Camp de réfugiés d’Ikyogen (Nigéria) : Dur, dur pour les Camerounais

À Ikyogen, dans l’État de Benue, leur vie est plus qu’un combat.

Des familles camerounaises ont trouvé refuge à Utanga, Obanliku, au Nigéria, après avoir fui l’insécurité dans les régions anglophones
Des familles camerounaises ayant trouvé refuge à Utanga, Obanliku, au Nigéria, après avoir fui l’insécurité dans les régions anglophones©HCR/Elizabeth Mpimbaza

Plus de 63 200 réfugiés camerounais sont enregistrés au Nigeria, d’après les chiffres publiés par l’Agence onusienne en février. Parmi eux, près de 10 000 sont établis au camp d’Ikyogen.

L’enregistrement est le passage obligé pour obtenir la modeste aide financière versée chaque mois par l’Onu. Celle-ci était déjà passée de 7 200 à 4 600 nairas (de 10 250 FCFA à 6 550 FCFA environ) l’an dernier. Début 2021, elle est finalement tombée à 3 700 nairas (3 350 FCFA), alors que les fonds destinés aux réfugiés camerounais tarissent, de l’aveu du HCR. La crise sanitaire mondiale a compliqué la donne, indique Anita Sokpo, qui intervient dans le camp d’Ikyogen pour une ONG catholique locale. «Nous essayons d’être le plus honnête possible avec ces gens. Nous leur expliquons qu’il y a moins d’argent qu’avant et que l’aide financière mensuelle va encore baisser», regrette-t-elle.

Outre le problème que posent ces maigres ressources, les habitants du camp font face à des difficultés d’accès à l’eau et à des logements en briques. La situation s’est compliquée depuis qu’en octobre 2019, le camp a dû être entièrement déplacé à cause des tensions très fortes avec la population nigériane vivant autour du terrain où il était installé. «Avec cet afflux de population dans la région et l’arrivée des ONG sur place, les attentes de la communauté hôte ont beaucoup augmenté», explique sur le site Internet du HCR, Solomon Tor. Le représentant du centre de gestion des crises de l’État de Benue poursuit: «ils bloquaient régulièrement la route d’accès au camp, la sécurité n’était plus assurée».

«Construire une coexistence pacifique»
Il y a peu, un centre informatique a aussi ouvert ses portes à Ikyogen. Les cours qui y sont proposés sont destinés à la fois aux réfugiés camerounais et aux habitants de la communauté locale. «100 personnes sont reçues ici du lundi au vendredi : 70 sont des réfugiés camerounais, 30 sont des membres de la communauté locale», précise Marvin Igwe, qui gère ce centre pour l’ONG canadienne Cuso International. L’église catholique d’Ikyogen a prêté l’un de ses bâtiments pour héberger ce centre, avec la bénédiction du père Benjamin Asagh, qui officie dans la bourgade depuis six ans. Dans les premiers mois de la pandémie de Covid-19, c’est également dans son église que les nouveaux arrivants camerounais ont été placés en quarantaine avant de pouvoir intégrer le camp. Désormais, le père Benjamin prêche les vertus de l’intégration auprès de ses fidèles nigérians et rencontre les réfugiés camerounais deux fois par semaine, pour tenter de «construire une coexistence pacifique» à Ikyogen. Et rappeler à tous que «n’importe qui peut être affecté par une crise au cours de sa vie».

Landry Kamdem

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