Gestion des inégalités en période de crise: les zones semi-urbaines et rurales ostracisées
Les mesures d’accompagnement du gouvernement n’ont pas touché les couches vulnérables pendant la Covid-19. Conséquence immédiate de nombreuses disparités entre les personnes en zone urbaines et celles de l’arrière-pays.
Le Camercap-Parc est revenu sur la crise sanitaire du Covid-19 qui a secoué la planète en général et le Cameroun en particulier. De nombreuses mesures ont été prises, notamment le confinement pour éviter la propagation de la maladie. Et il ressort de l’atelier tenu le 30 mai dernier que «toutes les mesures, non seulement elles n’étaient pas connues par la population, mais également, elles n’ont pas été significatives dans leurs effets comme prévu. À partir des résultats, la conclusion est que les mesures du gouvernement n’ont pas été à la hauteur de la gestion du Covid-19», fait savoir Albert Ze. Selon l’universitaire, la majeure partie des appuis du gouvernement était plus en milieu urbain, les véritables cibles qui sont les ménages vulnérables qui vivent en zone semi-urbaine et rurale «n’ont pas beneficié de ces appuis». C’est partant de ce constat que Albert Ze a entretenu le public sur le sujet: «La dynamique des inégalités des revenus à Yaoundé et ses environs. Une analyse basée sur la gestion de la crise Covid-19». Il reconnaît tout de même que le Cameroun est engagé dans la lutte contre les inégalités et la lutte contre la pauvreté. Ceci avec le soutien des institutions internationales et les partenaires au développement. Et de constater que les mesures prises par les différentes parties portent «des résultats mitigés». Il faut souligner que les effets des mesures n’ont pas permis de réduire les disparités. Dans la mesure où «seulement 15% de mesures de riposte étaient connues par les ménages, donc 3 sur 20 mesures étaient connues», fait savoir Albert Ze. En dehors des mesures restrictives de mobilité, le gouvernement a également pris des mesures économiques pour aider les ménages en vue de supporter les effets de la pandémie. Ainsi, ceux des ménages «ayant reçu un appui sont de l’ordre de 76%, et ceux des ménages qui ont reçu l’appui du gouvernement sont de 58%», fait observer l’universitaire. Parmi les appuis, on a les kits de prévention, les seaux, les savons et autres.
En revanche, on a eu des appuis financiers à travers «les programmes de filets sociaux». Le constat alarmant est que c’est en milieu urbain que tous ces appuis ont «été le plus souvent distribués», regrette-t-il. Pour mieux comprendre les effets des mesures, trois axes sont soulevés. Le premier axe qui représente 74% d’informations et qui permet de relever les ménages vulnérables ayant eu un malade de covid-19, et dont les activités ont baissé pendant la période. Ce qui les a «amené à apprécier les mesures de Covid-19», apprend-on. L’axe deux a permis de voir les communes dont les ménages ont connu une baisse de revenus. Elles n’ont pas eu d’appuis financiers. Le dernier axe montre que le chef de famille a perdu son emploi.
Pour conclure de manière générale les mesures de riposte n’ont pas influencé «la dynamique des inégalités». «L’évolution des inégalités n’a pas été affectée par les mesures de soutien aux ménages», se résument les conclusions de l’étude. Une des recommandations qui en découlent est de repenser l’approche des politiques contre les inégalités des revenus et leur mode opératoire; et de mener une étude sur les différents critères de vulnérabilité afin de catégoriser les indigents.
Olivier Mbessité