Home INTÉGRATION RÉGIONALE CEEAC : l’unité dissonante crie au Sommet de Malabo

CEEAC : l’unité dissonante crie au Sommet de Malabo

0
Photo de famille sur fond de tensions

Malgré deux réunions à huis clos organisées en marge du comité ministériel du 4 juin à Malabo pour apaiser les tensions entre Kinshasa et Kigali, aucun compromis n’a été trouvé. Le Rwanda a annoncé samedi 7 juin 2025 son retrait de la CEEAC.

Photo de famille sur fond de tensions

Dans un communiqué officiel publié le même jour, le ministère rwandais des Affaires étrangères dénonce une « dérive » de la CEEAC en faveur de la République démocratique du Congo après que son droit à la présidence rotative « telle que stipulée dans l’article 6 du traité constitutif (adopté le 18 décembre 2019) a été délibérément ignoré », lors du 26ᵉ sommet ordinaire de l’organisation régionale. Samedi 7 juin, la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEEAC a prolongé d’une année supplémentaire le mandat du président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, à la tête de l’organisation, alors que Kigali devait en prendre la présidence. « La Conférence a différé à un autre moment le passage de la présidence en exercice tournante de la communauté à la République du Rwanda et a par conséquent décidé de maintenir Son Excellence Obiang Nguema Mbasogo comme président en exercice de la communauté pour une durée supplémentaire d’une année », a indiqué le communiqué final du sommet.

Ce n’est pas tout. La diplomatie rwandaise évoque aussi son exclusion du sommet de 2023 à Kinshasa, dénonçant un « échec collectif » des autres États membres à faire respecter les règles internes. Par conséquent, le Rwanda dénonce la remise en cause de ses droits constitutionnels au sein de la CEEAC et interpelle sur la perte de crédibilité et d’utilité de l’organisation. Le communiqué du ministère rwandais des Affaires étrangères conclut en affirmant que « le Rwanda ne voit plus de raison valable de rester membre d’une structure dont le fonctionnement s’éloigne de ses principes fondateurs ».

Réagissant au départ du Rwanda de la CEEAC, le porte-parole du Gouvernement congolais, Patrick Muyaya Katembwe, a estimé que la décision est cohérente vis-à-vis des textes qui régissent l’organisation CEEAC. Kinshasa y voit aussi une manœuvre politique pour échapper aux exigences de redevabilité dans la crise sécuritaire qui secoue l’Est congolais. « Se retirer d’un traité ou bloquer un processus dès qu’une exigence de redevabilité est évoquée », constitue une menace directe au multilatéralisme et à la stabilité régionale, selon Kinshasa.

Les coulisses de ce sommet révèlent l’ampleur des tensions. Jeune Afrique rapporte qu’un « commissaire de la CEEAC ayant requis l’anonymat » a confié : « C’était chaud entre le ministre rwandais et celui de la RDC, qui dit que si le Rwanda prend la présidence, eux ne pourront pas se rendre au Rwanda pour les activités ou événements de la communauté. Le Burundi est aussi sur la même voie, ce qui retarde les délibérations des chefs d’État ». Malgré ces tensions, la CEEAC a tenté de sauver les apparences en annonçant des avancées. Lors de cette même session, la Conférence a par ailleurs décidé de lancer la zone de libre-échange de la communauté le 30 août 2025. Le sommet de Malabo devait marquer une relance institutionnelle de la CEEAC, mais le retrait du Rwanda et la dénonciation vigoureuse de la RDC peuvent également sonner comme un réquisitoire implacable contre l’inefficacité chronique de la CEEAC.

Jean-René Meva’a Amougou

NO COMMENTS

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Quitter la version mobile