Elles sont massivement injectées par la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac).
Le 3 juin 2025, la Banque centrale a placé un montant de 420 milliards FCFA dans le circuit bancaire de la Cemac. C’est le plus gros volume de financements proposé aux établissements de crédit de la Cemac par la Banque centrale, depuis la reprise des injections de liquidité dans les banques commerciales en juin 2024. Ce, après plus d’un an de suspension de ces opérations due au durcissement de la politique monétaire décidée par le Comité de politique monétaire (CPM) de l’institut d’émission commun aux six pays de la Cemac. Le CPM arguait de la lutte contre l’inflation d’origine monétaire (20%) au sein de la sous-région. En effet, ces opérations avaient été suspendues pendant plus d’un an, en raison de la politique monétaire d’austérité mise en place par la banque centrale pour freiner l’inflation. Cette nouvelle proposition record intervient après une injection de 320 milliards FCFA le 16 mai 2025 qui s’est soldée par une demande bancaire de 540,9 milliards FCFA.
A l’analyse, la ruée des banques commerciales de la Cemac pour les offres de la Beac traduit la baisse du taux d’intérêt des appels d’offres (TIAO), passé de 5% à 4,5% le 24 mars 2025. Dans le même temps, la banque centrale avait procédé à une réduction de ses principaux taux directeurs pour la première fois depuis fin 2021. Ce, après plusieurs augmentations successives qui visaient le durcissement de l’accès au financement pour les agents économiques. La décision du CPM de baisser ces taux avait pour but « d’encourager le refinancement des banques commerciales en quête de liquidité, et par ricochet le financement des économies de la Cemac ».
Selon plusieurs analystes du secteur bancaire, cet engouement traduit l’insuffisance des ressources propres des banques pour faire face à la hausse des demandes de crédit des entreprises et des ménages. L’accès facilité à la liquidité BEAC leur permet de répondre à cette pression, en espérant que cela se traduise à terme par une baisse effective des taux d’intérêt sur le marché du crédit.
Même si les effets directs sur les taux pratiqués par les banques restent encore difficiles à mesurer, la réactivité des établissements financiers à ces injections de liquidité laisse entrevoir une relance progressive du financement de l’économie. Reste à savoir si cette dynamique pourra être soutenue sur le long terme, dans un contexte économique toujours marqué par l’incertitude.
Jean-René Meva’a Amougou