Journée internationale de la femme : le prix du pagne diminue l’étoffe de la célébration
Passé de 6 000 FCFA à 12 000 FCFA voire 15 000 FCFA, le coût du gadget ne fait pas trop courir les dames cette année au Cameroun.
« En l’état actuel des choses, l’heure n’est plus aux dépenses inutiles ». Les femmes semblent s’être passées le mot. Pour la 38e édition de la Journée internationale de la Femme (Jif), l’ambiance des préparatifs n’est pas celle des années antérieures. Les revenus journaliers ne me permettent pas de me procurer le tissu du 8 mars dont le prix varie selon les revendeurs », explique Anne Marie Atangana, commerçante au marché Mokolo (Yaoundé II). Et de poursuivre : « Nous, les femmes, sommes confrontées à toutes les difficultés. L’année 2023 est difficile. L’huile de palme coûte plus de 1 000 FCFA, l’huile raffinée oscille entre 1 500 FCFA et 2 000 FCFA. On ne s’en sort pas. C’est à peine si on mange deux fois par jour à la maison. La vie est difficile. Il y a des priorités. La santé des enfants, leur scolarité et d’autres problèmes imprévus. On vit au jour le jour. Je préfère nourrir mes enfants avec le peu que j’ai et non d’investir pour un pagne dont l’événement ne dure que quelques minutes. La Journée de la Femme est un non-événement ».
Marie Noëlle Abega nuance ses propositions. Dans son phrasé, elle trouve que la JIF trouve tout son sens dans la mesure où cette célébration permet de valoriser les femmes et de sortir des stéréotypes culturels et traditionnels. En revanche, elle trouve indécent l’aspect capitaliste qui se cache derrière la célébration. « Chaque édition, on change de tissu, et la surenchère s’en suit. Cela n’aide pas la femme. Les prix de l’étoffe augmentent chaque année et ceux qui le font semblent ne pas vivre les mêmes réalités que ces femmes aux revenus faibles», s’indigne la coiffeuse. Le prix du pagne, tel qu’il a été présenté dans les médias, à la vérité n’est pas à la portée de toutes les bourses. « Nous entendons qu’à travers cette journée, les pouvoirs publics baissent le prix du pagne, puisqu’il est fait au pays. Que l’accent soit mis sur l’éducation, la formation des femmes dans l’entrepreneuriat dans son sens le plus large, pour les sortir de toute forme de dépendance financière. Aujourd’hui, nous parlons beaucoup du numérique. Et le thème s’articule autour de cet outil inclusif, source d’opportunités. En sensibilisant les femmes sur l’usage d’Internet, je pense qu’elles seront nombreuses qui pourraient s’émanciper, s’autonomiser pour l’équilibre de la famille et de la société. Et non de mettre en avant la vente d’un tissu circonstanciel, qui pervertit la journée et s’accompagne de comportements abjects qui n’honorent pas les femmes», se trouve-elle. En sensibilisant les femmes sur l’usage d’Internet, je pense qu’elles seront nombreuses qui pourraient s’émanciper, s’autonomiser pour l’équilibre de la famille et de la société. Et non de mettre en avant la vente d’un tissu circonstanciel, qui pervertit la journée et s’accompagne de comportements abjects qui n’honorent pas les femmes», se trouve-elle. En sensibilisant les femmes sur l’usage d’Internet, je pense qu’elles seront nombreuses qui pourraient s’émanciper, s’autonomiser pour l’équilibre de la famille et de la société. Et non de mettre en avant la vente d’un tissu circonstanciel, qui pervertit la journée et s’accompagne de comportements abjects qui n’honorent pas les femmes», se trouve-elle.
Olivier Mbessité