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Poubelles géantes à Yaoundé : Le feu, une solution à double tranchant

Le remède s’avère souvent plus dangereux que le mal.

Une poubelle en feu à Ayéné

Depuis plusieurs mois, la cité capitale est prise d’assaut par des poubelles géantes. On en trouve un peu partout dans la ville, peu importe l’arrondissement. C’est le cas à Ayéné, dans l’arrondissement de Yaoundé 4e. Entre l’Institut universitaire Siantou et l’Université catholique d’Afrique centrale (Ucac), trône une poubelle immense. Étudiants, enseignants et populations rencontrés sur les lieux disent en avoir assez des odeurs nauséabondes que diffuse ce joyeux d’insalubrité.

Pourtant, cet état de choses n’est pas sans dangers. Depuis plusieurs mois, les experts des questions de santé ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur les méfaits de la persistance de ces ordures à proximité des ménages et autres lieux à forte concentration humaine. Parmi eux, se trouve Marylise Peyou Ndi Samba. «Yaoundé est sale et les poubelles vont contribuer à l’augmentation des cas de cancer. Les populations en passant par les poubelles transportent ces germes très dangereux dans les maisons», explique-t-elle au cour de l’émission «Verbatim» du samedi 30 décembre 2023.

Le feu comme solution
Dans certains lieux de la ville de Yaoundé, ces tas d’immondices dégagent une forte fumée irritante. Du côté de Yaoundé 2, plus précisément à Mokolo, l’on découvre que les commerçants mettent volontairement du feu aux ordures. Selon les dires de ces derniers, c’est une stratégie efficace pour ralentir la progression des ordures que les entreprises chargées du nettoyage ne parviennent pas toujours à curer. «Il y a beaucoup trop d’ordures ici et cela devient difficile pour nous d’y passer nos journées. On met le feu pour réduire la progression de la poubelle. J’ai des choses à vendre et il me faut de l’espace. Lorsque la poubelle brûle, j’obtiens un peu plus d’espace pour vendre ma marchandise», explique Louis, vendeurs de laitue. Il n’est pas le seul. Pour beaucoup, le feu s’avère être une solution salvatrice. «J’étais obligée de rester à la maison à cause des odeurs et des mouches. Quand on m’appelle en mi-décembre pour me dire que la poubelle est en feu, j’ai poussé un ouf de soulagement», se réjouit Christine, vendeuse elle aussi.

La méthode du feu n’est pas l’apanage des seuls commerçants du marché Mokolo. Il n’est pas rare de voir une poubelle diffuser un brouillard de fumée dans les autres secteurs et arrondissements de la cité capitale. Au quartier Nkomo par exemple, le brûlis est une option mise en pratique. Celle-ci expose également les populations à des gaz toxiques, sans oublier la dégradation de la couche d’ozone, prévient un environnementaliste.

André Gromyko Balla

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