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Inventaire, numérisation et plan de gestion…: Les piliers de la stratégie de la sous-région

Compte tenu de la fragilité des États de l’Afrique centrale, victimes de soubresauts de toutes sortes, les participants ont élaboré et proposé des stratégies de préservation de l’information documentaire.

Plaidoyer pour une modernisation des techniques de conservation.

Le patrimoine documentaire en zone de conflits reste et demeure dans l’insécurité. Si en Afrique centrale on a enregistré quelques destructions certes de faible portée, un peu plus loin en Afrique de l’Ouest, au Mali notamment, l’on a vécu en 2012 la destruction de la plus grande bibliothèque de Tombouctou par des terroristes. «Une bibliothèque regorgeait plus de 20 000 manuscrits dont les plus anciens remontaient au 13ème siècle, donc dans les années 1400.

Et ces manuscrits retraçaient l’Histoire de l’Afrique à travers son contenu. On avait la religion, l’histoire, la philosophie, les mathématiques, la poésie, l’astronomie, la médecine et les chroniques africaines. Tous ces manuscrits étaient rédigés dans les langues africaines telles que l’arabe et quelques manuscrits rédigés en hébreux», relève pour s’en indigner Willy Kuicheu, documentaliste. Et de poursuivre : «c’était un patrimoine extrêmement riche, raison pour laquelle les membres du Conseil de sécurité des Nations unies a parlé de crimes de guerre, du fait de la catastrophe que le monde avait ressenti. On peut multiplier des exemples, tout récemment avec le saccage des ambassades du Cameroun en Europe, sans oublier des biens culturels matériels et immatériels dans les zones anglophones».

Face à la recrudescence des actes de violence en Afrique centrale, les professionnels de la documentation se doivent de trouver des stratégies et si possible anticiper avant la survenue de tels incidents.

Stratégies internes et externes
Pour une meilleure conservation et préservation du patrimoine documentaire, il y a lieu de noter qu’il y a deux types de stratégies, interne et externe. En tant que documentaliste, pour protéger nos biens culturels de toute destruction en temps de conflits, «nous devrons recenser ce que nous considérons comme patrimoine documentaire ou biens culturels, et cela doit être documenté pièce par pièce. En clair, on doit en faire une description exhaustive, prendre des images, des vidéos, et puis procéder à l’étiquetage du logo de la convention de la Haye de 1954 qui doit être apposé sur les objets de musée ou en-dessous ou derrière l’objet. Ce logo est l’équivalent du signe de la Croix-Rouge ou du Croissant Lunaire», propose Willy Kuicheu.

De l’avis de ce dernier «ce que nous devons aussi avoir dans notre tiroir c’est le plan de gestion des récits. Lorsque les spécialistes de l’information documentaire font la liste des outils de gestion de notre centre, nous parlons de la politique de gestion des archives du calendrier de conservation, et d’élimination des plans de classement. Mais il y a un outil qu’on oublie parfois, c’est le plan de gestion des récits. C’est un document qui identifie chaque risque de dégradation lié aux facteurs humains et biologiques, chimiques. Mais ce sont des facteurs externes de dégradation comme les pillages, de saccages, c’est un document que l’on rédige. Autre chose, c’est la numérisation. Il faut numériser. Malgré les coûts, il y a des sauvegardes et de stockages des copies», explique encore le documentaliste.

Olivier Mbessité

Ils ont dit

Manassé Nguinambaye Ndoua, directeur de la Bibliothèque nationale du Tchad

«Le moment est venu de penser à la génération future»

Quand on parle de l’Afrique centrale avec les différents conflits qui se ressemblent, se répètent et se perpétuent, je pense en droite ligne du thème abordé ce matin, que c’est assez important pour les professionnels qui sont dans la documentation. Ils doivent essayer de se concerter pour harmoniser leurs voix, pour voir dans quelle mesure arriver à protéger tout ce patrimoine qui pourra servir à la génération actuelle et future. Je pense que le moment est venu de penser à la génération future, vu que les conflits continuent de naître au jour le jour et prennent différentes formes. Il faut donc aussi trouver des cadres juridiques et normatifs et pour qu’enfin chacun puisse trouver son compte dans cette situation de la préservation du patrimoine documentaire.

Philippe Bokoula, directeur général des Arts et de la Culture de la République Centrafricaine

«Je pense que nous allons proposer des recommandations de nature à baliser le terrain»

La première journée de la conférence internationale sur la conservation et la préservation du patrimoine documentaire a été très riche, parce qu’un état des lieux a été fait. Et aujourd’hui, les professionnels se retrouvent pour jeter un regard synoptique sur la situation et faire des propositions. Après avoir fait l’état des lieux, on s’est rendu compte que toute l’Afrique centrale est en retard par rapport aux autres. Parce que les conflits qui naissent détruisent le patrimoine documentaire très important. Je prends comme exemple des mairies et hôpitaux qui sont brulés, et des églises. Alors que l’Histoire voudrait que cela soit préservé pour les générations futures. Je pense que nous allons proposer des recommandations de nature à baliser le terrain, pour pouvoir amener les populations à respecter les valeurs culturelles, à respecter les symboles, à respecter les institutions.

Pr. G. Mulumba Kalonga, directeur général de la Bibliothèque nationale (RDC)

«C’est une bonne chose de conjuguer nos efforts, de partager nos expériences respectives»

J’ai participé à cette conférence internationale qui est assez importante pour notre sous-région. Pour la première journée, on a été content du déroulement des travaux. Le plus important ce sont les recommandations que nous allons formuler à l’intention des dirigeants respectifs, parce que nous nous plaignons pour faire bouger les lignes. Donc c’est une bonne chose de conjuguer nos efforts, de partager nos expériences respectives. Ceci nous permet d’asseoir une association forte au niveau des pays de la sous-région. Tout cela nous permettra de soulever des montagnes.

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