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Télécommunications : D’entre les ogres

Avec l’arrivée d’un quatrième opérateur, le secteur est en voie d’être bousculé par une concurrence acharnée, bonne pour faire évoluer les pratiques et baisser les prix.

Instant de remise des documents au DG de la Camtel.

Depuis le 12 mars 2020, la Cameroon Telecommunications (Camtel) est habilitée à offrir au public de nouveaux services. Selon les clauses de trois conventions qui lui ont été octroyées par l’État, l’opérateur historique jouit d’un nouveau statut juridique qui renforce ses attributions. Celles-ci, a souligné Louis Paul Motaze, ministre des Finances (Minfi), se déclinent en l’établissement et l’exploitation de réseaux de communications électroniques fixe, mobile et de transport. En termes clairs, l’entreprise que dirige Judith Yah Sunday pourra se déployer dans la téléphonie mobile et le transfert des fonds.

Craintes
En face, chez d’autres opérateurs, des appréhensions se signalent en petits comités. Titulaire de trois titres d’exploitation, Camtel est déjà soupçonnée de non-transparence, voire de corruption ou de gestion non équitable des opérateurs dans les segments qui leur sont propres. Dans le fond, la société est désormais passée au scalpel compte tenu de sa position dominante sur l’échiquier de l’offre des services de télécoms au Cameroun. Pour mieux comprendre, la structure, en plus d’émarger au portefeuille de l’État depuis sa création, va continuer le développement du téléphone fixe et l’exploitation de la fibre optique. «C’est un peu trop!», peste un cadre en service chez Orange Cameroun.

Développée par les multinationales déjà présentes sur le terrain, une autre crainte s’articule autour des prix des offres. «On va inévitablement assister à une guerre des prix, et c’est normal!», ironise un cadre de MTN Cameroon. «Mais, prévient un ingénieur de Nextell, le dernier-né des opérateurs risque bien de voir ses ventes décoller au-delà des attentes». Et de fait, les opérateurs, qui ne peuvent rivaliser avec les prix annoncés par Camtel, misent sur une montée en gamme de leurs offres.

En effet, selon des sources proches de la Direction générale de Camtel, cette structure ne reculera devant rien pour brader ses prix sur lesquels ses concurrents misaient pour se différencier. «Nous sommes animés par une vraie volonté de changer les choses même si cela va plomber les marges des autres», assure-t-on. Fin 2019 à Yaoundé, Judith Yah Sunday l’avait d’ailleurs dit, pour esquisser sa feuille de route 2019-2025: «Nous centrons notre action sur deux piliers. Le premier (Customer centricity) met le client au centre de toutes nos préoccupations. Le second (Change management) se concentre sur la gouvernance et sur le modèle managérial. Le tout pour exploiter pleinement les avantages concurrentiels de l’entreprise».

Personne ne sera malheureux
C’est du moins ce que croit le Britannique Ovum. Rapportées par l’équipementier suédois Ericsson, les projections de ce cabinet (spécialisé dans l’analyse stratégique de l’industrie des réseaux et des télécommunications) montrent que sur la période 2017-2021, les parts de marché de MTN Cameroon vont baisser de 6%. Cette situation, signale Ovum, profitera à Orange Cameroun, qui grignotera près de 3% de parts supplémentaires. Dans le même temps, Nexttel (Nom commercial de Viettel) engrangera 15%.
Dans la foulée, Camtel, qui se vante de disposer d’un patrimoine infrastructurel important, compte mettre les petits plats dans les grands afin de fructifier ses investissements.

Joseph Julien Ondoua Owona (Stagiaire)

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