Fausse monnaie en zone Cemac : Cameroun et RCA sous la menace du Tchad
Des faux billets d’une valeur exprimée en milliards sont en circulation dans ce pays voisin. La Banque centrale et les gouvernements pointés du doigt.
Le Cameroun et la République Centrafricaine (RCA) seraient sous le coup d’une menace économique pernicieuse en provenance du Tchad voisin. L’alerte est tirée d’une publication de TchadOne en date du 10 juin 2023. Le site d’information fait état de l’existence au Tchad d’«un réseau criminel opérant en complicité avec des agents de l’Agence nationale de Sécurité (ANS) et des proches du pouvoir, et qui a orchestré la production et la circulation de milliards de faux billets à travers les provinces». Les enquêteurs de ce média en ligne prouvent, photos à l’appui, que sont concernés «en particulier des billets de 10 000 FCFA». Ils appellent les commerçants au regard de tous les éléments en leur possession, «à une vigilance accrue et à se procurer rapidement des moyens de détection de faux billets». Ce conseil vaut naturellement aussi pour les opérateurs économiques installés dans les zones frontalières du côté du Cameroun et de la RCA.
Face à la quantité de faux billets en circulation et exprimée en terme de milliards, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) et les gouvernements des trois pays sont interpellés. D’autant plus que dans ce cas, «la contrefaçon est plus subtile et difficile à déceler à l’œil nu». Nos confrères pensent néanmoins savoir que «certains signes sont évidents, avec des numéros de série identiques sur des centaines de billets».
Cette nouvelle alerte n’est pas sans rappeler celle lancée il y a quelques mois dans les régions du Nord et du Littoral au Cameroun. Les réseaux de faussaires démantelés avaient réussi à contrefaire des signes monétaires de billets de 5000 FCFA et 10 000 FCFA. La récurrence du phénomène six mois seulement après la mise en circulation de la nouvelle gamme de billets de francs CFA finit par interroger sur la pertinence des options de sécurité privilégiées par la Banque centrale. Des réajustements s’avèrent plus que jamais nécessaires avant le remplacement définitif de l’ancienne gamme en 2024.
Théodore Ayissi Ayissi
