Vie chère et familles nombreuses: à l’heure du réajustement au Cameroun
Madame Françoise Minyene l’avoue bien volontiers, garnir la table à manger dans son foyer se fait désormais à grands coups d’équations.
En retraite, ainsi que son époux, l’ancienne fonctionnaire d’Etat peine à combler les besoins nutritionnels des onze membres de sa maisonnée. «Avec l’augmentation du prix du pain à 150 FCFA, je me suis retrouvée en train de dépenser en moyenne 1200 FCFA chaque matin juste pour cet aliment. Sans compter que j’achète une alvéole d’oeufs à 2000 FCFA ce qui fait moins de cinq jours chez moi. C’était trop, j’ai donc supprimé le petit-déjeuner pour mes petits-fils. Maintenant chacun reçoit 100 FCFA le matin. Là je dépense tout juste 600 FCFA».
Alors que la conjoncture au Cameroun est marquée par une hausse généralisée des prix, les solutions de cette sexagénère pour juguler la vie chère ne sont pas épuisées. Elle a également banni certains aliments de la liste des courses quotidiennes. «Depuis le début d’année, je peux dire qu’on a mangé le macabo au trop deux fois chez moi. Je privilégie le riz et le couscous maïs parce que c’est abordable et ça donne beaucoup. J’ai oublié les choses comme le spaghetti depuis qu’il n’y a plus les paquets de 500 grammes de 3 à 1000 FCFA».
Au domicile de M et Madame Amougou, parents de huit enfants, la formule adoptée consiste à faire des stocks dès que l’opportunité se présente. «Mon mari est technicien et moi couturière. On a donc quelques sous qui peuvent rentrer en semaine. Dès que j’ai quelque chose, j’achète un truc à la maison. Je n’attends plus que le mois finisse mais j’achète petit à petit comme ça il y a toujours à manger. Là par exemple, j’avais 500 FCFA et j’ai pris les oignons chez un vendeur ambulant», explique la maîtresse de maison.
Pour parvenir à se constituer ainsi des réserves de nourriture, les chefs de famille multiplient des stratégies. «Depuis quelques temps, certains supermarchés passent des annonces sur les réseaux sociaux au sujet des prix qu’ils pratiquent. Je compare simplement les prix, ça me permet de savoir où je peux faire mes achats. Sinon pour les aliments du champ, j’ai opté pour envoyer l’argent à ma mère au village. Elle m’expédie les vivres, je peux ainsi acheter un régime de plantain qui se vend ici à 4000 FCFA à 2000 FCFA», explique Marlène Bisso, veuve chargée de neuf enfants.
Louise Nsana