COMMUNAUTÉSINTÉGRATION NATIONALE

La médaille au revers

Au sujet du maréchal disparu, une opinion se montre bien rigide.

Le maréchal: déjà au tribunal de l’Histoire.

Revenu de son voyage sur la toile ce 23 avril 2021, un jeune tchadien inscrit dans un institut universitaire de Yaoundé scande la pertinence d’un article paru sur le site d’informations guinéen «Le Djely». «Décès de Deby : un dictateur de moins … Le défunt président tchadien n’était pas un enfant de chœur. Au contraire, il aura incarné tout au long des 30 ans qu’a durés son règne une certaine forme de gestion autocratique dont le continent africain peine à se débarrasser», tranche le média guinéen. Le commentaire que notre interlocuteur en fait est acerbe ; tant son propos est un ramassis des «abus» commis du vivant d’Idriss Deby Itno.

C’est essentiellement ce qui constitue la ligne de force d’une analyse portée par un groupe d’étudiants tchadiens rencontrés au lieu-dit Mvog-Mbi à Yaoundé. «Si les modifications constitutionnelles lui ont permis de perdurer à la tête de l’État, c’est aussi par la tyrannie que ce président a pu ancrer son pouvoir», affirme l’un d’eux. Pour un autre, «son bail à la tête du Tchad n’a jamais permis à une vraie démocratie de prospérer». Plus loin, l’on entend : «Les richesses du pays, il s’en accaparait comme bon lui semble, ne faisant profiter qu’à ceux qui lui étaient acquis. C’est ainsi qu’après 30 ans au pouvoir, il laisse un pays n’occupant que la 187e place sur un total de 189 pays en matière d’indice de développement humain ; un rang d’autant plus déshonorable que le Tchad a tiré des milliards de dollars de l’exploitation de son pétrole ; le pays connaît un haut degré de tribalisme ; l’ethnie du président étant celle qui occupe tous les postes stratégiques, alors que les plus diplômés et intellectuels du pays se trouvent au sud».

«Monnaie d’échange»
De l’avis de ces étudiants, ces aspects sont soigneusement occultés. Cela, croient-ils, a une explication : l’implication très forte d’Idriss Deby Itno dans la crise au Sahel. «C’était sa seule monnaie d’échange pour espérer profiter de la clémence voire de la protection de la communauté internationale et de la France en particulier. En se rendant indispensable dans la gestion de la crise consécutive à l’invasion du Sahel par les groupes djihadistes, il cherchait surtout à avoir le droit de soumettre son pays et son peuple à sa guise, sans qu’aucun acteur extérieur ne puisse lever le petit doigt, explique le journal. Ainsi, personne ne trouvait anormal que le président s’octroie les mandats les uns après les autres via des simulacres d’élection» entend-on.

André Balla Onana (stagiaire)

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