Explosions de bombes artisanales : L’insécurité reprend ses endroits à Yaoundé

Un commerce de boissons a été soufflé par une explosion le 14 août 2020 au marché Mokolo. Loin d’être un banal fait divers, l’incident vient s’inscrire dans une chronique qui ne cesse de s’écrire à l’encontre des détonations dans la capitale.

Une vue de la scène de l’explosion

«Une onde de choc», du «jamais vu». Les mots manquaient aux commerçants du marché Mokolo pour décrire l’explosion qui s’est produite en début d’après-midi du vendredi 14 août 2020. La déflagration a été entendue dans une vente à emporter nichée en bordure de l’artère principale, à la sortie ouest de l’espace commercial. Un périmètre de sécurité a été mis en place par la police devant le bâtiment. Hormis quelques dégâts matériels et corporels, pas de perte en vies humaines. Aucune revendication n’a été retrouvée sur place et aucune interpellation n’a été effectuée à ce stade.

S’attachant à faire le point de la situation, Mamadi Mahamat, le sous-préfet de Yaoundé II, s’avoue incapable de trancher sur le vif. Pour l’administrateur civil, «certains indices permettent de parler d’un engin élaboré avec des objets du quotidien». À l’observation, il s’agit de quelques sections de tuyaux. «Ces éléments, plutôt qu’ils n’apportent des réponses définitives sur ce qui est arrivé, demandent à être explorés par des études plus qualitatives dans les laboratoires spécialisés de la police et de la gendarmerie», signale encore Mamadi Mahamat, appuyé par plusieurs éléments des sections antiterroristes du Groupement polyvalent d’intervention de la Gendarmerie nationale (GPIGN) et de la brigade du Quartier général de Yaoundé.

Supputations
Parmi quelques témoins trouvés sur le lieu, les commentaires dévoilent deux variables complémentaires: l’insécurité dans le marché Mokolo et les manipulations anormales dans le commerce de certaines substances. Ici, indique-t-on, c’est l’un des hauts-lieux de la vente et de l’achat de produits chimiques d’usage courant, mais qui peuvent servir à confectionner des explosifs. «En plus, ici à Mokolo, on ne sait pas qui est qui», avance bruyamment un homme. Entre les mots, la question n’est plus de savoir «si» il y aurait une autre explosion prochainement, mais «où, et quel jour». Entre les commerçants d’ici, la peur s’est installée. Le sentiment de ne pas être en sécurité dans le marché semble avoir augmenté en quelques minutes. Le tout se nourrit de la permanente oscillation des commentaires entre deux temps de l’évènement: l’«avant» de l’explosion et son «après». Dans les discussions s’accumulent des détails qui font du propriétaire des lieux soit un miraculé, soit un malchanceux.

En tout cas, cette autre explosion survenue dans la capitale constitue un autre vecteur d’émotions. L’on se souvient que le 2 juillet 2020 au soir, une bombe artisanale avait explosé au lieu-dit «Rondpoint Damase», dans le 3e arrondissement. Selon des sources policières, l’explosif, fait à partir d’une batterie de moto, d’une cocotte-minute et de clous, avait été placé au pied d’un poteau en fer doté d’une caméra de vidéosurveillance. En juin 2020, «deux engins explosifs improvisés» avaient déjà explosé à Yaoundé, selon une note interne de police (qui a fuité sur les réseaux sociaux), où il était demandé aux agents de multiplier les fouilles dans les taxis et chez des suspects. Au quartier Tsinga (Yaoundé II) le 31 juillet 2019, une friteuse avait explosé. Suite à cet incident, le capitaine de frégate, Serges Atonfack (chef de la division de communication au ministère délégué à la présidence de la République, chargé de la Défense) avait signalé, dans un communiqué, qu’«une grenade encore goupillée a été retrouvée dans une buvette à proximité».

Jean-René Meva’a Amougou

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