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Sécurité alimentaire : sombres perspectives pour le Cameroun

Du fait d’une insécurité persistante, certaines régions risquent le pire à partir de janvier/ février.

 

La situation a tout à voir avec l’insécurité qui paralyse les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis plusieurs années. L’impact pluridimensionnel se fait ressentir de manière accrue sur l’alimentation et la nutrition des populations. Soit 2,9 millions de personnes en insécurité alimentaire dans le pays à fin 2023. Concrètement, la situation correspond à la classification de deux départements de l’Extrême-Nord comme étant en phase de crise pour la période octobre-décembre 2023. Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont à des stades similaires, révèle deux rapports de situation du Bureau de coordination de l’action humanitaire des Nations unies (Ocha) ces 2 et 4 janvier 2024. «En raison de l’insécurité et des conflits, de nombreux ménages pauvres de ces zones ont désormais épuisé les réserves de céréales de base de la campagne principale 2023 et les récoltes de la contre-saison en cours restent inférieures à la moyenne. Cette situation devrait conduire à une soudure précoce à partir de janvier/février au lieu de mars [de l’année en cours, Ndlr], les ménages devant recourir davantage aux achats de céréales de base sur le marché dans un contexte de prix en hausse et supérieurs à la moyenne», lit-on.

Stratégies d’adaptation négatives
Le scénario subséquent à cette crise prévoit: une réduction du pouvoir d’achat des populations, une augmentation des prix des denrées alimentaires, le recours à la mendicité; l’adoption de stratégies d’adaptation négatives telles que la réduction de la fréquence et de la taille des repas et une dépendance accrue à l’endettement. Plusieurs pourraient se voir contraints d’«envoyer les membres de la famille manger ailleurs, réduire les portions de nourriture des adultes en faveur des enfants et réduire leurs besoins alimentaires minimum», alerte l’Ocha; ajoutant qu’une partie de la population impactée par ces conflits devrait se retrouver confrontée à une situation d’urgence.
Les prévisions tablent aussi pour une dégradation de la situation dans la région de l’Adamaoua, hôte d’une forte population de réfugiés centrafricains et de déplacés internes. Notamment les départements du Mbéré (Adamaoua), du Kadey et du Lom-et-Djerem (Est). Même son de cloche pour les zones urbaines de Yaoundé et Douala. Les zones épargnées par les conflits connaîtront à l’opposé un bien meilleur sort. «Les niveaux moyens de production propre au cours de la saison 2023/2024 devraient favoriser l’accès à la nourriture, tandis que les revenus tirés de la vente des cultures et de la main d’œuvre agricole faciliteront l’achat de denrées et de produits non alimentaires de base importés». Le pays peut cependant compter sur ses niveaux de pluviométrie acceptables.

Louise Nsana

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