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Voie publique: Yaoundé a mal à ses feux

Observé ces derniers temps, leur dérèglement créé plusieurs désagréments auprès des usagers de la capitale.

 

Yaoundé, à une heure de pointe.

 

Yaoundé, Place Ahmadou Ahidjo (communément appelée «Poste centrale»). «Ici, c’est une agora dangereuse. Une place publique où les usagers échangent des formules lapidaires chaque jour», décrit un officier du Groupement mobile d’intervention N° I. «Automobilistes ou piétons, chacun croit être prioritaire dès lors que scintille le vert… Pendant ce temps, de l’autre côté, c’est la même chose. Au final, d’interminables bouchons surtout aux heures de pointe», ajoute le flic. Un peu comme un pêcheur doit se préoccuper des marées, ce policier dit aussi gérer le dérèglement des feux de signalisation. A son avis, ces derniers sont devenus les mauvais alliés de la sécurité routière à cet endroit qui, selon l’ONG Centre d’études et d’expertise sur la mobilité et l’aménagement, accueille quotidiennement environ 05 millions de voitures et autant de personnes entre 07 heures et 10 heures.

A ces chiffres, Diane Yemele, sa coordonnatrice, associe une moyenne de 06 accidents (toutes les heures) dus au dérèglement des feux de signalisation. «A divers carrefours de la capitale, dit-elle, la situation n’est pas très différente ; certains feux virent au rouge juste après 20 secondes. D’autres alternent le rouge et le vert dans le même laps de temps. D’autres encore sont éternellement au vert. Pendant que sur le flanc opposé du carrefour, c’est le jaune qui clignote». «Un désordre!», peste Rodrigue Tuenkam, un promoteur d’auto-école. A l’en croire, sur le plan international, on prévoit systématiquement un temps pour le feu rouge pour les autos, on ajoute du temps en fonction de la largeur de l’axe traversé. Il est anormal qu’un feu reste plus de 120 secondes au rouge à 07 heures et moins à midi, au même endroit.

 

Explications

A la communauté urbaine de Yaoundé (CUY) chargé de la gestion des feux de signalisation de la capitale, on relativise. «Ces chiffres ne disent rien sur le nombre d’accidents que ces carrefours auraient pu provoquer s’ils n’avaient pas été protégés par des feux de signalisation», allègue-t-on. Prétextant qu’on se trompe de débat, l’on assure que «ce ne sont pas les feux qui sont responsables des accidents de circulation : c’est le non-respect des feux par l’usager au carrefour». Tout au plus, l’on insiste sur les critères qui gouvernent l’installation de feux. «Ils sont basés sur le volume total des voitures et des piétons traversant un carrefour, les délais subis par les véhicules et les piétons venant des rues transversales et le nombre de collisions à ce carrefour. A la Place Ahmadou Ahidjo où les feux sont coordonnés, le feu vert d’une rue transversale pourra être retardé davantage afin de permettre un meilleur écoulement de la circulation dans la rue principale».

Même si à côté on reconnaît toute l’urgence qu’il y a à repenser et favoriser une utilisation rationnelle et intelligente de tous les équipements de la route, afin de garantir à chacun les meilleures conditions de mobilité. Sur cet aspect, la CUY a déjà, apprend-on, lancé en procédure d’urgence, un appel d’offres national pour les travaux d’équipement en feux tricolores à certains carrefours de Yaoundé. Chiffré à 100 millions de francs CFA, ledit avis d’appel d’offres se résume au phasage actualisé et permanent (logigramme) des feux en fonctions du trafic du carrefour et des différentes heures de pointe.

 

Jean-René Meva’a Amougou

 

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