Fonction publique : Le trop-plein créé des tensions de trésorerie
Parce que les quotas requis ont été subrepticement revus à la hausse, l’État peine à payer quelques recrues de l’opération dite des «25 000».

On feuillette l’annexe de la loi de finances 2021 sur la situation de la rémunération des agents publics au Cameroun. Le document indique clairement que 26 037 diplômés sont venus grossir les effectifs de la fonction publique au terme de l’opération dite des «25 000 jeunes» commandée par Paul Biya en 2011. Arithmétiquement, c’est 1 037 recrues en dessus du nombre sollicité par l’instruction présidentielle. À ce jour, ce trop-plein exerce dans 32 ministères. Selon une source bien informée, devant la commission d’enquête mise coordonnée par les services du Premier ministre, les responsables des ressources humaines de ces différentes administrations publiques ont beaucoup peiné à fournir des fichiers cohérents. Et comme l’on peut s’y attendre, les ressorts d’une telle situation sont à lire dans l’ineffectivité ou la difficulté de la prise en charge salariale de certains qui justifient pourtant des notes d’affections et des présences effectives.
À la direction générale du Budget du ministère des Finances où l’on brandit une étude sur la soutenabilité de la masse salariale réalisée en 2018, l’on soutient que, «ces dernières années les recrutements spéciaux, devenus récurrents, exercent une pression budgétaire importante sur la masse salariale». La même étude relève que cette augmentation des effectifs constitue la principale source d’accroissement (5,6 % en moyenne par an) de la masse salariale. Sa soutenabilité budgétaire passe notamment par un strict respect du plafonnement des crédits affectés aux nouveaux recrutements tous corps confondus dont le nombre ne doit pas dépasser 5900 par an.
Flou
Devant les faits, renseignent des sources concordantes, il est très certain que des drames de toutes sortes se soient noués lors du processus de recrutement; et ce malgré les instructions de Philemon Yang lors du conseil de cabinet du 23 février 2011. Ce jour-là, l’ex-Premier ministre martelait que «les opérations de recrutement s’effectueront conformément au sacro-saint principe de l’égal accès de tous aux emplois publics et son corollaire qu’est le mérite».
Même si le secrétariat technique de cette opération spéciale confie avoir fait «un bon travail», toute la difficulté est la sienne d’en dresser un bilan statistique précis compte tenu des faiblesses de l’appareil statistique au cours de la période de recrutement. De même, rien n’est dit sur le calendrier initial qui prévoyait la publication des listes des présélectionnés le 2 mai 2011, l’affectation des présélectionnés le 10 juin 2011, le début de prise en charge des recrutés le 27 juin 2011. Emmanuel Bondé (Minfopra d’alors), face à la presse locale le 30 juin 2011, évoquait des erreurs volontaires ou involontaires des candidats lors du remplissage des fiches, des cas de fraudes comme par exemple des changements d’âge, des substitutions d’identité ou des utilisations de double identité.
Dans la foulée, Joseph Le (actuel Minfopra) s’en est remis à l’arbitrage du Premier ministre chef du gouvernement qui a réagi à travers une correspondance signée du secrétaire général de ses services le 15 janvier 2020 avec pour objet: «épurement et régularisation des données des 25000 diplômés en instance de traitement».
Jean-René Meva’a Amougou