Crise anglophone, affaire Kamto… Paris éternue, Yaoundé s’enrhume

Interpellé par un activiste camerounais, Emmanuel macron dit être résolu à forcer la main à Paul Biya au sujet de la crise anglophone. De son côté, Yaoundé met en garde contre les fausses allégations du quidam.

Un président français n’a jamais été aussi direct sur les affaires politiques au Cameroun comme l’a fait Emanuel Macron. Le 22 février 2020, un activiste camerounais, présent au Salon de l’agriculture de Paris, a profité de la visite du président français pour solliciter son soutien contre le régime de Yaoundé au sujet de la crise anglophone et notamment des morts de Ngarbuh dans le village de Ntumbo, (survenu le 14 février dernier). En réaction, le président de la République française a fait des promesses. «Je vais appeler la semaine prochaine le Président Biya et là, on mettra le maximum de pression pour que cette situation cesse. Je suis totalement au courant et totalement impliqué sur les violences faites aux Cameroun et qui sont intolérables. Et vraiment, je fais le maximum», a-t-il indiqué.

La France paternaliste
La France s’est souvent prononcée sur la crise sociopolitique du Noso. En effet, le 30 juillet 2019, le gouvernement français se montrait très préoccupé par la situation sociopolitique au Cameroun. Paris avait d’ailleurs dit conjuguer des efforts «pour convaincre le gouvernement camerounais de prendre des initiatives en vue d’un règlement politique durable de la crise».
La tuerie de Ngarbuh (nord-ouest Cameroun) est du pain béni pour Paris, dans sa pression sur Yaoundé. Surtout que, selon le locataire de l’Élysée, son homologue d’Etoudi ne fait pas grand-chose pour solutionner la crise. «j’ai dit au président Paul Biya d’ouvrir le jeu, il doit décentraliser, il doit libérer les opposants politiques, il doit faire respecter l’État de droit. Je mettrai tout ce qui est en mon pouvoir pour le faire. Je veux vraiment que vous le sachiez», a promis Macron.

Affaire Kamto
A l’en croire, ce n’est pas la première fois qu’il contraint le président de la République du Cameroun à revoir ses décisions. Il a dit l’avoir déjà fait pour la libération de Maurice Kamto, président du Mrc (Mouvement de la renaissance pour le Cameroun). « J’ai mis la pression sur Paul Biya pour qu’il traite le sujet de la zone anglophone et ses opposants. Je lui avais dit que je ne voulais pas le recevoir à Lyon, tant que Maurice Kamto n’était pas libéré. Et il a été libéré parce qu’on a mis la pression. Et là, la situation est en train de se re-dégrader », a confessé Emanuel Macron.

La réaction de Yaoundé
Dans un communiqué rendu public ce dimanche 23 février 2020, au journal de 20h de la radio nationale CRTV, le porte-parole du gouvernement camerounais a réagi suite à la vidéo qui défile dans la toile. Tout en dénonçant les «contrevérités proférées par ce prétendu activiste», le ministre René Sadi réfute la moindre «inféodation» du Cameroun à la France. Et pour cause, précise le communiqué, «des sollicitations émanant d’amis anciens et sûrs n’est nullement céder à des pressions».
Par ailleurs, le gouvernement de John Ngute demande à ses partenaires «de ne point accorder du crédit à des activistes, des aventuriers ou des forcenés manipulés et instrumentalisés, avides de notoriété, et dont les menées ne visent qu’à nuire à l’image du Cameroun, à la stabilité de nos institutions, à la paix et la cohésion nationales, au risque d’être piégés et de faire preuve d’une candeur voire d’une inimitié susceptibles de porter préjudice aux bonnes relations du Cameroun avec ces pays et partenaires, et auxquelles le Cameroun attache du prix», précise la note signée de René Emanuel Sadi, ministre de la communication.

 

Joseph Julien Ondoua Owona (stagiaire)

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