Vaccin antipaludique : le RTS-S en procès
La Conférence ministérielle sur le paludisme a abordé les doutes populaires autour de la fiabilité du produit.
Le conclave de Yaoundé a permis aux autorités en charge des questions de santé de faire le point des mesures appliquées dans la lutte contre le paludisme et d’adopter de nouvelles approches. Et c’est en tout état de cause que le débat autour de la fiabilité du vaccin administré dans une dizaine de pays africains s’est invité au jugement général. Cela s’est produit au cours d’une conférence de presse donnée le 6 mars 2024 en marge du sommet. Mis à la barre, le ministre de la Santé du Cameroun, Manaouda Malachie, s’explique : « Le vaccin a subi toutes les démarches scientifiques de validation d’un vaccin jusqu’à la pré-qualification par l’OMS. Mais au-delà de ce cela, chaque pays procède à nouveau à la vérification de toute la démarche ; parce que nous avons des critères qui doivent être vérifiés. En réalité, sur le vaccin et toute sa documentation, mais nous avons une commission d’homologation, une commission de libération de vaccins. Nous avons la Chambre de commerce et d’industrie d’Antananarivo (CCIA) qui doit pouvoir programmer et nous dire comment nous devons le faire», déclare le membre du gouvernement.
Outils
Cette précision tient de ce que le vaccin fait désormais partie des principaux outils de lutte contre le paludisme en Afrique. Les autres options médicales sur lesquelles s’appuie la stratégie commune de lutte sont la chimio-prévention pour le paludisme saisonnier, l’usage des moustiquaires imprégnées ainsi que le traitement intermittent pour la femme enceinte et le bébé. Et malgré la préférence des décideurs pour la prévention, le scepticisme populaire constitue un blocage pour le succès des opérations. «Je peux fortement soutenir ce qu’a dit le ministre et regarder dans n’importe quelle caméra et surtout dans les yeux d’un père, d’un enfant sur le continent et dire que je recommande d’utiliser ce vaccin», déclare la directrice de l’OMS pour la région Afrique. Les opérations menées au Cameroun vont permettre d’éviter chaque année, en fonction du taux de couverture, près de 2000 décès chez les enfants
Il pourra à cet effet réduire de 2000 à 2500 les décès d’enfants dus au paludisme. Il vient donc jouer un rôle complémentaire et supplémentaire, en fonction de ce que l’Afrique aura à utiliser encore les anciennes démarches dans le cadre de cette lutte.
Fiabilité
L’objectif visé lors de cette conférence de presse était donc entre autres de sensibiliser les participants sur la vaccination contre le paludisme tout en les rassurant sur la fiabilité de ce vaccin. Le ministre de la santé publique Manaouda Malachie a également tenu à informer les participants sur le rôle que joue le vaccin dans cette lutte. Il a en outre rassuré sur toutes les précautions prises par le gouvernement pour pouvoir avoir accès à ce vaccin.
Joëlle Effa (stagiaire)
Ils ont dit…
Colonel Assa Badiallo Touré, ministre de la Santé du Mali
«Il faut mettre l’intérêt du peuple malien au centre de toutes les décisions»
J’ai changé d’expérience pour qu’ensemble avec les ministres on se mettte pour faire des choix et partager des expériences pour trouver ce qu’il ya de meilleur pour la prise en charge, pourquoi pas l’élimination de cette maladie. Nous avons le vaccin initié, la Mali a déjà sa stratégie 2024-2028, nous faisons la chimio-prévention, nous avons les moustiquaires imprégnées, la prise en charge gratuite de la femme enceinte et des enfants de moins de 5ans. Et nous tenons surtout à faire passer le message politique aux chefs d’États et leur dire qu’il ya trois grands principes qu’il faut respecter pour le Mali notamment, le choix des partenaires stratégiques et mettre l’intérêt du peuple malien au centre de toutes les décisions que nous prenons. Nous exhortons donc les partenaires, la société civile, le privé et le public à s’investir dans la mobilisation des fonds pour réellement faire face à cette maladie. On ne va pas dire qu’est ce qui ne marche pas ou qu’est ce qui est le problème, il y a des efforts qui sont faits, il y a beaucoup de progrès, il faut tenir compte de l’aspect sécuritaire , l’arrêté des ressources. Mais nous comptons sur la mobilisation et sur l’implication de tous pour pouvoir parvenir à de meilleurs résultats, lorsque je dis tout, je fais allusion ici à des partenaires techniques, au secteur privé et surtout à la communauté. Et avec les mécanismes de protection sociale comme les mutuelles de santé, l’Iramed…qui œuvrent afin que la prise en charge du paludisme soit vraiment décentralisée et que toutes les populations maliennes en bénéficient.
Jane Ruth Aceng Ocero, ministre de la Santé de l’Ouganda
«Il faut beaucoup plus»
Nous sommes ici pour voir comment ensemble nous pouvons réduire le fardeau du paludisme et y mettre un terme. Il y a des actions que nous mettons en œuvre, mais il faut faire beaucoup plus. En Ouganda, cette maladie est encore très présente. Nous espérons que cette réunion ainsi que le partage de bonnes pratiques nous permettront de réduire le poids de cette maladie.