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Distribution de carburant et de pétrole : Les détaillants dans leur dernier retranchement

Ils se retrouvent en difficulté du fait de la prolifération des stations-service le long des routes desservant les villes voisines de Yaoundé.

Les marges bénéficiaires de plus en plus volatiles

Les plaintes des petits vendeurs et autres détaillants de carburant se font de plus en plus nombreuses. L’objet, c’est la progression des stations-service dans les villes périphériques de Yaoundé. Les commerçants se trouvant sur les routes menant aux villes de Mfou, Nkolafamba et Soa dans la Mefou-et-Afamba, et Mbankomo dans la Mefou-et-Akono en sont en effet les principales victimes. La progression exponentielle des pompes à essence les inquiète au plus haut point. Les bosquets faisant autrefois office de limite entre la capitale camerounaise et les villes secondaires disparaissent. Ils cèdent leurs places à l’urbanisation, donc les stations à essences en sont l’un des symboles.

Pour Sa Majesté Justin Amougou Manga du Groupement Mvog-Manga I, «les stations-services évoluent concomitamment avec l’évolution urbaine. À mon niveau, je reçois les demandes des opérateurs de ce secteur pour trouver les sites d’installation dans mon village. Une semaine avant le 15 août, j’ai reçu une délégation qui veut s’installer après le péage de Nkolmeyang», déclare le chef traditionnel. On ne compte pas moins de 20 stations en construction et en recherche d’espace. Toutes les entreprises opérant dans le secteur de la distribution du carburant sont dans la danse.

Pleurs
Malgré le fait que cette activité commerciale soit interdite, les petits vendeurs ne désarment pas. La majeure partie de ces détaillants sont des jeunes diplômés des universités. Ils n’ont pas eu la chance de décrocher un autre travail et ils se sont investis dans la vente de carburant. L’un d’eux, «Enfant du pays», compte quatre admissibilités au concours de l’École normale supérieure de Yaoundé. «Vendre le pétrole en détail est pour moi une nécessité. Les stations-service me mettent en difficulté sur le plan de la gestion de ma famille. Je suis même obligé de faire une reconversion», déclare Fabien Eyede propriétaire d’un comptoir au carrefour Man Assa à Nkongoa. C’est aussi le désarroi pour Eveline qui vend du pétrole lampant à Monti. Elle se plaint de voir sa clientèle se réduire comme peau de chagrin. Elle explique que depuis la construction des stations à Nsazomo tout près de l’IAI, sa clientèle disparaît.

Autres victimes
Les stations-service ne se positionnent pas ex-nihilo. Les petits marchés en cours de d’installations sont aussi les victimes de cette expansion. Toujours dans la Mefou-et-Afamba, à Nkongoa à 4 km d’Awae Escalier, Jean marie ne sait plus où il peut se réinstaller. En fait, sa boutique est détruite au profit de la construction d’une station. Et juste en face de lui, de l’autre côté de la route, Angèle vendeuse de carburant, est, elle aussi, sommée de partir. À cet endroit, il est prévu l’implantation d’un supermarché. «Comment je peux acheter le carburant chez mes bourreaux et le vendre à côté, c’est difficile et impossible», conclu Paul Adzi, ancien vendeur de carburant à Nkolfoulou.

André Gromyko Balla

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