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Ouverture des archives Cameroun-France : le silence coupable du Cameroun!

Par le Dr Daniel YAGNYE TOM, représentant spécial de l’UPC en Afrique centrale et australe et président de l’Alliance Patriotique.

 

Dr Daniel Yagnye

7 ans entre les déclarations des deux présidents français sur le Contentieux Historique Cameroun – France, sur une hypothétique ouverture d’archives, côté camerounais : aucune réaction officielle de monsieur Paul Biya au pouvoir depuis 40 ans.

En effet, nous ne pouvons comprendre le silence stupéfiant du gouvernement camerounais, suite à ces deux déclarations étalées sur 7 années. Silence totalement opaque, ahurissant, hallucinant !!! Silence écoeurant, coupable, lorsqu’on sait que des milliers de camerounais ont été arrachés à l’affection de leurs familles, massacrés pour les intérêts égoïstes d’une république française perfide, se qualifiant république des Droits de l’Homme. Des voix se sont élevées contre ces exactions, des voix sauvagement exterminées par des camerounais vendues à cette France corrompue et coupable.

Nous pouvons, sans crainte de nous tromper, dire qu’un pacte a été signé entre les chefs d’État français successifs, et le président Paul Biya dont le mutisme face aux exactions et abominations contre son peuple est incompréhensible et insupportable. Cette frilosité silencieuse et coupable du président Paul Biya démontre, sans aucun doute, qu’il n’aurait jamais pu être en place durant 40 années, sans l’onction suprême de la France dont nous connaissons les méthodes machiavéliques, pour puiser avec crapulerie sur les richesses des pays africains dits francophones, en particulier le Cameroun.

Plus spectaculaire et ahurissant encore, c’est la désinvolture, le calme et le sentiment d’impunité que les deux présidents français Hollande et Macron ont laissé transparaître, lorsqu’ils nous ont renvoyé à l’ouverture des archives pour la résolution de ce Contentieux Historique Cameroun-France. Ces messieurs​,​ dont les rivières de sang des patriotes camerounais ne troublent presque le sommeil, sont convaincus de dominer la situation et sont toujours en territoire conquis. Ces messieurs que le remord ne semblent pas étouffer, se disent « étouffés », voire « choqués » du « sentiment anti-français » qui commencent à envahir l’Afrique et les africains, alors qu’il s’agit simplement d’une revendication légitime face à une spoliation systématique qui n’a que trop duré.

Que dire du régime du feu président Ahmadou Ahidjo, sanguinaire qualifié de « sage » qui n’a cessé d’écouter la « voix de son maître », la France. Cette posture servile a permis à la France de perfuser ses veines du sang des martyrs camerounais épris de liberté et de justice.

Le Cameroun des années 1960 relève désormais du passé, mais les effets pervers des choix politiques de cette époque continueront d’influer de façon violente sur la vie des camerounais. La corruption, la rapine, la paupérisation des populations, le tribalisme caractérisent désormais notre pays sur le plan international. Ces actions criminelles perdurent avec la confiscation de notre souveraineté nationale par une monnaie dont le sigle seul veut tout dire.

Pourtant à scruter le site « France Diplomatie » sur les relations Cameroun – France, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. La France continue de se présenter en nation amie et salvatrice : « Les relations franco-camerounaises sont anciennes et denses. Notre coopération civile est importante et multiforme (gouvernance, santé, éducation, infrastructures, développement rural, environnement, enseignement supérieur, recherche et culture) :

  •       Le Cameroun est le premier partenaire commercial de la France en Afrique centrale (hors hydrocarbures).
  •       La France est le 2e partenaire commercial du Cameroun.
  •       Les exportations françaises vers le Cameroun en 2021, ont atteint 541,6 millions EUR,
  •       Les importations françaises depuis le Cameroun se sont élevées à 2595,5 millions EUR …
  •       Il y a environ une centaine de filiales économiques françaises au Cameroun
  •       Environ 200 entreprises appartiennent aux ressortissants français (Exploitation pétrolière, agro-industrie, bois, BTP, banque, assurances, services de transport, de logistique, distribution…)
  •       Avec un total de 1,1 Md€ en 2020, le stock d’IDE français au Cameroun est le deuxième d’Afrique centrale, derrière le Congo (2,8 Md€).

