Les performances douanières du Cameroun tributaires de la conjoncture sous-régionale
Les recettes douanières au cours du premier trimestre de l’exercice budgétaire 2020 sont en chute libre par rapport à la même période l’année dernière au Cameroun.
Selon toute vraisemblance, «l’Afrique en miniature» paye ainsi le prix de la progression du coronavirus à l’intérieur de ses frontières, mais également dans la sous-région Afrique centrale. D’après les chiffres avancés par plusieurs cadres de l’administration douanière, c’est le secteur des douanes de la région de l’Est qui semble le plus affecté. «Nous sommes en chute totale. L’année dernière, chaque mois, nous réalisions une recette moyenne de 100 millions de FCFA. Mais au mois de janvier 2020, nous avons récolté environ 25 millions et environ 14 millions au mois de mars», a indiqué à ce sujet le chef de bureau des Douanes de Bertoua, Engelbert Claude Dovoh.
Le septentrion n’est toutefois pas mieux loti. Toujours du fait de la crise sanitaire, le Nigéria a décidé de la fermeture de ses frontières terrestres avec le Cameroun. Toutes choses qui ont induit «un ralentissement de la circulation des marchandises sur le corridor Douala-Ndjamena et Douala-Bangui. Dans la région de l’Est, la baisse de la circulation du fait de la menace du Covid-19, se situe entre 35% et 45%», s’inquiète un cadre de la Douane camerounaise. Surtout lorsqu’on observe également une baisse des importations de marchandises de la Chine et de la France, deux partenaires commerciaux de poids.
Cela dit, la pandémie de coronavirus est certes le principal facteur de la baisse des performances douanières du Cameroun, mais elle n’est pas la seule à incriminer. Un doigt accusateur peut également être pointé sur la libre circulation des personnes et des biens. Depuis l’exercice budgétaire 2018 en effet, l’État du Cameroun a acté la suppression des taxes sur les marchandises produites au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).
En contrepartie, le grenier de la sous-région espérait tirer un dividende du boum économique qui devait nécessairement en résulter. Seulement, la crise sanitaire en cours est survenue et a imposé de revoir à la baisse les ambitions de collecte des recettes. C’est en tout cas l’objet de la loi de finances rectificative qui a d’ailleurs déjà été votée à la lumière de cette réalité.
TAA