Accords de partenariat économique : Le Cameroun se sent trahi

Sans basculer dans le rejet, les critiques à l’égard de l’Union européenne (UE) gagnent du terrain.

Officiels de l’UE et du Gicam après le conclave

Le feu ne couvait-il pas sous la cendre? Bien sûr que si. À Douala, au siège du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) le 30 novembre dernier, il n’a échappé à personne que, derrière les mots et les gestes de Mme Aline Mbono se profilait une déception. Rappelant les résultats de l’Enquête Globale sur les Entreprises de 2020 (EGE) réalisée par le Gicam, la directrice exécutive de l’organisation patronale a indiqué que «54% des entreprises interrogées estiment que l’APE Cameroun-UE n’a pas d’impact significatif sur leurs activités, seules 19,5% d’entre elles ont observé un impact positif tandis que pour 26,4%, cet accord a produit des répercussions négatives».

De ces chiffres, il ressort une très faible proportion des entreprises qui bénéficient des facilités liées à l’accord. Contrairement aux prévisions, a commenté Mme Aline Mbono, les PME occupent une place encore plus marginale. «Seulement 35% des demandes de bénéfice à l’APE sont validées tandis que plus de 80% des entreprises utilisant les facilités de l’APE sont des GE», a-t-elle souligné lors de l’atelier d’appropriation de l’APE bilatéral entre le Cameroun et l’UE.

Absence
À l’épreuve du décryptage, il s’agit d’une critique en règle qui intervient après une autre dénonçant un engagement non tenu par la partie européenne. Formulée à Yaoundé le 29 novembre 2021 par Luc Magloire Mbarga Atangana, ladite critique porte sur le Fonds régional de développement. «Signalé lors des négociations avec les APE, on ne l’a jamais vu», s’était offusqué le ministre du Commerce. Si ce dernier refuse de dire que l’absence de cet instrument tétanise le Cameroun, il plaide pour qu’«on le mette en place», conformément aux recommandations d’une réunion tenue à Yaoundé le 16 juillet 2007.

Ce jour-là, l’UE avait juré d’accéder à cette doléance en l’intégrant dans le document final des APE. Mais le 28 septembre 2007 à Kinshasa, le rétropédalage européen a été acté avec la proposition que ce fonds soit plutôt mis en annexe du document final.

«Au vu de ce qui se dit tout haut et tout bas dans les milieux d’affaires, il n’est pas exagéré de conclure que l’APE bilatéral entre le Cameroun et l’UE n’a pas rempli son office. Tout ce qui était censé pallier les manques à gagner générés par la chute des barrières douanières, et contribuer à la mise à niveau des économies des pays, afin qu’ils puissent supporter la concurrence que leur imposent les pays de l’UE, n’a jamais été mis en place. Et cela ne peut que générer un sentiment de trahison», commente Joan Kongouem, économiste.

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