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Extrême-Nord du Cameroun : 42 soldats britanniques en «errance»

Depuis un an, ils font les frais d’un incompréhensible blocage entre l’état-major traditionnel et le Bataillon d’intervention rapide (BIR).

Soldats britanniques “en errance” au Cameroun

Tout militaire sait que bien connaître son ennemi reste primordial avant tout engagement. Rapporté à la coopération anti-terroriste entre le Cameroun et le Royaume-Uni, on peut imaginer la difficulté qu’éprouvent 42 soldats anglais en faction dans la partie septentrionale du Cameroun depuis les premiers mois de 2022. A en croire Afrique Intelligence (AI), ces soldats britanniques n’arrivent pas à identifier clairement leur interlocuteur sur le théâtre des opérations. Dans la version électronique publiée le 7 février 2024, AI précise que les militaires anglais «sont confrontés depuis plusieurs mois à des problèmes de visa». «Malgré les demandes répétées de Londres, ces derniers n’ont toujours pas obtenu leurs visas diplomatiques, contrairement à l’engagement initial de Yaoundé». Evitant d’évaluer les inégalités de puissance entre les forces camerounaises, AI préfère parler d’une histoire complexe qui se déroule «sur fond de discorde entre le Bataillon d’intervention rapide et l’état-major des armées». Et le journal confidentiel français de poursuivre: «ce blocage incompréhensible cache en réalité une guerre d’influence sourde entre l’état-major traditionnel et le BIR, force montante aux méthodes expéditives. Jaloux du statut privilégié des instructeurs étrangers, l’état-major traînerait donc des pieds pour régulariser leur situation, au grand dam du Bataillon d’intervention rapide».

Depuis quelques jours, apprend-on, la situation a pris une signification nouvelle. Selon une source diplomatique, le haut commandement britannique s’impatiente sous le double coup de boutoir des rivalités sourdes et de l’inertie. «Cette fébrilité de l’état-major à entériner le statut des 42 conseillers britanniques est très mal vécue. D’autant que ces derniers dispensent une formation de pointe aux troupes du BIR, vivement appréciée par la hiérarchie», renseigne AI. Soulignant les conséquences dévastatrices de la situation, le même média craint d’importantes controverses entre la partie camerounaise et l’armée britannique. Ce qui pourrait, à terme, ouvrir la voie au départ des 42 soldats.

Arrangement?
A en croire nos sources au ministère de la défense, le règlement de cette «affaire» recouvre plusieurs dimensions. Tantôt, l’on envisage faire s’asseoir à la même table toutes les parties afin qu’elles dialoguent et surmontent leurs divisions passées; tantôt à une «dissolution d’identités conflictuelles»; tantôt à une «coexistence entre parties»; tantôt à la «reconstruction d’une communauté autour du respect des droits de chacun».

En rappel, la Grande-Bretagne a mené six opérations secrètes de lutte contre le terrorisme au Cameroun depuis 2021, signale Declassified UK. Dans sa livraison du 26 janvier 2022, le magazine d’informations militaires précisent que lesdites opérations (relatives à la formation et au renforcement des capacités des troupes luttant contre les groupes Boko Haram et État islamique dans la région de l’Extrême-Nord) portent des noms de code comme Cylix, Bacchus et Abbadide. «La Grande-Bretagne construit des villages d’entraînement à Salak pour les unités d’élite camerounaises», selon des documents obtenus par Declassified Show. «En plus de soutenir les services de renseignement camerounais, la Grande-Bretagne travaille avec les forces spéciales. «Le principal objectif du renforcement des capacités du Royaume-Uni au Cameroun» est le BIR, selon les documents.

Jean-René Meva’a Amougou

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