multiplient auprès du Fonds spécial d’équipement et d’intervention inter-communale. La dernière en date s’est déroulée en fin de semaine dernière.

Photo de famille au terme de la visite du vendredi 13 avril 2018.

Au regard de cette dernière visite, on pourrait même dire que le Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (Feicom) est prophète chez soi. C’est en effet le Programme national de développement participatif (PNDP), un autre instrument local de financement des collectivités territoriales décentralisées, qui a aiguillonné ses hôtes vers la structure que dirige, depuis fin 2005, Philippe Camille Akoa.

La délégation guinéenne, reçue au Feicom ce matin de vendredi 13 avril 2018, est en réalité au Cameroun «à l’effet d’apprécier, in situ, les réalisations du PNDP». Cette expérience, le programme l’a partagée dans le cadre d’un dialogue sud-sud mise en place par la Banque mondiale. Cette plateforme d’échanges regroupe trois programmes financés par l’institution de Bretton Woods: le PNDP du Cameroun, le Projet d’appui aux communautés villageoises (PACV) de Guinée Conakry, et le Projet pôle de développement de la Casamance (PPDC) du Sénégal.

Mais il se trouve que le PACV clôture cette année. Et le pays d’Alpha Condé est en train de mettre en place le Fonds nationale de développement local qui devra prendre le relai de ce projet. Seulement, contrairement au PACV financé par les partenaires au développement, l’agence qui va gérer le fonds devra elle-même mobiliser ses ressources. La séance de travail avec le staff de Philippe Camille Akoa avait donc pour objectif de «s’enrichir de l’exemple et de l’expérience du Feicom en matière de financement des projets de développement des collectivités territoriales décentralisées».

Satisfaction

Durant deux heures, les responsables du Feicom ont expliqué le système de mobilisation et de répartition des ressources, de financement de projets et de recouvrement des prêts accordés aux collectivités territoriales décentralisées du Cameroun. On retient notamment que les ressources du Feicom viennent de la fiscalité locale, des subventions et des ristournes consenties par l’Etat. Le Feicom bénéficie en outre d’une partie des fonds provenant de la coopération orientée vers le développement local.

La répartition, quant à elle, est basée sur le principe de solidarité entre les communes. Et le financement des projets générateurs de revenus repose sur des business plan. «J’ai été fortement impressionné par le directeur général du Feicom. Et je repars dans mon pays avec quelque chose dans mon sac», indique Moussa Traoré, le conseiller technique principal au ministère guinéen de l’Administration du territoire et de la Décentralisation. «Nous allons beaucoup utiliser les outils du Feicom pour préparer nos textes et nos manuels de procédures…», précise Alhassane Touré, le coordonnateur national du PACV.

Récurrence

Depuis quelques années, le Feicom reçoit annuellement au moins une mission de benchmarking venant d’un pays africain. En 2015, l’organisme a reçu une délégation du ministère gabonais de l’Intérieur, de la Sécurité publique, de l’Immigration et de la Décentralisation. L’année suivante, c’était au tour de l’Association des maires du Sénégal et du Fonds de prêts aux collectivités locales de Côte d’Ivoire de venir s’inspirer de l’exemple du Feicom. En 2017, l’Agence nationale de financement des collectivités territoriale du Niger leur emboitait le pas. Le succès qui vaut aujourd’hui au Feicom ce rayonnement international n’était pas donné.

En 2005, lorsque Philippe Camille Akoa est désigné administrateur provisoire de l’institution, le Feicom agonise, rongé par la mal gouvernance mise en exergue par deux audits : un du Contrôle supérieur de l’Etat et l’autre du consortium franco-camerounais 2AC/ACP. Dans le cadre du programme d’ajustement structurel que le Cameroun met alors en œuvre pour l’atteinte de l’Initiative pays pauvre très endetté, le Fonds monétaire international demande même de «faire disparaitre le Feicom du paysage institutionnel camerounais».

Aboudi Ottou

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