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Régulation du secteur informel: le Cameroun à la recherche de la bonne formule

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Ambiance des travaux au MINTSS

À l’occasion de la 47ᵉ session du comité de concertation et de suivi du dialogue social, le gouvernement a réaffirmé son ambition de domestiquer l’économie de la débrouille.

Ambiance des travaux au MINTSS

Le secteur informel demeure un pilier de l’économie camerounaise, mais sa régulation continue de poser un redoutable défi. Réunis le 28 octobre 2025 au ministère du Travail et de la Sécurité sociale, les participants à la 47ᵉ session du comité de concertation et de suivi du dialogue social ont longuement débattu des solutions pour mieux encadrer cette vaste sphère d’activité. La rencontre, présidée par le ministre Grégoire Owona, a réuni des représentants syndicaux, des acteurs économiques et plusieurs responsables administratifs.

Le ministre a salué la tenue de ces assises, estimant qu’elles constituent « un moment clé pour renforcer la cohésion sociale et accompagner la transformation économique ». Il a reconnu que, malgré des efforts constants, « le secteur informel reste difficile à appréhender dans toute sa complexité ». Celui-ci, rappelle-t-il, contribue massivement à la création d’emplois et de revenus, mais échappe encore en grande partie aux mécanismes de régulation, de fiscalisation et de protection sociale.

Selon les données officielles, près de 86,6 % de la population active camerounaise exerce une activité informelle. Le revenu mensuel moyen y est estimé à 83 409 F CFA, un montant bien inférieur à celui du secteur structuré. Ce poids considérable fait de l’informel un maillon essentiel de la survie économique du pays, mais aussi une zone d’ombre pour la planification nationale.

L’un des objectifs de la réunion était donc de définir de nouvelles stratégies pour encourager la transition vers le secteur formel. Les discussions ont porté sur la simplification des procédures administratives, la réduction des coûts liés à l’immatriculation et la mise en place d’incitations fiscales. Les autorités entendent également renforcer la sensibilisation et l’accès à l’information afin d’aider les petits entrepreneurs à mieux structurer leurs activités.

Le ministère du Travail mise sur les leviers de la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND30), qui ambitionne de favoriser une croissance inclusive en intégrant les travailleurs informels dans le tissu économique officiel. Ce plan met en avant la formation professionnelle, l’accompagnement technique et l’amélioration des conditions de travail comme outils prioritaires.

Mais sur le terrain, les obstacles demeurent nombreux : lourdeur administrative, méfiance envers l’État, complexité des démarches, manque d’accès au crédit et faible culture comptable. « Beaucoup d’opérateurs informels redoutent les charges fiscales et préfèrent rester dans la clandestinité », confie un représentant syndical.

Le Bureau international du travail (BIT) définit l’économie informelle comme un ensemble d’unités de production à faible niveau d’organisation, fonctionnant avec des ressources limitées et produisant des biens ou services destinés au marché local. Ce secteur, vital pour des millions de familles, reste pourtant en marge des politiques publiques.

En clôturant les travaux, Grégoire Owona a appelé à « une approche plus pragmatique et inclusive » pour accélérer la formalisation. Selon lui, l’État doit offrir davantage d’accompagnement et de garanties sociales aux acteurs de l’informel, sans les brusquer. Une position qui traduit la volonté du gouvernement de conjuguer réalisme économique et cohésion sociale.

Pour le Cameroun, la régulation du secteur informel apparaît désormais comme un passage obligé vers la modernisation de son économie. Mais entre la volonté politique et la réalité quotidienne des petits producteurs, artisans et vendeurs ambulants, la route reste longue.

Jean René Meva’a Amougou

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