Malgré son potentiel, l’Afrique centrale doit faire face à plusieurs obstacles.
L’Afrique centrale se trouve aujourd’hui à un carrefour stratégique. Si la sous-région bénéficie d’un potentiel économique considérable, marqué par la richesse de ses ressources naturelles et la vitalité de sa jeunesse, elle demeure confrontée à des défis structurels majeurs. L’intégration économique reste incomplète, les marchés sont fragmentés et la dépendance aux matières premières limite la diversification.
La gouvernance, souvent lente, freine l’innovation, tandis que les infrastructures et l’accès au financement demeurent insuffisants. Face à ce constat, la question se pose : continuer à subir ces contraintes ou transformer ces atouts en moteur de développement continental ?
Propositions
Pour le professeur Emmanuel Ngom, économiste à l’Université de Yaoundé, « l’Afrique centrale doit impérativement renforcer la coopération régionale. L’intégration économique n’est pas une option, mais une nécessité. Nos marchés fragmentés ne permettent pas de réaliser des économies d’échelle, et cela freine la compétitivité de nos entreprises. » Selon lui, la mise en place d’un cadre réglementaire harmonisé et d’institutions régionales plus efficaces pourrait stimuler l’investissement et créer un environnement plus attractif pour les entrepreneurs.
Au-delà des institutions, la question de la jeunesse est centrale. « Nos jeunes représentent une force démographique et créative considérable. Il faut leur offrir des opportunités concrètes, notamment dans le secteur des technologies et de l’innovation, pour qu’ils deviennent des acteurs du changement et non des spectateurs », estime Aline Mvondo, spécialiste camerounaise en développement durable et entrepreneuriat. Elle ajoute que l’accès à la formation et au financement des start-ups est un levier essentiel pour libérer le potentiel de cette génération.
Les infrastructures constituent un autre point critique. Routes, énergie, télécommunications et logistique demeurent des obstacles au commerce intra-régional et à l’industrialisation. Pour Joseph Tchameni, expert en politiques publiques à Douala, « il ne suffit pas d’avoir des ressources. Il faut des infrastructures robustes et un cadre institutionnel transparent pour que ces ressources se transforment en véritable moteur de développement. L’investissement dans les infrastructures doit devenir une priorité régionale. »
Enfin, la diversification économique apparaît comme une urgence. Trop dépendante des matières premières, l’Afrique centrale reste vulnérable aux fluctuations des marchés mondiaux. Le développement de secteurs à forte valeur ajoutée, tels que l’agro-industrie, les technologies numériques et les services, est indispensable. « La sous-région a toutes les cartes en main, mais il faut une vision partagée et des stratégies concrètes pour passer de la dépendance à la résilience économique », conclut le professeur Ngom.
JRMA
