Olembé : CAN amère au «Village»

Depuis la suspension provisoire du stade éponyme, désillusion et colère sont les traits psychologiques qui régentent ce site enfanté par la compétition dans la capitale camerounaise.

 

Voici un lieu qui, il y a quelques jours encore, était devenu un repère vital pour les accrocs de rencontres entre amis. «La CAN avait transformé cet endroit. En quelque temps seulement, c’était devenu un microcosme fascinant. Les fans du foot y trouvaient l’écho de leurs rêves naissants, les couples s’y promenaient forcément main dans la main», se rappelle Aline Christelle Bedibone. «On a vu des colonnes de plus de 200 personnes arriver ici. Il faut avoir goûté l’excitation quotidienne dans cette fan zone pour être d’accord avec moi», poursuit la jeune restauratrice. Très visité les jours de matches des Lions Indomptables, aujourd’hui on s’abîme dans la contemplation d’un espace qui se vide.

Depuis quelque temps déjà, à cause de la suspension du stade d’Olembe, ce village de la CAN a vu baisser le nombre de randonneurs au profit de camionnettes réquisitionnées pour le déménagement de commerçants. Ce 27 janvier 2022, plusieurs poteaux, chaises, tables, contre-plaqués, plats, marmites et tôles sont éparpillés façon puzzle. Tout semble avoir été dynamité et ventilé. L’ambiance est froide et porte avec elle une lourde odeur de papier brûlé. Quelque part au loin, on entend le bruit de marteau. Partout où se porte le regard, on démolit. «C’est une catastrophe pour nous qui avons misé nos économies dans l’affaire; cet endroit portait pourtant les espoirs de ceux qui n’ont rien», explique Cyrille Ebanda. À côté de ce promoteur d’un commerce de bières en canette, une voix féminine estime que «la CAN, pour ceux qui prétendaient faire de bonnes affaires ici a été un voyage en utopie». «Ces gens ont menti au peuple», s’emporte une autre femme.

Le peuple?
Ici, le mot est devenu pour certains un moyen pour réhabiliter l’idée d’un malheur collectif. «En suspendant le stade d’Olembe, c’est tout le monde qu’on pénalise; c’est tout le monde qui souffre», affirme Cyrille Ebanda. Pour ne pas rajouter une couche d’hypertension à l’ambiance, il préfère avancer des thèses complotistes. «Ce village de la CAN est victime de sa proximité avec le stade. Seuls ceux qui l’ont suspendu savent ce qu’ils veulent réellement», dit-il pour bercer sa colère.

Pas très loin de ce raisonnement, Aline Christelle Bedibone bâtit même sur certaines zones d’ombre des théories hasardeuses, impliquant un complot au sein duquel le gouvernement camerounais ne serait qu’un «maillon de la chaîne». En tout cas, on peut ergoter tant qu’on veut sur les responsabilités, on réalise que le rêve de faire de bonnes affaires durant la CAN ici à Olembe est désormais ensablé.

Jean-René Meva’a Amougou

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