Obsèques de Nkodo Si Tony : des hommages entachés de dissensions
Le Palais polyvalent des Sports de Yaoundé a été le théâtre d’un spectacle déshonorant. Sur le site, des éclats de voix et échauffourées ont éclaté entre les membres de la famille du défunt qui se regardaient en chien de faïence.
La cérémonie d’hommage de l’artiste-musicien Nkodo Si Tony, de son vrai nom Nkodo Si Tobie, prévue ce 21 avril 2022 a suscité de l’amertume et de l’indignation. Dans l’après-midi au Palais polyvalent des Sports de Yaoundé, c’est vers 18h51 que le cercueil en forme de micro sera installé dans la salle après la forte pluie. Les mélomanes venus des différents coins étaient médusés et sidérés, de voir les membres de la famille se chiffonner et s’invectiver sur le sujet. Dans la salle, les murmures allaient dans tous les sens. L’on pointe un doigt accusateur sur le comité d’organisation. Il a fallu la présence de l’artiste LeDoux Marcelin, remonté devant le spectacle désolant, pour voir les lignes bouger. «Ce n’est pas possible, cette image heurte toute sensibilité et n’honore pas les artistes.
Comment a-t-on laissé la dépouille sous la pluie» s’interroge-t-il? «Il aurait fallu mettre la dépouille à l’intérieur malgré le retard et non l’abandonner dans le véhicule sous la pluie», fulmine-il. Au moment où nous quittions les lieux à 19h30, rien n’était prêt, la chorale installait la sonorisation. Les uns et les autres soucieux et conscients de la valeur de l’illustre disparu se mobilisaient pour rattraper le temps perdu.
Souvenirs et oeuvres Nonobstant les fausses notes qui émaillent l’organisation des obsèques de la légende du bikutsi Nkodo Si Tony, les mélomanes gardent de lui le souvenir d’un grand artiste qui a révolutionné le rythme des peuples de la forêt. «Nkodo Si Tony est pour moi, celui qui a bercé notre enfance, l’image que je garde de lui est celle de l’artiste que l’on pourrait qualifier d’être dans le collectif du renouveau du bikutsi au Cameroun. Il est l’un des premiers artistes à jouer le bikutsi avec la symphonie, ils sont nombreux ces artistes du bikutsi qui font dans le folklore», explique Jean Blaise Eyegue, mélomane. «L’artiste musicien Nkodo Si Tony jouait la symphonie, donc les autres artistes avaient la possibilité de lire ses oeuvres et de les interpréter telles qu’elles, c’était sa marque à lui. C’est la raison pour laquelle en son temps, il a caracolé en tête des hit-parades. Dans les différentes émissions, il avait gardé la première place pendant au moins un an avec ses titres. Pour moi, s’il existait un panthéon, il est l’un des Camerounais dont le corps devrait reposer dans ces lieux», a-t-il renchéri.
Dans cette vague de discours dithyrambiques, les enfants gardent de lui le souvenir d’un papa qui a travaillé avec acharnement pour la musique. Toute chose qui a permis de faire connaitre le rythme du bikutsi hors des frontières. «Nkodo Si Tony est une icône de la musique camerounaise et internationale depuis 1978, après son premier album de retour du Nigéria. En 1988 il est connu davantage avec l’album «Me til wa no» en 1988; en 1989 «Ndoli bè» est sur le marché discographique, et d’autres tubes à succès», confie son fils ainé Tony Bazor. L’artiste Nkodo Si Tony s’en va et lègue ses œuvres à la postérité. «Il a formé beaucoup de jeunes, ses enfants, ses fils, filles et soeurs, à l’instar de Marinette Marceline Mbomozomo Nkodo, et il y a David Sitony et moi-même», conclut le fils aîné du défunt.
Olivier Mbessité