Les investissements français se maintiennent au-dessus de 1 Md€ depuis 2017.

  •       La France entretient avec le Cameroun une coopération de sécurité et de défense qui consiste essentiellement en la formation, dans le cadre d’écoles nationales à vocation régionale telles que l’École supérieure internationale de guerre (ESIG) de Yaoundé et l’École internationale des forces de sécurité (EIFORCES).

. Engagement de la France auprès des populations civiles au Cameroun, à hauteur de 3,9 millions EUR en 2021, (soutien à des projets d’assistance humanitaire et de stabilisation dans l’Extrême-Nord, pour soutenir les populations vulnérables victimes de l’ insécurité liée à Boko Haram, dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Etc.)

Toujours sur le site « France Diplomatie », sur le plan de la Coopération culturelle, scientifique et technique, le Cameroun est l’un des premiers bénéficiaires des financements de l’Agence française de développement :

  •       Depuis 2006, notre coopération repose notamment sur le contrat de désendettement et de développement (C2D), mécanisme de refinancement par dons des échéances dues dans le cadre de la dette.
  •       Le troisième C2D a été signé le 30 juin 2016 pour un montant de 611 millions EUR sur 8 ans et se répartit selon les thématiques suivantes :

o agriculture et développement rural (182 millions EUR),

o infrastructures et aménagements urbains (156,5 millions EUR),

o aide budgétaire (185 millions EUR, dont une partie sera consacrée au secteur de l’éducation),

o réserve dont l’affectation sera décidée lors de la revue à mi-parcours (61,8 millions EUR),

o appui à la gouvernance (9,8 millions EUR),

o appuis transversaux et partenariats (16,38 millions EUR). ETC.

Voici une « magnifique » coopération, telle que décrite par la France qui cache une situation bien plus sinistre : une hégémonie odieuse, qui perdure jusqu’à ce jour sous forme de contrats bidouillés, de conventions, de manipulations, de combine, de malversations, de passe-droits sous toutes ses formes, pour le grand désespoir d’une partie importante de la population camerounaise.

Plus grave, alors que le président de la république va sur ses 90 ans, le pays est pris en otage par une bande de mercenaires, cleptomanes sans envergure nationales, encore moins internationales. En effet, il est totalement absurde de vouloir faire avaler à la population que monsieur Paul Biya tient encore les rênes du pouvoir. Le pays va à vau-l’eau, même le pilotage automatique commence à montrer des signes de défaillances. Tout comme le jeune âge du président Macron, l’âge avancé ne saurait dédouaner le « patriarche » Paul Biya, qui durant 40 ans a choisi la loi de l’omerta afin de ne pas dénoncer pour la sécurisation de son « trôneiel », l’hégémonie de cette France sur un Cameroun qui n’a jamais été « sa » colonie. Cette France prédatrice, de laquelle chaque décision fondamentale concernant notre pays dépend de son bon vouloir.

Les temps changent, nous ne le répéterons jamais assez. Il est plus que jamais temps de crever cette gangrène purulente, qui aura permis à la France de puiser sans honte, pour son seul profit, dans les richesses naturelles du Cameroun durant plus d’un siècle. En effet, avant de parler de la soi-disant dette actuelle du Cameroun vis à vis de la France, nous sommes dans notre droit légitime d’affirmer qu’il est temps pour le Cameroun de chiffrer la dette de plusieurs centaines de millions de dollars , dû par la France pour son apport décisif pendant la 2ème guerre mondiale, sa participation à la guerre d’Indochine, les destructions, les expropriations, les massacres de la période des indépendances et le pillage secondaire dû au franc CFA.

 

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