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Gouvernement/Opérateurs économiques : Entre désaccords et mésententes

Tout prétexte semble bon pour réactualiser la vieille querelle entre les promoteurs de PME et la puissance publique.

Dialogue de sourds entre Mincommerce et les opérateurs économiques

Même quand la situation aspirerait à davantage d’humilité, le Gicam, en bon lobby des patrons, ne manque jamais une occasion de se faire entendre. Le 2 décembre dernier, au nom de l’organisation dont il préside aux destinées, Célestin Tawamba a adressé une lettre à Chief Joseph Dion Ngute. Au Premier ministre, le président du Gicam a signifié que l’organisation dont il porte la voix ne participera pas à la 12ème session du Cameroon Business Forum (CBF) prévue le 15 décembre 2021. Officiellement, le Gicam dénonce l’absence d’une régulation institutionnelle minimale conjuguée avec celle d’un dispositif formalisé de dialogue social. Les justifications mises en avant s’appuient globalement sur une ligne politique réfractaire aux changements de vision au sein du CBF. Cette institution, selon les baromètres internes au Gicam, ne répond plus aux attentes du secteur privé.

Officieusement…
«Je vois des opérateurs économiques qui sont soit très en colère, soit un peu désespérés», souffle un importateur de riz basé à Yaoundé. Au vrai, il y a un vieux sujet qui fâche: la fiscalité. «Les contribuables et entreprises se trouvent lésées face au niveau très élevé des prélèvements fiscaux à la suite d’une crise sanitaire qui a plombé les activités et pour laquelle plusieurs d’entre elles peinent à trouver des débouchés. La persistance pour le gouvernement de tenir la base de calcul de l’Impôt sur les Sociétés, sur le chiffre d’affaires plutôt que sur le bénéfice, comme cela se fait dans d’autres pays, affaiblit davantage l’éclosion d’une économie que l’on espère florissante en 2035», dénonce Blanche Bahek, chargée d’études juridiques au Gicam. «La situation est grave au niveau des prix. Nous n’avons pas l’intention d’arrêter la production. Nous avons comme difficultés le problème de réduction des taxes, la double taxation sur la matière première. Si nous saluons le lancement de certaines réformes, il est également évident que le régime fiscal actuellement appliqué aux entreprises est une supercherie complète!», peste un autre importateur de riz.

À prendre les mots et leurs sens, il apparait que de nombreux opérateurs économiques ne sont pas satisfaits de la décision du gouvernement réduisant le taux de fret à prendre en compte pour la détermination de la valeur en douane des marchandises importées par voie maritime. Globalement, il y a un sentiment diffus d’un renforcement des formes de prélèvement et d’une complicité tacite de l’ensemble des institutions politiques. Afin de montrer leur désaccord, des opérateurs économiques s’en prennent donc au gouvernement en martelant qu’il existe absolument une relation étroite entre la fiscalité et le développement. «Si les entreprises ne parviennent pas à prospérer du fait d’une fiscalité sans cesse étouffante, la compétitivité de celles-ci est alors mise en jeu au détriment de l’économie nationale», démontre Blanche Bahek.

Chantage ?
Côté gouvernement, l’on estime que des importateurs rechignent à négocier et préfèrent utiliser les circuits médiatiques et le boycott pour faire pression sur la puissance publique. Pour compléter la description de ce «dispositif de combat», un cadre de la direction générale des Impôts parle du «recours à la publication de pamphlets». «Bâtis de façon identique, ceux-ci déplorent l’iniquité du système fiscal en présentant les importateurs comme de bons contribuables, contraints par l’injustice du système et la violence symbolique de l’État. Or, le gouvernement a pu s’aligner sur des points d’accord qui vont se traduire en plans d’action au niveau des différents ministères techniques concernés. Nous attendons aussi des décisions définitives sur quelques points d’arbitrage. Nous sommes en attente des décisions finales. Lesquelles viendront conforter toutes ces discussions afin que les importateurs respirent et trouvent de l’inspiration pour 2022».

Ongoung Zong Bella

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