Débrouillardise : Douala «blanchi» par des étrangers

Plusieurs nationalités africaines usent de leur expertise en matière de lavage et repassage de vêtements. Incursion dans une activité informelle, mais génératrice de revenus.

Des ressortissants étrangers promoteurs de blanchisseries s’en remettent
à la force des poignets.

Ils sont nombreux ces ressortissants étrangers à avoir fait de la blanchisserie dans la capitale économique du Cameroun leur gagne-pain. De nationalités nigériane, nigérienne, tchadienne ou béninoise, ils sont basés pour les uns à Makepe Missoke, pour les autres à Makepè Petit pays et à New-Bell. Depuis qu’ils pratiquent cette activité, ils disent s’y plaire et en avoir même fait une passion. Surtout que pour la plupart d’entre eux, cela leur permet de gagner dignement leur vie.

«15000 FCFA par semaine dans les bons jours et 5000 FCFA par semaine dans les mauvais jours», se satisfait Adamou Ibrahim Johnson. «Ça fait déjà 10 ans que j’exerce ce métier. Lorsque je suis arrivé au Cameroun, je ne savais pas faire cela. C’est mon grand-frère que j’ai trouvé ici qui m’a appris à le faire. Et aujourd’hui, grâce à cela, je nourris ma famille et je gagne ma vie. Je fonctionne avec mes clients chez qui je vais récupérer les habits», relate ce dernier.

D’après ce blanchisseur nigérian, le métier présente beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients. «Lorsque je lave bien les habits et que je les repasse bien, il y a des clients qui sont satisfaits et parfois en payant, donne un petit surplus ou m’amène d’autres clients», explique-t-il.

Factures
Au rang des tracas cependant, les experts du nettoyage rencontrés évoquent en chœur une principale difficulté. «Il y a des moments où on éprouve tellement de difficultés. Lorsqu’un client vient avec ses habits, il demande qu’on les lave. Mais il ne paye pas et ne donne pas d’avance. Une fois que le travail est fait, le client ne vient pas récupérer les habits. Parfois, les habits font un mois. Et ça devient embarrassant pour nous d’autant plus qu’ils occupent de l’espace et qu’on n’a pas d’argent», se plaint un blanchisseur. Face à cette situation, l’option prise par certains de ses pairs est de «faire payer au client soit la totalité de l’argent, soit 90% de sa facture. À défaut de ces deux solutions, il ne peut plus rien faire. C’est alors aux clients de décider», affirme l’un d’entre eux.

Pour le reste, les blanchisseurs établis à Douala avouent évoluer pour la plupart dans des cadres de travail assez confinés. À Makèpè Missokè où il a été rencontré, un blanchisseur béninois indique en effet être à l’étroit. «J’ai loué un espace qui sert à la fois de maison et d’espace de travail. J’éprouve de plus en plus de difficultés à me mouvoir. Surtout maintenant que j’ai beaucoup de clients synonyme de beaucoup de travail», confie-t-il. Ce dernier pensait d’ailleurs au départ y faire venir sa famille. Mais au vu de l’évolution satisfaisante de son activité, il penche plutôt pour «changer d’espace», se plaît-il à dire désormais.

Avec le temps, les blanchisseries de la capitale économique commencent à se moderniser en utilisant des machines à laver. Ce 12 août 2021 à 15 heures, force est de constater que la main reste encore malgré tout, le principal outil de travail pour les ressortissants étrangers spécialisés dans la blanchisserie.

Diane Kenfack

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