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Prononcé de la vérité portée par un mâle courage

Se peut-il qu’à force de suivre les discours du président Faustin-Archange Touadera depuis le 31 décembre dernier, ses phrases ne cessent d’être «des phrases qui parlent».

 

Beau style et crainte du scandale mises à part, l’actuel président en exercice de la Conférence des chefs d’États de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) affiche clairement un souci de refuser les formes trop alambiquées pour s’adresser à la Communauté internationale. Lors du 3e Forum d’Antalya sur la diplomatie (tenu 1er au 3 mars 2024 en Turquie), l’on a clairement senti que la couleur et le ton du discours du chef de l’État Centrafricain se sont, une fois de plus, démarqués des tournures moelleuses, plus préoccupées des convenances diplomatiques. C’est du moins le sens que peut revêtir l’exposé du président Faustin-Archange Touadera. Lequel a soumis l’Occident au tribunal de tous les forfaits géopolitiques qui causent les malheurs du peuple centrafricain, et partant, de l’Afrique centrale.

«Doté d’un immense trésor géologique –l’or, les diamants, les matières premières stratégiques dont le cobalt, l’uranium, le pétrole– encore inexploité (…), demeure plus de soixante ans après l’indépendance, l’un des pays les plus pauvres du monde, la République Centrafricaine est soumise depuis son indépendance à un pillage systématique facilité par l’instabilité politique entretenue par certains pays occidentaux», a fulminé le dirigeant centrafricain à Antalya. Prononcé devant une assemblée regroupant tout à la fois des chefs d’État, des ministres des Affaires étrangères, des bailleurs de fonds et des experts de toutes les chapelles, le discours est devenu le lieu d’expression d’une prise de position avant tout sous régionale. Si l’on reprend le long extrait consacré à la situation de la Cemac, l’on y découvre que l’ensemble répond à des intentions géopolitiques claires. «Je suis convaincu que notre Communauté dispose de stocks de capacités humaines ; ce sont des ressources inépuisables, capables de créer, d’inventer, d’innover pour faire sortir la Cemac de son état de léthargie. C’est pourquoi, je crois en l’éclosion du génie de la Cemac au sein de la communauté internationale», a lancé le président Faustin-Archange Touadera.

Parce qu’il sait qu’il s’adresse à un auditoire restreint de complices et de comparses, le discours a les allures d’un arbre de la liberté qui se plante. Sur le coup, un expert a parlé d’«un prononcé de la vérité portée par un mâle courage». Et dans une assemblée comme celle d’Antalya articulée autour du thème «Mettre en avant la diplomatie en temps de crise», le président Faustin-Archange Touadera a fait valoir cette vérité. «Il faut rechercher des réponses aux problèmes existants et aux menaces émergentes pour établir la sécurité et la stabilité mondiale, en cette période de crise et de compétition géopolitique mondiale», pense le chef de l’État centrafricain. Loin des accessoires flatteurs et séduisants, il a parlé des défis cruciaux du XXIe siècle, notamment les torts causés jadis sont à l’origine de l’écart qui se creuse continuellement entre le monde occidental, héritier politique et bénéficiaire financier des exactions commises dans le passé et le présent, et le reste du monde.

Jean-René Meva’a Amougou

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