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CES de Ndangueng : Hypothèque par-dessus le toit

À côté du manque d’enseignants formés, une partie du campus de l’établissement créé au début des années 2000 entretient une image désastreuse depuis mai 2021.

Si la vie bat toujours son plein à Ndangueng (village situé à une cinquantaine de kilomètres de Yaoundé, au sud du département de la Mefou-et-Afamba, région du Centre), au Collège d’enseignement secondaire éponyme, le décor reste calé sur une image : celle d’un amas de tôles déposé dans la cour par une violente tornade le 16 mai 2021. Ce jour-là, un mur d’une salle de classe est également tombé. Selon Maxime Engoudou, «il faut au moins 25 millions FCFA pour refaire l’ensemble». Pour cet expert commis pour évaluer la situation sur le terrain pour le compte de la délégation départementale des Enseignements secondaires de la Mefou-et-Afamba, «les travaux pourraient durer deux mois». Selon nos informations, rien n’augure de leur démarrage imminent. Rapportée dans un patchwork de peurs et d’espérances des parents et élèves, l’hypothèse d’une rentrée à la date du 6 septembre 2021 est des plus improbables. Ici l’on redoute même une reprise des classes très tardive.

Constat
Parmi les «Ndanguenois», plusieurs avis s’émettent au gré d’une autre ombre noire. Pour Dominique Foé Mvondo (parent d’élèves et 1er notable à la chefferie de Ndangueng), «à la toiture qui s’est envolée, il faut ajouter l’absence du staff administratif depuis janvier 2021». «Ils ne sont jamais là. Et pourtant, leur présence est à même de créer une dynamique afin que les travaux démarrent au plus vite», avance Théophile Belinga, un autre notable. Du point de vue de ce dernier, «en cette veille de rentrée scolaire, Ndangueng court au suicide académique puisque les cours sont assurés par quelques fils du terroir sans emploi». Vérification faite, ce détail gagne en plausibilité grâce à la confirmation des intéressés. C’est le cas de Nadège Nkou, titulaire d’un master II en sociologie rurale qui dit tenir tout le cycle complet en géographie «moyennant un petit pécule de la part de l’enseignant dûment formé et affecté ici». Pour sa part, Norbert Esseng (baccalauréat C) «supplée un professeur de mathématiques qu’il n’a vu qu’une seule fois et qui le gratifie d’un transfert d’argent à la fin de chaque mois». «Notre CES n’a plus de toit. Et quel résultat peut-on espérer en fin d’année si déjà, dans des conditions normales les pourcentages de réussite n’étaient pas flatteurs du fait de l’absence injustifiée des enseignants?», fulmine-t-il.

Batailles
Dans le fond du propos, tout l’enjeu consiste à articuler l’immédiat et la suite. Là encore, alors qu’on pensait à un projet de réfection cohérent et audible porté par les élites locales, celles-ci offrent le spectacle d’un comportement réduit à l’esbroufe, à des provocations et à des coups de communication. Neutralisées par des égoïsmes, ces élites apprend-on, ont fini par considérer les travaux de réfection de la toiture et du mur comme une simple parenthèse dans la routine politique. «Reste à savoir si la tornade qui a causé ces dégâts était une tornade politique», ironise Dominique Foé Mvondo.

Remy Biniou

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